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1995 Concerto Pour Une Voix

SAINT-PREUX - Concerto Pour Une Voix (1995)
Par AIGLE BLANC le 10 Novembre 2023          Consultée 430 fois

A Forces Parallèles, pour vous guider dans votre voyage musical, nous classons, par souci de clarté et de rigueur, les albums et artistes par Genres, démarche sujette à débats, mais a priori aucune fausse échelle de valeur ne nous oblige à mettre de côté un type de musique sous le prétexte qu'il n'a pas l'assentiment d'une caste auto-proclamée chantre du bon goût. Ce n'est pas à nous de vous dire ce que vous devez écouter, notre seule ambition consistant à rendre compte de toutes les musiques existantes. Pour parvenir à pareille exhaustivité, nous avons besoin de la connaissance voire de l'expertise de nos chroniqueurs, chacun honorant les genres qui lui sont les plus familiers. C'est ainsi que la musique dite 'classique' reste encore le 'parent pauvre' de notre site qui attend toujours des chroniqueurs 'spécialisés' dans ce domaine.
Parmi les artistes, certains peuvent s'avérer 'des passeurs' pour ceux et celles désireux d'être initiés à la musique classique. S'ils n'en produisent pas effectivement, ils comblent souvent le lien nécessaire entre les sphères 'classique' et 'variété populaire'. Ils peuvent ainsi sensibiliser les oreilles aux sonorités des instruments de base de la musique classique comme le violon, le piano, la flûte... Cependant, laissons de côté les artistes d'obédience électronique comme Wendy CARLOS et TOMITA qui se servent des oeuvres classiques pour légitimer les premiers instruments électroniques (le Moog synthétiseur par exemple) et intéressons-nous plutôt à ceux dont la sensibilité 'classique' guide leur musique, même dans le cadre d'une vulgarisation, afin d'initier un auditeur potentiel n'osant pas franchir directement le pas vers les maîtres que sont BACH, BEETHOVEN, DEBUSSY ou CHOPIN etc.
Force est d'admettre que les disques du pianiste Richard CLAYDERMAN et ceux d'André RIEU ne sauraient éduquer durablement les oreilles des curieux espérant autre chose que des compositions passe-partout, conventionnelles et d'une mièvrerie souvent assommante.
Alors, un bon compromis existe en la personne du pianiste-compositeur-arrangeur SAINT-PREUX que vous avez moins de chance de connaître si vous êtes né(e) après 1977. Cet artiste atypique de la France giscardienne, aujourd'hui noyé dans les limbes de l'oubli, constitue un pied-de-nez 'radical' à la Variété qui sévissait au cours des années 70. En effet, au début de cette décennie, son "Concerto pour une voix" rencontre un immense succès public que les radios s'empressent de diffuser. Comment expliquer pareil engouement ainsi que celui du "Piano sous la mer", son second 'tube' de 1972, aussi anachronique que le précédent ? La réponse pourrait être, pour parodier un vieil adage, que l'art populaire a sa raison que la raison ignore. Essayons de comprendre le phénomène SAINT-PREUX.

Né le 1er août 1948 dans le 11ème arrondissement parisien, d'une mère musicienne qui l'encourage dans cette voie, SAINT-PREUX (de son vrai patronyme Christian Langlade) participe en 1969 au concours polonais de Sopot (plus ou moins l'équivalent de l'Eurovision) où il expose sa première composition "La valse de l'enfance" à la direction d'un orchestre symphonique.
Sa carrière, qui explose en France en 1970 et 1972 grâce aux deux 'tubes' déjà cités, est confirmée par la suite par son importante discographie comprenant une bonne quinzaine d'albums et non moins de compilations, jusqu'à l'orée de l'an 2000, période à partir de laquelle sa production s'arrête semble-t-il presque totalement.
Son succès bat son plein durant les années 70 et, dans une moindre mesure encore, lors de la décennie suivante, au cours de laquelle l'UNICEF lui commande en 1986 une symphonie en l'honneur des droits de l'homme et de l'enfant qu'il compose sous le titre "Les cris de la liberté".
Il ressort de son parcours musical et de sa carrière que SAINT-PREUX est un artiste éminemment consensuel. Humaniste, le pianiste cultive une certaine mélancolie qui imprègne ses oeuvres d'un romantisme 'gentillet' expliquant sans doute leur bonne réception populaire. Ses compositions n'ont aucune peine à séduire instantanément tant elles s'appuient sur une mélodie aisément mémorisable, du moins ne déviant pas trop du programme annoncé, évitant ainsi toute surprise voire incompréhension de son auditoire.

En vue de vous offrir le panorama musical le plus représentatif de SAINT-PREUX, cette chronique opte pour une compilation parue en 1995 et qui, bien que constituant une porte d'entrée intéressante à l'univers du compositeur français, n'en comporte pas moins quelques aberrations parmi lesquelles un intitulé pouvant semer la confusion avec le premier album de 1970, le bien nommé Concerto, qui contient justement en ouverture le tube inaugural "Concerto pour une voix". Et comme si cela ne suffisait pas, ladite compilation reprend, même si dans un ordre différent, l'intégralité du programme d'une ancienne compilation datée de 1984 et répondant déjà au doux titre Concerto pour une voix. Comme il ne s'agit pas pour autant d'une réédition, le programme lui adjoint 7 titres supplémentaires.
L'autre bizarrerie réside dans le nombre d'albums parcourus pour nourrir ladite compilation. Alors que, entre 1970 et 1995, SAINT-PREUX a sorti pas moins de 16 albums, belle et riche matière propice à l'élaboration d'une compilation exhaustive, les concepteurs de Concerto pour une voix se sont bornés à 5 albums pour élaborer leur programme ? Seulement 3 albums sur 9 couvrent les années 70, contre à peine 2 albums sur 6 concernant les années 80.
Le tube "Concerto pour une voix" est placé logiquement en ouverture et il est évident que la composition a conservé tout son charme champêtre. Une éventuelle comparaison, non de style mais d'humeur, est possible entre ce titre et le fameux "Moonlight Shadow" de Mike OLDFIELD, lui-même passé à la postérité grâce à la voix délicieuse de Maggie Reilly. En faisant appel à la soprano Danielle Licari, SAINT-PREUX a fait le choix idéal. Elle est, et restera à jamais, la voix de ce Concerto éponyme, par sa grâce lumineuse intemporelle. Son chant fait de simples la la la confère une humeur doucement médiévale à la jolie mélodie troussée par le compositeur. Hélas, la compilation qui, rappelons-le, est parue en 1995, a opté pour une interprétation alternative du "Concerto pour une voix", non plus chanté par Danielle Licari mais par Laurence Janot dont l'organe vocal, beau et compétent à n'en point douter, n'approche jamais la délicatesse ni la grâce de sa prédécesseuse, le charme de ce titre iconique s'en trouvant dès lors légèrement amoindri. Danielle Licari reste tout de même présente dans ce programme puisqu'elle interprète fort joliement le "Concerto pour elle" qui reprend la même recette, à savoir un piano rythmique, des cordes harmoniques et, bien sûr, les glossolalies délicieuses de la soprano, une façon de prolonger le plaisir du "Concerto pour une voix". Quant à la "Symphonie rêvée", troisième et dernière piste chantée, qui clôture la compilation, elle offre un écrin soyeux au chant plutôt alto de Christine Lariche. Ce titre émotionnellement plus profond et plus grave souffre toutefois d'une interprétation, surtout celle des cordes, un brin sirupeuse.
Le reste du programme est essentiellement instrumental. La compilation suivant à peu près l'ordre chronologique des albums permet de mesurer l'évolution du compositeur et de prendre conscience également des progrès qu'il a accomplis dans ce domaine. En effet, les titres extraits de Concerto (1970), soit les plus anciens, montrent encore SAINT-PREUX très appliqué, peut-être même un peu trop, et extrêmement minutieux dans ses arrangements de cordes, de façon à ce que ses pièces musicales soient les plus harmonieuses possible. Si le talent est déjà là, "Concerto pour piano", "Prélude pour piano", "Divertissement" et "Impromptu" souffrent d'un manque de spontanéité, leur grâce souhaitée s'en trouvant atténuée. Le compositeur ne parvenant pas encore à se défaire d'un soin excessif pour sonner juste et agréablement, ses premières oeuvres caressent la joliesse plutôt que la beauté proprement dite. L'émotion, quelque peu forcée, n'est pas vraiment à l'appel.
Les titres de Samara (1976), "L'archipel du souvenir", où pointe l'ombre d'ALBINONI, et "Le souvenir de Samara", dont les choeurs impriment une texture vaporeuse intéressante, explorent peu ou prou la même veine 'classique accessible mais de bonne tenue', révélant cependant une maîtrise accrue des arrangements et des compositions plus solides.
Quant aux deux extraits d' Expression (1978), "Expression I " et "Expression II ", ils épousent une démarche différente, bien plus originale, par leurs accents minimalistes assez convaincants. SAINT-PREUX introduit avec talent des claviers électroniques dans ses textures sonores qui peuvent évoquer certaines ambiances de Jean-Michel JARRE (période Oxygene/Equinoxe) mais dans un esprit également proche d'Ennio MORRICONE.
"Variation étrange" (1980) développe de même un climat séduisant grâce à ses notes de clavecin qui, avec l'ample mouvement des cordes, confèrent à la composition une profondeur à laquelle SAINT-PREUX ne nous a pas souvent habitués. La fin du titre se prolonge par le biais des claviers électroniques d'une façon très naturelle, témoin d'une finesse d'écriture remarquable.
Odyssée (1986), qui fournit à lui seul pas moins de 6 titres, confirme la maturité d'un compositeur sûr de ses traits et qui, parvenant à transcender son âme romantique, livre le merveilleux "Vision d'enfance", dont la flûte si gracile délivre de bien doux frissons, et le puissamment lyrique "Symphonie rêvée" où chant féminin et cordes fusionnent avec une grande intensité, tandis qu'à travers le suave et intériorisé "Les violons de la mer", s'esquisse l'influence inédite de Gabriel FAURE. Un bien beau patrimoine.

Si cette compilation s'avère des plus lacunaires, elle propose néanmoins un programme intéressant, témoignant du talent progressif de SAINT-PREUX. Elle s'écoute aussi confortablement que s'il s'agissait d'un album officiel.

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   AIGLE BLANC

 
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- Saint-preux (piano, compositions)
- Iain Sutherland (chef-d'orchestre)
- The London Symphonic World (orchestre)
- Laurence Janot (chant -titre 1)
- Danielle Licari (chant - titre 9)
- Christine Lariche (chant - titre 17)


1. Concerto Pour Une Voix
2. Concerto Pour Piano
3. Divertissement
4. L'archipel Du Souvenir
5. Prélude Pour Piano
6. Impromptu
7. Le Souvenir De Samara
8. Variation étrange
9. Concerto Pour Elle
10. Expression I
11. Expression Ii
12. Les Violons De La Mer
13. Rhapsodie
14. Le Chant Des Vagues
15. Vision D'enfance
16. L'île Heureuse
17. Symphonie Rêvée



             



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