SIDDAL ou l'éloge de la lenteur rêveuse. Je crois en toute modestie, enfin je l'espère, que cette formule caractérise bien ce que fut le monde de ce duo à la ville comme à la scène. Composé d'Elaine Winters et de Richard Brinkley, ce projet s'inscrit pleinement dans l'Ethereal Goth, ce court et microscopique mouvement typiquement américain qui n'a perduré qu'une simple décennie (1990-2000). Avec THIS ASCENSION et AUTUMN, SIDDAL a incontestablement marqué de sa discrète empreinte faite d'ombre et de lumière cette scène tristement éphémère.

The Pedestal est un parfait exemple de ce courant car il en expose pleinement et ce de manière symptomatique ses attraits mais aussi ses faiblesses. Pour ces dernières, et c'est une constante chez ces formations, l'auditeur devra faire preuve de courage sous peine d'être rebuté par la durée de chaque production. SIDDAL ne fait donc pas exception et nous propose en effet près de 70 minutes généreuses. De cette grande heure comme en suspension, naissent seulement par moment, je vous rassure, un sentiment d'ennui et de répétition auditive à l'image de "Treasures Of Sleep" ou de "Fairbanks" qui avec son lancinant piano semblent devoir n'en plus finir. MORPHEE, malicieux, nous guette, jamais loin.

Les Américains désirent à l'évidence installer une atmosphère contemplative mais la limite est ténue avec une certaine idée de léthargie musicale. Heureusement, ces errements ne sont que passagers car pour le reste le duo est plutôt doué pour placer ce satané auditeur exigeant dans un confort ouaté. Alors, certes, SIDDAL prend son temps, vraiment tout son temps mais le rendu de certains titres est simplement superbe. Il suffit de se pencher sur "When the Wolf Comes" ou "Leaving" pour se dire que 4-5 titres de plus de cette teneur et The Pedestal était juste parfait.

L'union de la voix angélique de Winters et des tristes arpèges cristallins de guitares de Brinkley crée comme un instant de grâce où l'on se retrouve flottant à travers cette langueur vaporeuse. Les fantômes lointains de CURE ou COCTEAU TWINS irriguent cette froide beauté recueillie (l'émouvant "Pontus"). A l'image de la peintre préraphaélite à qui le projet doit son nom, le duo recherche une perfection. Elle sera donc sonore. SIDDAL tel un architecte de notes élabore de subtiles cathédrales emplies d'échos comme le soulignent doucement "Lighthouse Wreckage" et le bien nommé "Ghost" qui vous enveloppent d'une belle mélancolie automnale.

The Pedestal est loin d'être un grand disque. Sa linéarité lui fait assurément perdre une attractivité complète. Il serait néanmoins dommage de ne pas y jeter une oreille car il s'y cache quelques petites pépites scintillantes qui devraient combler les rêveurs.