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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

2024 Le Comte De Monte-Cristo
 

- Membre : Bande Originale De Film

Jérôme REBOTIER - Le Comte De Monte-cristo (2024)
Par MARCO STIVELL le 20 Juillet 2024          Consultée 860 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Adapter le meilleur roman du monde n'est pas chose aisée dans notre ère moderne (si l'on veut faire quelque chose de bien). Adapter le deuxième meilleur roman du monde ne l'est pas de beaucoup davantage. Alexandre Dumas et Auguste Maquet ont écrit les deux en trois années à peine, de 1844 à 1846 et presque conjointement, tout en sachant que parallèlement, il y avait La Reine Margot, la première suite aux mousquetaires baptisée Vingt Ans Après, etc. Un travail titanesque dont on leur a reproché une certaine forme de 'consumérisme écrivain', avec la facilité de la publication en feuilleton journal, un salaire soi-disant 'à la ligne' et une fortune colossale aussi vite gagnée que perdue ensuite pour la tête pensante au quotidien opulent, débridé. Mais voilà, après la plus formidable aventure historique/romantique au temps des rois Bourbon et des guerres de religion, Dumas transporte son intérêt prosaïque près de deux cents ans plus tard, au crépuscule napoléonien, et signe le plus minutieux et grandiose récit de vengeance.

Le film de Maxime Delaporte et Alexandre de La Patellière (tous deux scénaristes sur le diptyque brillant Les Trois Mousquetaires sorti en 2023, ça ne s'invente pas !) élague beaucoup les détails et détours multiples pris par Dumas et Maquet, la richesse de personnages et de situations qui fait la littérature du XIXème siècle, connotée mais souvent plus moderne que la production adulte actuelle (qui a la 'bonne' idée de confier les notions aventureuses au polar ou à la fantasy/SF). Le fil du livre centré sur le marin marseillais Edmond Dantès, sa promotion de capitaine et son mariage gâché avec la belle Mercédès par une bande de jaloux (Danglars le second du navire, Fernand le cousin de Mercédès, Caderousse), la découverte d'une lettre remise par Napoléon exilé à l'île d'Elbe qui arrive à Mr. de Villefort, procureur ambitieux au point de condamner injustement Dantès et le placer à vie en détention au château d'If, la rencontre entre prisonniers fugitifs avec le savant abbé Faria qui parle de trésor fabuleux enfoui sur l'île de Monte-Cristo. Tout cela est respecté pendant les trois heures de durée globale, mais les réalisateurs-scénaristes font à leur sauce et avec brio. On regrette certes les Mr. De Noirtier (génial), Mr. Morel et sa famille, les intrigues italiennes dont Luigi Vampa et ses bandits, la femme de Villefort et ses poisons.

En revanche, Le Comte de Monte-Cristo en 2024, c'est un Pierre Niney au sommet de son art (dixit quelqu'un qui ne l'aimait guère, allait voir cette adaptation sans se presser contrairement aux Mousquetaires) en Edmond Dantès, des acteurs tous bien choisis pour leurs personnages, une modernisation qui s'efface même dans l'image belle et grande pour faire revenir les sentiments 'antiques' ou classiques à leur apogée sur grand écran. Que d'actrices splendides, mais pas une seule scène érotique. Jean Marais aussi bien que Gérard Depardieu, pour les versions les plus mémorables, avaient eu droit à leurs parties multiples (deux voire plus), ici c'est d'un seul tenant. Et c'est un chef-d'oeuvre, ou pas loin. Même si Caderousse perd en saveur (ah, l'incroyable auberge de Beaucaire dans le livre !) contrairement aux couleurs méditerranéennes avant transport de l'intrigue à Paris, même si la princesse Haydée ne va pas au bout de sa vengeance, même si... Au moins, nulle pensée trop moderniste, c'est juste un film d'obédience traditionnelle avec les gros moyens d'aujourd'hui. Et hélas, cela se vérifie côté musique, qui est vraiment le maillon faible de cette oeuvre phare de l'été 2024. Jérôme REBOTIER, déjà employé dans des comédies et par les deux réalisateurs du Prénom (2012) entre autres, ne fait certes pas mieux que Guillaume ROUSSEL pour Les Trois Mousquetaires en termes de superproduction prestigieuse à la française. En vérité, il fait même moins bien !

Enfin messieurs, que se passe-t-il avec la composition, l'orchestration ? Il est vrai qu'à l'ère des smartphones, on tient pour plus obsolète que jamais la musique dite 'classique' avec bâtardise ; pour l'époque du Comte de Monte-Cristo, le courant de HAYDN, MOZART etc est déjà derrière et l'explosion sentimentale du romantisme par BEETHOVEN puis SCHUBERT bat son plein. Mais arriver à un résultat aussi fade, déployé sur une heure trente de musique, la moitié de la durée du film, c'est désespérant. La plupart des titres baignent à l'huile (qualité cambouis) dans cet orchestre qui cherche à être constamment menaçant, noir, menaçant, noir, strident, noir, menaçant, ronchonnant et tutti quanti, comme dirait le prince Andrea Cavalcanti. Les lourdeurs ponctuent la plupart des titres et l'uniformité (à peine rompue par les percussions et les programmations) empêchent de comprendre à l'écoute si l'on a affaire à un thème d'action, triste ou tendre, c'est un comble ! L'heure et demie d'écoute se passe laborieusement à discerner un semblant de mélodie ou de thème attachant, que ce soit "Haydée", "Le Mariage", "Le Duel", "L'évasion" du château d'If.

Les marches sombres pullulent, les cuivres grincent ou pétaradent lourdement, les cordes arco et col legno se déploient comme mille araignées indépendantes ou se plaignent de manquer de vitalité, de contrechants décisifs. Avec Le Comte de Monte-Cristo, on est si bien happé par l'image et les dialogues qu'on le remarque à peine. Le temps passe et l'on réentend inlassablement les variations autour du 'Trésor', voulu comme thème de l'émerveillement, le plus épique, le basculement vers une nouvelle vie en paiement du final de la précédente. Thème haletant et plus distingué que d'autres, néanmoins répétitif et manquant de corps. Quelques valses langoureuses comme "Mercédès" ou vagues malsaines comme "La Mort du Cerf" remplissent bien leur rôle. De même, cette intro "Tempête", pour la scène de sauvetage en mer Ligurienne au départ, offre une splendide progression et digne du départ du film, à défaut que la suite musicienne n'égale pareil niveau.
"La Folie" possède quelques atouts d'arrangements, "Le Dîner d'Auteuil" est un récit sonore diablement bien réussi pour une scène justement hantée et grimpant par paliers. Autant "Le Racket" nous est asséné de manière caricaturale, autant "La Vie d'Après" use de finesse avec les éléments de composition du reste, d'un boléro fort adéquat qui vient se placer. Le seul moment 'à part' et inclus à l'action, "Dorul", la chanson d'Haydée, fantastique mélopée grecque ou roumaine est usée ici comme d'un chant de sirène, sur fond de bouzouki, avec des atours orientaux dans les notes. Etait-ce si difficile de trouver d'autres éléments d'inspiration similaires ? C'est dommage, mais encore une fois, la B.O n'est pas un frein à voir un film prodigieux, inespéré.

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   MARCO STIVELL

 
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- Jérôme Rebotier (compositions, orchestrations)


1. Tempête
2. Mercédès
3. Le Trésor
4. Dorul – Chanson D'haydée
5. Haydée
6. Edmond Et Mercédès
7. L'arrestation
8. Le Mariage
9. Vengeance – Thème De Monte Cristo
10. Le Château D'if – Version Longue
11. Dantès Rejoint Faria
12. Mort De Faria
13. Le Domaine
14. Le Bal D'eugénie
15. Dantès Reprend Des Forces
16. Haydée Supplie Albert
17. Le Piège Se Referme
18. Le Duel
19. L'évasion – Part 1
20. L'évasion – Part 2
21. La Mort Du Cerf
22. Le Revenant
23. La Folie
24. Chasse à Courre
25. L'éducation D'andré
26. Le Récit D'angèle
27. Les Années Faria
28. Le Dîner D'auteuil
29. Les Plans
30. Albert Et Haydée
31. Les Traîtres
32. Le Racket
33. Opium
34. Monte Cristo
35. Le Trésor (reprise) – Adieux à Eugénie
36. L'assassinat (version Longue)
37. Albert Rejoint Haydée
38. Monte Cristo Raconte à Mercédès
39. La Haine De Fernand
40. La Confrontation
41. La Vie D'après



             



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