Que peut-on bien raconter sur ce disque qui n’est qu’une démonstration du synthétiseur modulaire Buchla 100? Que la parenté est évidente avec Silver Apples Of The Moon (1967) de Morton SUBOTNICK? Que Michael CZAJKOWSKI est un parfait inconnu mais que son nom se prononce comme celui d’un célèbre compositeur russe? Qu’il fut publié par Vanguard au milieu d’une série de disques dédiée aux musiques savantes?

People The Sky est une improvisation totale, succession de nappes et de séquences sans but véritable. Les capacités techniques du Buchla sont pourtant impressionnantes : avant même l’avènement du Arp 2600 (commercialisé en 1972), les séquences sont d’une netteté étonnante – comme le motif rapide au début ou la séquence montante vers la fin. Une autre singularité du Buchla 100 est que le clavier est remplacé par une série de boutons, dont la hauteur de note ne suit pas la gamme dodécaphonique – deux potentiomètres de chaque côté permettent de configurer les écarts de notes au gré de l’utilisateur –, d’où un résultat assez dissonant. Ce disque n’en est pas viable pour autant. Un signe qui ne trompe pas : on pourrait commencer et terminer l’écoute à n’importe quel point sans que l’impression globale n’en soit changée – mais après tout, cela dépend de nos attentes musicales, on peut également considérer une œuvre musicale qui puisse être écoutée dans le désordre.

La comparaison de cet unique album de Michael CZAJKOWSKI avec les œuvres de Nik Pascal RAICEVIČ (cinq albums entre 1968 et 1975) et Steve BIRCHALL (Reality Gates, 1973), ou encore les premiers essais de Morton SUBOTNICK, autres synthésistes américains bien ché-per, est inévitable. Le premier point commun est le caractère improvisé, expérimental et amélodique de leurs albums respectifs – quoique Zero Gravity (1975) de Nik Pascal se montre un peu plus 'friendly'. Nik Pascal RAICEVIČ se distingue nettement de ses comparses par ses nombreux recyclages sonores − j’ai eu largement l’occasion de m’épancher sur ce sujet − et le relatif amateurisme de ses albums. De par sa longueur et son aridité, People The Sky est certainement l’album le plus déroutant du lot. Il est important selon moi de bien distinguer ces musiques synthétiques abstraites des œuvres de CLUSTER ou d'AMON DÜÜL II, plus organiques, comme des albums mélodiques d’autres pionniers tels que Mort GARSON ou Jean-Jacques PERREY.

Cet album est une curiosité à réserver aux aficionados du genre. Il y a tellement mieux à découvrir parmi les vieilleries expérimentales.