Depuis le succès de The Back Room, EDITORS représente la seule alternative (commercialement parlant) aux américains d’INTERPOL. A tel point que les critiques ne les ont pas épargnés, jugeant cet album comme un clone d’Antics… et je suis la première à leur avoir jeté la pierre à la figure, sans me rendre compte que finalement, ni l’un ni l’autre n’avaient inventé quelque chose. EDITORS a juste profité du succès des Américains pour éclore, et ils auraient été bien cons de ne pas en profiter. The Back Room est un album qui s’affine avec le temps, et j’admets qu’il est loin d’être aussi clonesque que ce que je pensais. Mais c’est à la parution d’An End Has A Start que j’ai jeté une oreille plus attentive au combo, acceptant de revoir mon avis tout fait sur eux. Et là où beaucoup d’amateurs du premier effort ont été déçu par cette suite, la trouvant moins intense, j’ai tendance à me ranger du second côté, la trouvant à mon goût.

Bien entendu, c’est moins sombre, mais c’est aussi plus mélancolique, voir plus « grandiloquent », laissant éclater leur véritable sens de la mélodie. Tom Smith, le talentueux chanteur du groupe, parcourt l’opus de son timbre grave avec beaucoup de facilité. Souvent comparé à Paul Banks, chanteur de leur concurrent direct, il est pourtant bien meilleur que celui-ci : timbre plus coulant, nuancé et sensible. Mais on arrêtera la comparaison ici, car comme je l’ai dit au dessus, ni l’un, ni l’autre ne sont les géniteurs d’un style, ils en reprennent juste le flambeau sauce « poppy-moderne ». La production est beaucoup moins rêche, quitte à lisser un peu l’ensemble. Mais c’est aussi la production de The Back Room qui leur avait causé du tort, celle-ci ayant tendance à les noyer dans leurs influences.

Le groupe a donc gagné son émancipation, même si cela doit se payer au prix de la perte d’une frange de fans. Le choix de ce son n’est pas tout à fait surprenant, puisqu’il sert principalement les arrangements, plus conséquents, comme en attestent les chœurs sur « Smokers Outside The Hospital Doors », donnant un cachet dramatique à ce titre que je trouve tout à fait réussi. Même si le son se veut résolument plus actuel, ils savent toujours aussi bien agencés des compositions urgentes, gardant une tension perpétuelle : « And En Has A Start », « Bones » ou « The Racing Rats » en sont les dignes représentants, et il est difficile de ne pas en devenir accroc.

Mais pris à leur propre jeu, ce qui pèche dans cet opus est la conséquence directe de leur quête d’un son propre. A trop vouloir se moderniser, les Anglais tombent à pieds joints dans le seau « banalité ». Des faux pas qui font grimacer, comme les ballades poussives effleurant le caramel mou, excepté « The Weight Of The World ». « Put Your Heads Toward The Air » n’arrive pas à se dépêtrer de sa banalité, malgré une jolie montée au milieu qui aurait pu sauver le titre, à condition d’être plus exploitée. « Well Worn Hand » est le symptôme même du morceau émouvant qui foire à tous les coups : piano, prédominance de la voix, et hop, un morceau…qui soûle.

S’il manque encore un certain décantage pour parvenir à totale maturation, il serait pour autant mesquin de ne pas reconnaître que cette prise de position a du bon, et même beaucoup. Le fait est que An End Has A Start, malgré des imperfections, prend une bonne direction et donne à EDITORS les moyens d’écrire de jolies choses dans le paysage musical actuel…

3,5/5