Dixième album studio en un quart de siècle pour RAPHAEL. Un rythme très honorable qui doit, de plus, être mis en perspective avec les autres activités du bonhomme. En effet, en parallèle à sa carrière de « chanteur », ne serait-ce que l’année dernière il a également sorti une Bande Originale pour le film Soudain seuls, il a publié un roman, Avalanche et a créé et interprété le spectacle Bande Magnétique.

On le voit, RAPHAEL est un hyper actif, personnalité qui ne se transparait pas forcément dans son style musical. En effet, avec ce Une autre vie on retrouve son style léger, paisible et romantique. Ainsi que ses ambiances légèrement nostalgiques et aériennes. Pas de grosses surprises, donc, mais pour autant, le charme opère toujours. La voix est toujours aussi délicate et les paroles finement ciselées. Les arrangements, sans donner dans la sobriété absolue, restent également assez légers.
On pourrait faire un parallèle avec Florent MARCHET, tant leurs approches de la musique et des textes comportent de fortes similitudes. Un autre parallèle peut être fait avec Gérard MANSET, (plus sur l’interprétation qu’au niveau des paroles). C’est notamment le cas avec "Sur les épaules" qui fait bougrement penser à ce dernier à qui RAPHAEL avait déjà consacré un album de reprises en 2015 : Solitude des latitudes : Raphael revisite Manset.

La recette fonctionne toujours aussi bien, et ses morceaux à la beauté langoureuse font majoritairement mouche. Mention spéciale à la ligne de basse sur le titre "Un autre vie", et aux parties de guitares aériennes qui viennent par moment donner de la profondeur à son propos.
On pourrait regretter que les trames musicales de certains morceaux se ressemblent un peu trop, ce qui génère une certaine linéarité. Ce manque de relief est particulièrement sensible sur "Le dernier chimpanzé du futur" et "Nostalgia", des titres qui s’écoutent agréablement mais qui peinent à laisser leur empreinte dans les esprits.
Inversement, lorsqu’il se montre un peu plus entrainant et dynamique, comme c’est le cas avec "Heures Sup", le résultat se révèle très convaincant. Et cela permet de rehausser la saveur générale de l’album en le rendant plus piquant et apte à mobiliser l’attention. L’ajout d’une voix féminine sur "L’oiseau invisible" aurait également pu contribuer à diversifier son propos, mais le résultat reste assez anecdotique.
Inversement, le texte de "Baby sitter" contribue fortement à nous bousculer et à nous captiver en faisant coexister un certain malaise avec une musique tout ce qu’il y a de plus douce et romantique. Un titre très bien agencé et qui possède un petit côté dérangeant très intéressant.

Au final, ce Une autre vie est un très bon album qui n’est que légèrement pénalisé par une linéarité et un maque de relief qui ne sont finalement pas dramatiques. Délesté de deux à trois titres un peu dispensables et renforcé par une morceau qui aurait apporté un réel changement, un contre pied important, nous aurions été très proche d’un classique.