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2023 Pause

EHLA - Pause (2023)
Par MARCO STIVELL le 10 Août 2023          Consultée 759 fois

Léa Luciani dite EHLA est la grande sœur de Clara LUCIANI, née comme elle et quatre ans plus tôt à (ou, comme on disait jadis, aux) Martigues dans les Bouches-du-Rhône (13), pas loin de Marseille, sous l'étang de Berre pile entre les extrêmes (usines et garrigue), petite Venise provençale concurrente de l'Isle-sur-la-Sorgue (84), porte de la Crau ainsi que de la superbe Côte Bleue. Restée plus ou moins secrète tout en se distinguant, elle a autant que possible mis en valeur ses influences plus 'black-music' américaine y compris au sein de The MESS, groupe pop/r'n'b vocal au féminin avec lequel elle gagne l'ultime édition du télé-crochet Popstars en 2013. Sa soeur cadette lui dédie une chanson ajoutée à l'édition deluxe de son propre premier album Sainte-Victoire en 2018 et la fait apparaître dans son clip. En pleine période Covid, miss Léa marque tout autrement les esprits et y compris hors de France, grâce à sa chanson "Pas d'ici" publiée sur son premier EP, diffusée durant un épisode de la série Emily in Paris - saison 2 sur Netflix, qui lui vaut un succès monstre.

On s'en doute, tout cela ne pouvait suffire à celle qui a fêté ses 35 ans cette année, aimant le jazz comme la funk, tenant autant de chanteuses telles Ella FITZGERALD (dont le pseudonyme de Léa est un emprunt) que AALIYAH, moins prestigieuse et néanmoins fort regrettée dans son style. C'est de cette dernière qu'EHLA s'inspire particulièrement pour la création d'un premier vrai album pour le moins tardif, sans même comparer à Clara. Pause est un drôle de titre choisi par une artiste qui semble venir juste de s'y mettre, pour qui ne la connait guère ! De plus, l'album de onze titres ressemble même en réalité plutôt à un gros EP compte tenu de sa durée, n'atteignant pas les 35 minutes ! Cependant EHLA redevenue brune au bout de trois ans nous fait une jolie fleur en ne proposant aucun doublon avec le premier EP. Cet opus, elle l'a écrit seule pour bonne partie, avec les aides de ses co-compositeurs et réalisateurs, Ilan Rabaté de THERAPIE TAXI, Augustin Charnet (CHRISTOPHE, CALI) etc ou encore ses deux invités : HEDGES et Elisa Brolli dite BRÖ, artiste similaire à EHLA.

Courte durée certes, mais bien remplie au point de donner l'impression de durer plus, au sens positif du terme ! Ce joli cocktail new/nu-soul (genre mieux connu sous le nom bâtard "r'n'b" tenant plus du rhythm'n'blues à une époque où le rap n'existait pas), funk et électro qu'est Pause révèle une artiste qui a bien pris son temps pour livrer quelque chose d'abouti, loin des projecteurs qu'on a parfois braqué sur elle subitement et brièvement. Il tient à inscrire EHLA parmi les jolies découvertes nouvelles de la chanson, avec plus de profondeur que sur la pop rétro de "Pas d'ici" confondante avec l'univers de sa sœur, où elle opposait la grisaille parisienne avec la nostalgie provençale ; avec aussi de meilleures ambiances, plus cosmiques et étonnantes. On parlait d'AALIYAH à qui l'ensemble forme un hommage made in France plus ou moins visible, car cela pourrait s'élargir aux années 90 mais dans un enrobage moderne.

Le son chaleureux de type vinyle nous convainc dès les premières secondes d'une réalisation soignée, bon point que même l'Auto-tune posé avec trop d'évidence ("so" 2010 et 2020 pour le coup) sur certains phrases ne parvient pas à altérer, d'autant plus qu'il n'est pas légion après. "Magique" est à la fois groovy et dreamy, joliment taillé dans une synth-pop rose pas trop pailletée. On reconnaît direct ou presque la finesse vocale placée sous le sceau du clan Luciani, et ce refrain en syncope créant décalage, mmh, un délice ! Après le rêve étoilé, place à l'envie de liberté dans un registre plus terrestre, affranchie des problèmes. "1000 Ans" et "L'autorisation" sont remarquables d'efficacité pour le premier surtout, avec ses chœurs mignons fredonnant en arrière des refrains, et pour le deuxième, un beau caractère acid-jazz bien masqué par une intro r'n'b !

Dans l'intimité, "Mortel", slow dreamy et parmi les meilleurs textes, nous fait profiter du falsetto d'EHLA. Plus loin, "Le dessert en premier" fait mouche au contraire grâce à sa funk détendue et sa guitare brillamment appuyée. Le final en ballade-hymne de "Faux problèmes", emplie d'épanouissement personnel qui tirerait vite sur la corde autrement, est un choix judicieux en termes d'identité et de roue libre menée avec fluidité (re-miam pour le piano discret !). Notons encore parmi les joyeusetés éclatantes ce superbe "Comme Sophia". Un clin d'œil à l'actrice-icône Sophia Loren dont on entend quelques mots prononcés en intro, titre tribal et incantatoire rendu encore plus chaleureux par ses volontés toutes féminines dans un registre d'admiration ! Comme le dit EHLA : "Après tout, j'suis Italienne, sous la glace j'ai plus chaud que froid".

Le reste est à l'avenant mais davantage dans une décision archaïque (mot à la mode) de rapprochement (ou non) de la belle solitaire avec les hommes. "J'veux pas un artiste" sous-entendu "j'ai déjà donné aux cœurs meurtris", duo avec miss BRÖ, contient une bonne basse et un bon feeling même s'il s'agit peut-être du moins bon titre de l'ensemble, c'est dire le niveau. L'autre featuring, "Sur la rive", avec monsieur HEDGES, est plus dans la rupture sauvage mêlée de chaleur sensuelle et synthétique tirant sur la west-coast. "L'angle mort", toutefois, quitte l'indépendance auto-proclamée pour dépeindre une EHLA retombée amoureuse sur fond de sons électro enlevés, avec là encore, malgré un chant monocorde, une "vibe" pensée avec brio. "Pluie d'amour", enfin, dépeint en imagination l'homme qui la réparera. Le diamant noir de Pause sans doute, bien caché en son cœur, en falsetto adorable et de nouveau, mieux que jamais, en apesanteur, avec piano mais sans CALOGERO. Une artiste à écouter et à ne pas oublier, même si elle nous le demandait !

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   MARCO STIVELL

 
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1. Magique
2. L'autorisation
3. 1000 Ans
4. L'angle Mort
5. Mortel
6. Pluie D'amour
7. J'veux Pas Un Artiste
8. Le Dessert En Premier
9. Comme Sophia
10. Sur La Rive
11. Faux Problèmes



             



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