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DREAM POP  |  E.P

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- Style : Love Spirals Downwards
- Style + Membre : Robin Guthrie & Harold Budd

COCTEAU TWINS - Aikea-guinea (1985)
Par AIGLE BLANC le 10 Novembre 2015          Consultée 2215 fois

Entre Treasure (1984) et Victorialand (1986), l'année 1985 n'enregistre aucun nouvel album de COCTEAU TWINS. N'allez pas croire cependant que ce fut une année sabbatique pour le groupe écossais. Pas moins de trois E.P ont vu le jour durant cette période de transition : Tiny Dynamine et son binôme Echoes In a Shallow Bay sortis tous deux en octobre. Et cet Aikea-Guinea paru un peu plus tôt en mars. En tout, 12 titres, soit l'équivalent en durée d'un album généreux puisque dépassant les 40 minutes.

Comme tout ce que le groupe a produit entre 1984 et 1986, Aikea-Guinea s'inscrit indubitablement dans ce que la bande à Guthrie a composé de meilleur. Leur inspiration 'miraculeuse' a accouché encore une fois d'un E.P marquant qui n'a rien à envier à son prédécesseur, le magnifique The Spangle Maker, et dont les titres, plus variés que d'ordinaire, déploient un univers onirique coloré de mille délicatesses et orné d'un ramage à nul autre pareil.

Le titre éponyme qui ouvre le bal rejoint les plus belles réussites de COCTEAU -souvenez-vous des merveilles de pop qu'étaient en leur temps les "Sugar Hiccup", "The Spangle Maker" et autres "Pearly Drewdrops' Drops", autant de ritournelles délicieuses à la beauté intemporelle. Robin Guthrie et ses acolytes semblaient alors capables de pondre de tels chefs-d'oeuvre avec une aisance déconcertante. Le titre "Aikea-Guinea" concentre ce qui fait le suc de ses créateurs : les minauderies fondantes de Liz Fraser au chant, la dentelle ciselée de la guitare carillonnante de Robin Guthrie et la frappe obsédante de Simon Raymonde à la batterie. La fusion des trois musiciens est telle qu'aucun des instruments ne se met en avant et pourtant chacun d'eux brille de malice et de séduction. La mélodie imparable couplée à l'étourdissante densité de la composition donne envie de danser et de sourire. Les COCTEAU ne sont jamais aussi bons qu'avec ces chansons ultra-positives.

La guitare de "Kookaburra", qui change légèrement la donne, s'y montre davantage orientée vers la noisy pop. Pour le reste, la batterie et le chant restent au diapason du titre précédent : Liz aligne les trilles affriolants dans une recherche jusqu'au-boutiste du raffinement rococo, dans la filiation du Bel Canto cher aux Castrats du XVIIème siècle, style vocal que la chanteuse maîtrise à un degré de perfection ahurissant. Simon Raymonde martèle avec sa batterie un rythme toujours aussi épidermique qui confère aux chansons du groupe une dynamique saisissante.

"Quisquose" met la guitare en sourdine au profit d'un piano dont les accords bondissants constituent la vraie originalité. Une production habitée anime ce titre climatique où Liz aboie comme une chienne lors de l'introduction tandis que sur le refrain sa voix de soprano reprend le dessus avec un sens du lyrisme marqué. Quel étrange mixage ! Je ne vois guère que COCTEAU TWINS pour oser se lancer, mais avec quel bonheur !, dans ce genre d'hybridation incongrue que leur talent insolent transcende jusqu'à transformer leur audace en bulles nacrées confondantes de beauté.

Le E.P se clôt sur "Rococo", le titre le plus étonnant du lot, non qu'il soit d'une originalité folle, mais rien auparavant ne laissait présager une composition semblable. Tout d'abord, il s'agit d'un instrumental, format très rare dans la discographie d'un groupe reconnu pour la singularité et la virtuosité de l'organe de sa chanteuse. Exit donc Elizabeth et mise en avant toute d'une basse sournoise en introduction, très vite évincée par une guitare sursaturée dont la violence des déflagrations sonores n'est pas sans évoquer celle du Metal. Oui, chers lecteurs, vous avez bien lu. Robin Guthrie se jette tout de go dans un riff ultra agressif dont on ne trouvera plus trace dans la suite de sa carrière, que ce soit au sein de sa formation la plus célèbre comme dans ses albums solo. Le plus paradoxal dans cette composition, c'est qu'elle reste malgré tout ancrée dans l'esthétique et l'esprit COCTEAU. Il n'est pas certain que les metalleux de tout poil la goûtent à ce point, la faute peut-être à l'absence de chant guttural et à une production qui maintient contre vents et marées un équilibre des balances inscrivant ce titre dans une esthétique raffinée. C'est puissant, couillu... mais cela reste du COCTEAU. Comment est-ce possible? Une vraie prouesse.

Vraiment, quel splendide E.P !

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   AIGLE BLANC

 
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- Elisabeth Fraser (chant)
- Robin Guthrie (guitare)
- Simon Raymonde (batterie, piano)


1. Aikea-guinea
2. Kookaburra
3. Quisquose
4. Rococo



             



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