L'an dernier, les BASKERY ont fêté leurs quinze ans de carrière (sans compter les cinq précédents dans SLAPTONES, la première incarnation de leur 'band' en compagnie de leur père batteur), plutôt bel âge pour un collectif de leur calibre, avec un album complet. Manifestement, les trois sœurs Bondesson ne sont toujours pas à court d'idées et encore moins indignes de leurs capacités.

Après un single rare en 2021 où, pour face B de leur chanson "Rock'n'Roll", elles reprennent "Old Man", grand classique de Neil YOUNG, voilà que leur sixième effort commun à venir résulte de leur décision de consacrer à ce dernier nom illustre un album entier. Prévu pour la fin novembre, celui-ci est précédé d'un nouveau single, "Down By the River".

Extrait du deuxième album du Loner en 1970, Everybody Knows This Is Nowhere, ce morceau phare de la première époque de Neil YOUNG s'étendait déjà au-delà de neuf minutes. Sur moins de dix ans pour parler de notre époque récente, l'acteur Bradley Cooper a proposé sa version live en 2015, suivi par Norah JONES en 2020.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que BASKERY ne sont pas en reste. Et leur version, atteignant les douze minutes, se fait proche niveau son de celui du CRAZY HORSE en live, ou niveau format de la version avec CROSBY STILLS & NASH sur Four Way Street (1971). Une fois n'est pas coutume, c'est à deux guitares que cela se passe puisque Greta Bondesson, quoique jouant toujours de la batterie avec les pieds (grosse caisse et caisse claire aux pédales pour rythme uniforme et continu), pose son banjo et reprend son instrument de prédilection, la guitare électrique modèle Gibson.

C'est néanmoins bien sûr Sunniva Bondesson qui tient la Telecaster/lead, mais les vocaux étant un peu plus mélangés et égalisés, les forces de chacune en font autant. Le premier long solo de plus de trois minutes est pour Sunniva, puis, après un tour de chant central, Greta prend la barre pour le second solo jusqu'à la reprise finale. On note les influences électriques du tandem Neil YOUNG/Frank Sampedro voir Nils Lofgren, mais il y a aussi, hors du Cheval Fou, un peu de Lindsey Buckingham (FLEETWOOD MAC, autre influence du groupe).

Derrière, à la contrebasse, Stella Bondesson paraît tranquille au départ, sur ce fond de ballade blues qui évoque aussi l'ambiance de "Come to Terms" (troisième morceau de leur album de l'an dernier), elle suit la 'batterie pédestre' de sa sœur Greta, gentiment. À la fin, toutefois, pendant le solo de cette dernière très 'mandolinesque', elle aide bien au crescendo. Les guitares vrombissent comme il se doit, c'est un vrai régal de ce côté-là, de même que le son direct, 'live' et rough (en français rugueux), chaud et solaire notamment pour ces refrains puissants.

La chanson, qui ressemble de prime abord à une promenade entre amoureux, avec un côté road-movie, sauf qu'en réalité, la noirceur du meurtre 'sur les bords du fleuve' plane tout le long, est un des premiers monuments de Neil YOUNG. Nos chères BASKERY y mettent leur propre magie féminine, leur enchantement vocal, leur cohésion instrumentale tout aussi collective. De quoi laisser espérer le meilleur pour l'album-hommage complet, et au même titre que ceux faits de leurs propres compositions. Toujours aussi grandioses et méritant reconnaissance entière, nos chères damoiselles de Suède qui ont désormais bien passé la quarantaine (pas que celle de 2020) !