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1982 Death Penalty
 

1982 Death Penalty
2008 Resurrected

WITCHFINDER GENERAL - Death Penalty (1982)
Par TOMTOM le 7 Juin 2024          Consultée 444 fois

Et vous, c’était quoi votre bonne résolution pour 2024 ? Moi c’était : réécrire des kros sur FP. Oui, je sais, on est à la moitié de l’année. Mais mon ordinateur s’est cassé (véridique). Et puis, j’ai jeté l’éponge avec l’eau du bain et tout le tralala. Au départ, je voulais vous parler du premier COPPERHEAD, parce que j’étais furax que personne n’ait parlé du disque pour son cinquantième anniversaire en 2023. Mais flemme. Même cinquante ans plus tard, expliquer les solos de guitare de John Cippolina, c’est compliqué. Autant reprendre facile, avec un truc bien tape-à-l’oeil et qui s’écrit en grosses lettres. Du style :

SEXE ! OUTRAGE ! LA VERITABLE HISTOIRE DE WITCHFINDER GENERAL !

Avant de faire les présentations, posons le débat d'emblée : WITCHFINDER GENERAL, c’est doom ou c’est heavy? C’est culte ou c’est nanar? Se souviendrait-on encore de ces gars s’il n’y avait pas eu sur la pochette de leurs disques des femmes topless et des pierres tombales? Au milieu de toutes ces questions, on peut quand même se baser sur un élément 100 % tangible, et qui mérite amplement la lecture des lignes qui vont suivre : les WITCHFINDER GENERAL sont fans de BLACK SABBATH. Mieux ! Ils vont commencer comme BLACK SABBATH : en piquant leur nom à un vieux film des années 60.

Le film en question, c’est donc Witchfinder General ('avec Vincent Price', comme diraient les MISFITS), l’histoire de Matthew Hopkins, un vieux perv’ qui, en pleine guerre civile, sillonne la verdoyante campagne anglaise en faisant croire qu’il sait débusquer les sorcières et divers autres adorateurs de Satan. En vérité, c’est surtout une grosse magouille pour 1) abuser les villageoises, et 2) envoyer des paroissiens au bûcher en toute impunité. Spoiler alert : à la fin du film, Hopkins se fait massacrer à coups de hache.

Occultisme de téléfilm, cynisme en costume, érotisme goguenard… et BLACK SABBATH. C’est avec ces références pas 100% joie de vivre, mais un peu branquignoles quand même, que se forme donc à Stourbridge WITCHFINDER GENERAL, en pleine New Wave Of British Heavy Metal (N.W.O.B.H.M). Nous sommes en 1979, Zeeb Parkes (chant) et Phil Cope (guitare) sont deux gamins qui se prennent déjà pour Ozzy et Tony Iommi, avec des croix autour du cou et des amplis qui grésillent. Chance : la démo qu’ils ont enregistrée se fait repérer par Heavy Metal Records, un label ripou qui leur propose d’enregistrer un disque. Pas de chance, c’est ici que vont débuter les emmerdements.

Amateurisme épisode 1 : en raison d’une sombre histoire d’aigus, le single "Burning A Sinner" sort en 1981 avec un très mauvais son.
Amateurisme épisode 2 : la sortie du 45-tours suivant, "Soviet Invasion", est repoussée.
Amateurisme épisode 3 : alors qu’on leur demande d’enregistrer un premier album, le bassiste et le batteur se font la malle.
Amateurisme épisode 4 : Pete Hinton, le producteur désigné pour s’occuper de Death Penalty, prend la route en pleine visite papale (Jean-Paul II à Wembley !) et se retrouve bloqué dans les bouchons. Selon le groupe, une fois sur place, il passera plus de temps au billard que derrière la console de mixage.

Ce qui nous amène à une nouvelle question : quand on n’a ni bassiste ni producteur, peut-on enregistrer un disque de métal qui veut conquérir le monde, comme Number Of The Beast ou Screaming For Vengeance, tous les deux sortis à peu près au même moment? Probablement pas. Mais on peut enregistrer 'autre chose'.

Death Penalty, c’est un peu l’équivalent d’un disque garage pour le métal. Soit ici un album avec des gars qui balancent tout ce qu’ils ont, sans savoir totalement ce qu’ils font. Je veux dire : cette intro à l’acoustique de "Invisible Hate", titre qui inaugure le disque, pourquoi ? Et celle de "No Stayer", on dirait pas que les mecs essayent de ressortir "Rat Salad" sans avoir répété? Et écoutez donc ces changements de rythme : que ce soit sur les accélérations/solos typiquement heavy ("Burning A Sinner") ou sur les ralentis qui accentuent le côté doom de l’affaire ("Witchfinder General"), on ne sait jamais avec certitude si tout cela a été réfléchi ou s’ils ont trouvé ça cool à faire sur le moment.

Phil Cope a beau se plaindre en interview du bordel ambiant*, il a le beau rôle sur tout le disque et se paye de sacrés riffs bien méchants. Sur le solo de "Invisible Hate", il pousse le mimétisme avec BLACK SABBATH jusqu’à reproduire LE son de Tony Iommi. LE MÊME. En revanche pour Geezer, il faudra repasser : la basse (jouée aussi par Phil Cope) est totalement absente, noyée tout au fond dans un mix qui met en avant la guitare… et la batterie. Car oui : juste avant d'entrer en studio, Phil et Zeeb ont trouvé un batteur en la personne de Graham Ditchfield, un type qui a manifestement des idées à la con (une cowbell sur un titre qui s’appelle "R.I.P" ?), mais dont le jeu pataud va largement contribuer à alourdir l’ensemble.

Du lourd, il en faut quand on parle de chasser des sorcières ("Witchfinder"), de brûler les mécréants ("Burning a Sinner"), de peine de mort ("Death Penalty") et de drogues ("Free Country"). Au micro, Zeeb Parkes chante avec une naïveté qui relativise le sérieux de la chose mais n’évacue pas toute menace. Surtout, il compense son manque de coffre par un sens de la mélodie suffisamment poussé pour donner des choses aussi mémorables que iiiiiii’m the WITCH-Findeur Generaauuul ou Look out for Meeeeee / Let’s Trip on LSDEEEEEE.

Il ne sera jamais élu disque de l’année, mais le premier WITCHFINDER GENERAL est un album fendard avec dedans de grands moments de heavy/doom bastringue. C’est clairement le premier album enregistré à l’arrache d’un groupe qui se prend pour une version speedée de BLACK SABBATH, mais avec un batteur intérimaire et pas de bassiste. Si j’avais eu la flemme comme pour le premier COPPERHEAD, je vous aurais écrit un truc tarte à la crème du genre 'c’est ce qui fait son charme'. Mais quel sens cela aurait-il eu? L’album aurait-il été moins bien si les gars avaient bossé? Ou mieux ? Impossible de répondre. Et c’est pareil pour la question du début, 'culte ou nanar?' : quel que soit son talent, quand un groupe repose tant sur l’imprévu, l’impréparation et l’implication aléatoire des différents protagonistes, c’est l’appréciation de chacun qui le fait basculer dans un camp ou dans l’autre.

Mais alors : et la fameuse pochette? Le journaliste Malcolm Dome, qui a couvert la N.W.O.B.H.M, pense que la maison de disque a dépensé plus d’argent à l’époque pour faire venir Joanne Latham (vue auparavant dans Playboy et Penthouse) que pour produire le disque. Paul Birch, le fondateur de Heavy Metal Records, promet que non, mais reconnaît que l’effet voulu était de choquer le bourgeois et de faire les gros titres : Sexe ! Sacrifice humain ! Miches à l’air dans le cimetière ! La maison de disque misait même tellement sur cette pochette qu’elle a sorti l’album sous format classique ET en picture disc, dès 1982. Phil Cope, comme d’habitude, a une vision plus prosaïque des choses : La pochette marche bien parce qu’on y était vraiment très tôt le matin. On est arrivé vers 5 h et demi du mat’, alors que j’étais encore à moitié cuit de la veille. Pour le deuxième album en revanche, 8 h moins le quart, le soleil s’est mis à briller haut dans le ciel. C’est devenu une farce.

LA SUITE AU PROCHAIN EPISODE, si je tiens mes bonnes résolutions.

*Les anecdotes et citations proviennent du bouquin de Michael Hann sur la N.W.O.B.H.M : Denim and Leather - The Rise and Fall of the New Wave Of British Heavy Metal.

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   TOMTOM

 
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- Zeeb Parkes (chant)
- Phil Cope (guitare, basse)
- Graham Ditchfield (batterie)


1. Invisible Hate
2. Free Country
3. Death Penalty
4. No Stayer
5. Witchfinder General
6. Burning A Sinner
7. R.i.p.



             



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