À la suite du second album de ROCK CRITICS, Jean-François PAPIN sort un unique album solo explorant tout un éventail de styles et d’ambiances. La guitare acoustique est au centre de l’œuvre, accompagnée de divers effets et instruments - le violoniste Pierre Tassone fait son retour après Pile Ou Face.

On trouve tour à tour de la musique pseudo-celtique (l'humoristique "Hit Of The 16th Century" avec sa mélodie cliché à souhait, accompagnée d’un faux biniou), des ballades introspectives (le naïf "Lady Hesitation" et le lunaire "Plage" magnifié par les effets de reverb et delay) ou des pièces plus agitées, imprévisibles ("Minstrel", "Invocation", le morceau-titre conclusif à tiroirs). On hésite à y attribuer le terme 'folk', par méconnaissance de cause et pour le caractère éminemment singulier de cet objet musical.

Le chant qui tient une place de premier plan passe également par plusieurs rôles. Simple accompagnateur non verbal sur "Joy" ou "Plage", il est autrement plus décisif sur "Minstrel" qui commence comme une douce ritournelle avant de finir en plainte déchirante, et participe de l’humour de "Stewing Mind" et "Down To The Glory".

Si les thèmes musicaux sont toujours discernables, l’interprétation est délibérément bancale; on retrouve le côté je-m’en-foutiste de ROCK CRITICS dans les dissonances et l’absence de coordination rythmique de certains morceaux (en premier lieu "Stewing Mind", "Hit Of The 16th Century" et "Down To The Glory"), ou dans le chant volontairement faux et cliché de plusieurs autres, comme nous l’avons vu. Toujours est-il que le résultat est plus probant qu’avec ROCK CRITICS. Insane Dances, malgré sa nonchalance, présente une cohérence globale qui faisait cruellement défaut à Pile Ou Face et T.V. Show. Il n’y a plus ces ennuyeux moments de flottement généralisé tels qu’on en trouve sur "T.V. Show" de l'album éponyme.

Deux morceaux se placent totalement à part du reste; "Bach Back" et "Joy", occupant tout le deuxième quart de l’album, sont presque intégralement interprétés aux synthétiseurs. "Bach Back" laisse supposer un pur pastiche baroque de par son titre, mais ce duo est des plus décousus. Le plat de résistance "Joy" est beaucoup mieux structuré; s’il y demeure toujours une part accidentelle, la mélodie y est bien plus probante et le résultat s’en trouve en fin de compte meilleur.

Si Insane Dances se place à part de la nébuleuse artistique de Luc MARIANNI et ROCK CRITICS, de par son instrumentation, cet album est pleinement fidèle à l’idée d’une musique mélodique et spontanée, avec les moyens du bord et au gré des rencontres.