Pour débuter ces quelques lignes, je vais être doublement honnête avec vous. Dans ma sphère musicale de prédilection, je ne connais aucun groupe originaire de Pologne et la dark wave qui plus est dans cette grande famille sombre n'est pas nécessairement mon genre préféré. Alors, pourquoi me suis-je laissé tenter par le deuxième album de STRIDULUM ? D'abord parce qu'il sort sur le label parisien Manic Depression, ceci étant déjà très souvent un gage de qualité, et qu'ensuite la chanteuse-autrice n'est autre que Marita Volodina. Qui donc? Marita Volodina, je vous dis. Pour qui est habitué au monde de la mode sombre, alternative et élégante, la Polonaise par sa superbe beauté froide y possède une aura esthétique non négligeable. Ma curiosité naturelle pour ce courant que j'aime tant a fait en 'toute modestie' le reste.

Si j'ai souvent été réticent à ces sonorités, c'est que j'y ai toujours trouvé une certaine forme de monotonie. La qualité à l'image par exemple des Françaises de MINUIT MACHINE ou des Berlinois de SIXTH JUNE est bien présente, mais les couleurs exposées m'ont paru un peu trop uniformes pour susciter autre chose qu'un intérêt poli. Affaire de goût et de sensibilité sans aucun doute. Lorsque Paradigm s'est arrêté, l'agréable sensation d'avoir entendu un album ouvert et éloigné de toute redondance était réelle. Ceci est d'autant plus notable qu'avec ces dix titres, les Polonais sont plutôt du genre gourmands et que l'ennui aurait pu facilement poindre le bout de son nez. Ce n'est heureusement pas le cas car les atouts majeurs qu'ils ont en main ont assurément fait la différence.

STRIDULUM possède à l'évidence en la personne d'Arkadiy Berg un compositeur capable de développer des titres à la fois directs et mélodiquement travaillés. La froideur inhérente au genre n'enlève en rien l'émotion permanente qui s'en dégage. A ce titre, l'introductif "Wasteland" pose les bases de ce qu'est Paradigm. Une musique synthétique, puissante et enivrante que la voix de Marita Volodina vient envelopper par ses différentes lignes de chant d'excellente facture. L'auditeur sera reconnaissant aux Haut-Silésiens d'alterner petites bombes taillées pour le dance floor et espaces sonores plus introspectifs. Là où CLAN OF XYMOX nous propose une insipide dark wave depuis des lustres, le duo, lui, sans artifice, délivre les efficaces "Flesh" et "Debris" qui, par leur rythme métronomique, leur froide sensualité (pour le premier) ont certainement de quoi contenter les moins statiques d'entre vous.

La pulsation en accéléré n'est certainement pas tout. STRIDULUM a l'intelligence de lever le pied, et des titres comme "Eterna" et "Flame" démontrent le potentiel du projet en la matière. Ici, la voix de la Polonaise prend tout son sens et réussit à créer un large éventail émotionnel. Des chœurs de harpie qui viennent survoler le premier titre aux tonalités plus gothiques mariées à celles de Peer LEBRECHT, le leader du groupe allemand GOLDEN APES sur le second, Marita Volodina est à l'aise dans ces registres. Ce qui est vraiment agréable avec Paradigm, c'est que sous son apparence un peu rêche, le duo à l'idée pertinente de l'irriguer d'une certaine forme de mélancolie. Le très beau "Astray" avec le Français DISTANCE H à la guitare ou l'excellent "Sorrow" so 80's se caractérisent ainsi par cette douceur qui se love discrètement dans ces aspérités les plus métalliques.

Je ne sais pas s'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, mais Paradigm peut assurément vous faire voir la dark wave sous un autre jour. Les Polonais par leur qualité mélodique et vocale apportent à un genre qui peine à se renouveler une très belle bouffée d'oxygène. Merci à eux !