AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

La Ragazza Di Via Condotti peut être traduit par La fille de la rue Condotti mais ce film italien de 1973 du réalisateur Germán Lorente est sorti en France sous le titre Meurtres à Rome. La Ragazza Di Via Condotti est typiquement le genre de film qui n'a d'intérêt - relatif - que pour son acteur principal (Frederick Stafford) et ... les scènes érotiques avec ses femmes dénudées. On note également un rôle mineur de Michel Constantin en tant que policier.

Dans cette histoire assez sordide, un privé italien, Sandro Mattei (Frederick Stafford, qui a tourné dans deux OSS 117 et surtout L'Etau de Alfred Hitchcock), retrouve sa femme française, Simone, nymphomane et alcoolique, assassinée dans son lit, étranglée par son dernier amant. Sur la scène du meurtre, il retrouve une photo qui lui permet de débuter l'enquête aux côtés de Tiffany (Claude Jade, avec laquelle il avait déjà tourné dans l'Etau), une jeune photojournaliste américaine qui reconnaît dans la mystérieuse dame de la photo la propriétaire d’une élégante boutique de la rue Condotti de Rome, une certaine Laura Damiani, interprétée par Femi Benussi, actrice habituée des séries B italiennes (Deodato, Bava, Lenzi ... mais on relève aussi un film du réalisateur Pier Paolo Pasolini quand même).

C'est le compositeur et musicien de jazz, diplômé (piano) du conservatoire de Rome, et qui a passé quelques années au Brésil avant de revenir en Italie, Enrico SIMONETTI, qui est en charge de la B.O. SIMONETTI, le nom vous dit peut-être quelque chose ? Oui, il y a bien un lien entre Enrico SIMONETTI et Claudio SIMONETTI puisque ce dernier, claviériste du célèbre groupe italien GOBLIN, n'est rien qu'autre que le fils du premier. Mais SIMONETTI père n'est pas un inconnu puisqu'il a - notamment - travaillé sur plus de 50 films et programmes pour la télévision italienne. Il est toutefois évident que la notoriété du fils a dépassé celle du père.

Si le film, entre giallo et poliziottesco, présente peu d'intérêt, en revanche la musique est de celles qui méritent qu'on s'y attarde et au final peu importe qu'on ait vu ou pas * ce film plutôt insipide. La B.O s'ouvre sur une chanson, "Una Ragazza Come Tante" (trad : 'une fille ordinaire'), interprétée par le chanteur Augusto Daolio du groupe I NOMADI. On reconnaît là immédiatement la marque de fabrique de la musique de variété radiophonique italienne, expressive, colorée et sucrée, ici soutenue par un orchestre de type Big Band riche en cuivres. Le thème du film possède une mélodie forte, bien fichue, agréable, Daolio en dévoilant sa richesse en même temps que son expressivité augmente. Cette chanson est reprise plusieurs fois par la suite, selon des arrangements différents, comme cela se faisait souvent dans les musiques de films, qui reposaient sur une matière limitée ensuite réarrangée en autant de versions différentes pour en augmenter quelque peu la durée. Dans le cas présent, toutes les versions présentent leur intérêt, ce qui est à souligner.

SIMONETTI propose un jazz très mélodique, coloré, bien ancré dans la tradition italienne du jazz, avec une prédilection pour le groove issu du Funk ; car oui, si la B.O touche un peu à tout (bande-son aux accents inquiétants, ambient jazz touchant parfois à la musique progressive, smooth jazz, jazz façon Nouvelle Orléans, jazz aux couleurs brésiliennes, passages de piano solo...) cette musique a un bon pied dans le Funk qui est principalement conduit par la guitare, par exemple "La Ragazza di Via Condotti (Agguato nella note)", "La Ragazza di Via Condotti (Occhi criminali)" ou "La Ragazza di Via Condotti (Inseguimento)" aux accents groovy psychédéliques bien sentis.

Editée par Quartet Records sur support CD en 2015, et limitée à 500 exemplaires, cette B.O commence à devenir dure à trouver à prix abordable car généralement disponible seulement en import. L'édition limitée se justifie probablement par le caractère confidentiel de ce type d'œuvre, la musique de SIMONETTI n'ayant pas eu la chance d'accompagner un film ayant connu le succès. Peu connue donc, essentiellement des passionnés de cinéma italien, notamment celui des poliziottesci, La Ragazza Di Via Condotti est pourtant une B.O attachante, haute en couleurs, qui peut parfaitement s'écouter sans avoir vu le film et qui nous replonge avec bonheur dans les atmosphères de ce cinéma policier italien des années 70. A ranger, pourquoi pas, à côté de la B.O de L'éventreur de New York de Francesco De MASI.

Note : 3.5/5

* A ce jour, il peut être vu en V.O sur Youtube.