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2023 Formal Growth In The Desert

PROTOMARTYR - Formal Growth In The Desert (2023)
Par K-ZEN le 20 Mars 2024          Consultée 542 fois

Puisqu’on est aussi là pour (parfois) raconter notre vie, je vais vous conter ma première rencontre avec le Brise-Glace, ayant eu lieu il y a quelques années déjà.

Ainsi se nomme une salle de concert, je crois assez réputée, en région Rhône-Alpes. Elle se situe au bord du lac d’Annecy, légèrement en dehors de la ville, de sorte qu’il faut marcher un petit quart-d’heure si on veut se faire plaisir avec un restaurant du centre, histoire de ne pas ensuite tapisser de houblon un estomac vide mais plutôt empli d’une excellente tartiflette.

Ma découverte de cette salle avait été relativement décevante si l’on considère la tête d’affiche à l’époque consacrée. L’entrée au cœur de ce bâtiment d’architecture plutôt moderne s’était déroulée dans la confusion, les places imprimées ayant eu du mal à être compostées. Je crois que j’y étais vaguement pour quelque chose, ayant sorti deux fois les mêmes par maladresse. Une bière plus tard et nous empruntions alors le long couloir menant à la scène, pièce de choix où sont placardés pointures ou musiciens plus confidentiels ayant effectué un passage par cette étape savoyarde au cours de leur carrière. En ce petit jour de février 2018, la star n’était pas forcément celle à laquelle on aurait pu s’attendre.

Mon ami et moi étions venus en priorité pour voir WIRE, la légende anglaise du post-punk. Six ans plus tard, force est toujours de constater que son set fut fainéant, envoyé sans réelle envie ni rappel, extrêmement décevant. Heureusement, il ne s’était pas trompé en choisissant sa première partie : les WHITE WINE venus tout droit de Leipzig avec leur musique déjantée où chant punk, basson et claviers créent un bordel jouissif. Quelle pêche, mes aïeux ! C’est sans doute le groupe ouvrant le plus convaincant que j’ai vu jusqu’à présent, même s’il n’a pas depuis tellement percé, mais nous n’avions pas laissé passer l’occasion de revivre cette expérience en privé, acquérant ainsi deux albums au merchandising, disques qui ont abondamment tourné et continuent à le faire à intervalles (ir)réguliers.

Cinq ans plus tard, nous voici de retour dans cette jolie station balnéaire après une balade neigeuse en montagne pour voir les PROTOMARTYR, gang dont je suis l’évolution depuis maintenant quelques années.

Le concert fut dantesque. Il montra un groupe sûr de sa force et rythmique, à la fois tendu mais dansant, chose relativement unique dans le spectre musical actuel où il se tient, croisement entre post-punk et garage. Joe CASEY joua merveilleusement le rôle de prêcheur, via son costume sombre et son interprétation ravageuse, proche du beuglement par instants, toujours très Mark E. SMITH, apte à convaincre les foules les plus récalcitrantes. Cela fut une véritable redécouverte à la fois de son répertoire plus ancien mais aussi des nouvelles chansons d’un album tout récemment sorti, la prestation en public étant parfaitement adaptée à sa musique. Je passai ainsi le pas d’acquérir cette nouvelle offrande.

PROTOMARTYR en 2023 est toujours le même qu’en 2008 quand il fut formé à Detroit par le quatuor compact composé de Joe CASEY au chant, Greg AHEE à la guitare, Scott DAVIDSON à la basse et Alex LEONARD derrière les fûts. Formal Growth in the Desert, son sixième méfait studio, présente un artwork typique des Américains, habitué aux intitulés à tiroir et aux pochettes emblématiques convoquant d’étranges personnages, qu’ils soient humains ou animaux. On retrouve ici une femme observant un autre être affublé d’un masque argileux. Le fond est sombre, pour la première fois depuis Under Color of Official Right ; le propos l’est-il ?

"Make Way" est un premier indicateur intéressant, présentant une mélancolie d’entrée de jeu, à objectiver toutefois rapidement avec un refrain plus rageur, le groupe sachant parfaitement gérer les transitions temps forts/temps faibles. Une symétrie remarquable s’opérant, "Rain Garden" cite à nouveau ces mots, en y adjoignant d’autres (fais un chemin pour mon amour), pour des sentiments semblant s’éteindre aussi vite qu’ils sont venus (Embrasse-moi avant je ne m’en aille).

Cette émotion aigre-douce sera un fil conducteur tout au long de ces douze titres coupés au couteau sans fioritures, présentant des parties de guitare incisives et des rythmes tout en ruptures, parfois presque gothiques ; une nostalgie qui ne se remémore pas les moments récents mais plutôt ceux s’éloignant peu à peu et dont on commence à douter qu’ils aient même pu exister. Une aigreur, un désabusement manifeste via certaines lignes sans appel (Peux-tu te détester et toujours mériter de l’amour ? sur l’incroyable "Polacrilex Kid", Dans une pièce vide où l’amour fut/La peine court dans mon esprit ouvrant "Graft Vs. Host" et tirant son nom de la réaction pouvant se produire lors d’une greffe, lorsque les cellules du donneur attaquent les cellules du receveur, les percevant comme des corps étrangers).

Dans le désert, personne ne vous entendra crier, même attaqué par pléthore tigres. Seule chose à faire : danser jusqu’à l’élimination des autres candidats. Formal Growth in the Desert ou une des meilleures plaques signées PROTOMARTYR.

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   K-ZEN

 
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- Joe Casey (chant)
- Greg Ahee (guitare, synthés)
- Alex Leonard (batterie, basse)
- Scott Davidson (basse)


1. Make Way
2. For Tomorrow
3. Elimination Dances
4. Fun In Hi Skool
5. Let’s Tip The Creator
6. Graft Vs. Host
7. 3800 Tigers
8. Polacrilex Kid
9. Fulfillment Center
10. We Know The Rats
11. The Author
12. Rain Garden



             



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