Lostprophets est un groupe controversé. D'un côté ceux qui ne voient en eux que des moutons opportunistes, de l'autre ceux qui s'extasient devant la beauté du chant de Ian Watkins, la fluidité des mélodies et la qualité de l'ensemble des chansons. Il faut donc essayer d'analyser objectivement ce troisième album de Lostprophets. Nous avons déjà eu The Fake Sound of Progress, album très Neo-Metal assez étonnant, on y trouve des sonorités étranges et un champ original. Start Something, le second album, plus accessible, permet au groupe de s'ouvrir au monde, par la beauté du chant, la dynamique des chansons et les ambiances unique de cet album. Start Something reste tout de même un peu dans le Neo-Metal par certains morceaux bien particuliers. Arrive Liberation Transmission, rupture. En effet, l'album ne sonne plus Neo mais bel et bien Rock, ce qui confère une dimension encore plus accessible au groupe.

Liberation Transmission s'ouvre avec "Everyday Combat", morceau doté d'une intro explosive, suivie immédiatement d'un couplet bien dynamique et d'un refrain agréable ; cette chanson donne la pêche ; les lascars se sont de toute évidence appliqués pour leur troisième album. Fidèles à leurs habitudes, le groupe fait terminer le morceau par une outro sans aucune utilité ; on avait noté dans Start Something la présence d'un grand nombre de ces outros, qui clôturaient certains titres de façon parfaitement exécrable.
On enchaîne avec "A Town Called Hypocrisy", morceau qui en étonnera plus d'un ; eh oui, Lostprophets a bien changé de cap, et nous présente un couplet agréable et planant, suivi tout de même par un refrain imposant et bien rock. Le Neo-Metal est ici laissé de côté.
Arrivera plus tard "Rooftops", le single très controversé également. On commence doucement, avec un couplet lent, doux, et contenant une certaine émotion, puis la batterie nous annonce que le refrain arrive, et ça décolle bien, idem pour le pont, dont l'intensité monte en crescendo et finit par des "Scream your heart out !" criés, mais jouissifs. À part le coté répétitif des paroles, c'est vraiment un bon choix de single.
Le single dépotant est suivi de "Can't Stop Gotta Date With Hate", et de "Can't Catch Tomorrow", de grandes chansons de Lostprophets, véritablement des coups de coeur. Ian fait jouer sa voix des couplets fluides et superbes et des refrains rock et intenses, ce sont de purs moments de plaisir.
Des morceaux plus tendus musicalement parlant nous seront présentés, comme "Everybody's Screaming", morceau qui se détache complètement du lot, osé mais finalement bien réussi, ce titre est marqué par sa rapidité et son intensité, et "For All These Times" avec une intro prenante, un couplet dynamique et un refrain intense et puissant, une fois de plus. Encore un très bon morceau où l’on retrouve quelque chose qui se faisait rare, les passages hurlés qui rappellent les origines musicales du groupe.

En alternance avec ces titres énergiques, Liberation Transmission possède son lot de chanson plus douces, et ô combien bénéfiques pour nos oreilles : voici "Broken Hearts, Torn Up Letters and the Story of a Lonely Girl". Sous son titre gonflant, cette chanson suit bien la veine de l'album, elle se révèle très agréable, d'une grande fluidité. Ce type de titre est propre au groupe, ces sonorités si agréables, ces rythmes enjoueurs...
C’est le même principe pour un autre single de l'album, "4AM Forever" qui suit. Ce titre est construit en crescendo, on commence avec des couplets doux et plaisants à l'oreille, puis on dérive vers une partie plus intense et plus émotionnelle ; un autre coup de coeur.
L'album nous offre ensuite "Heaven For The Weather, Hell For The Company", chanson très originale, plus planante, c'est assez réussi. Ce titre n'est pas mémorable, mais montre tout de même que Lostprophets fait des efforts pour se démarquer un petit peu des autres groupes qui baignent dans le même style.
Liberation Transmission se clôt avec "Always All Ways", une ballade bien comme il faut, qui coule dans votre oreille en vous faisant gentiment rêvasser.

On peut bien sur reprocher à Liberation Transmission d'être commercial, de viser exclusivement à plaire, mais il est indéniable que cette musique est vraiment un plaisir ; les musiciens savent jouer, Watkins sait chanter, et l’on doit considérer Lostprophets comme un bon groupe Rock à part entière.
Il est certain qu'ils n'auront jamais un succès mondial et une dizaine d'albums cultes dans les bacs, mais Liberation Transmission le montre, on est loin du rock-pop bas de gamme, et des niaiseries parfois pondues par des pseudo-groupes Neo-Punk typiques.
En clair, une évolution osée, qui décevra certains fans friands de Neo Metal classique, mais un pari gagné car le 3e album de Lostprophets s'illustre comme une superbe pièce de Rock alternatif, vraiment.