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1978 La Ballade Des Dalton
 

- Membre : Bande Originale De Film

Claude BOLLING - La Ballade Des Dalton (1978)
Par MARCO STIVELL le 1er Avril 2024          Consultée 261 fois

Lucky Luke, plus célèbre des cowboys durant longtemps, a bien profité d'un repos de son collègue Astérix au cinéma durant la première moitié des années 70. Tandis que Jean Girault en saupoudrait des éléments dans son film Le Juge, en 1971, presque en même temps les lecteurs pouvaient apprécier une adaptation animée avec Lucky Luke, ou Daisy Town comme il le deviendra plus tard. Tandis que, de ce dernier, les quadrilles de Claude BOLLING restent encore en tête, il faut attendre sept années pour faite suite à ce succès.

Avec Albert Uderzo, le scénariste René Goscinny vient de compléter le nouveau film du petit Gaulois, Les Douze Travaux d'Astérix, sorti en 1976 grâce aux bons soins des studios Idéfix, dont il s'agit de la première production. La seconde, dédiée au cowboy de nouveau et nommée La Ballade des Dalton, est aussi la dernière : alors que le film est en passe d'être terminé, Goscinny, qui travaille de près avec le dessinateur Morris ainsi que l'habituel Pierre Tchernia pour aider dans l'écriture, décède le 5 novembre 1977. Si Idéfix peut s'enorgueillir d'avoir fait peu en quantité, le niveau de qualité est ainsi digne de sa raison d'être, des héros de la BD, même si, pour eux, il y a un avant et après 'départ de Goscinny'.

Il faut attendre l'automne 78 pour assister aux projections de cette aventure épique de Lucky Luke qui, après avoir au départ coffré les quatre frère Dalton une fois de plus, se trouve mêlé à leur évasion de pénitencier, sous peine de mourir. C'est qu'un notaire, les ayant annoncés héritiers de leur oncle Henry Dalton, bandit riche mort pendu, leur a donné aussi pour condition d'éliminer le juge et les neuf jurés qui l'ont condamné. Les Dalton, suivis par Rantanplan, et avec Lucky Luke pour témoin obligatoire, veulent donc s'acquitter du testament, sous peine de quoi leur fortune ira dans un orphelinat de jeunes filles...

Cette histoire arrive, on ne sait comment, à garder quelque chose d'épique alors qu'on est dans le registre du western le plus comique. Ce qui est certain, c'est qu'au-delà des images, Claude BOLLING y est pour beaucoup. Dans la mémoire des gens, et à juste titre, avant même le script de ce nouveau film basé sur une succession de séquences courtes et diverses liées à l'aventure (même modèle que Les Douze Travaux d'Astérix), La Ballade des Dalton, c'est avant tout la chanson éponyme. Si loin de son jazz chéri, BOLLING la compose sur des paroles que l'on doit à Henri Gruel, responsable des effets sonores comme sur Le Roi et l'Oiseau, les Tintin en films animés ou encore Les Douze Travaux d'Astérix, ainsi qu'à Lawrence Riesner, ancien humoriste Signé Furax (aux côtés de Pierre Dac et Francis Blanche) que l'on croise souvent dans les films de Jean Yanne.

Rien que la séquence d'intro est culte avec son ambiance de saloon et son public bagarreur qui réclame des danseuses, acceptant mal le personnage de Bill, chanteur country et troubadour à l'américaine accompagné de son banjo. L'enfant ou l'adulte se laisse ainsi charmer en quelques accords majeurs simples joués par Jean-Marie Redon, survolés par son collègue de la BLUEGRASS CONNECTION, Eric Kristy à la voix douce, écrivain de romans Série Noire comme de scénarios TV. Du même groupe, sans doute engagé pour les quelques parties appropriées de la BO, on note aussi l'harmonica de Jean-Jacques Milteau, musicien-leader dans son domaine et accompagnateur de stars françaises (jusqu'à l'arrivée de Greg ZLAP).

La fameuse "Ballade des Dalton" revient à plusieurs reprises jusqu'au final, mais surtout dans la première moitié en fait, pour s'adapter aux personnages dont elle dresse les portraits, aux péripéties (la soi-disant 'corruption' de Lucky Luke par les Dalton) et même aux décors. La plus belle partie étant, justement, celle qui dépeint la limite, si simplifiée dans ce film, entre la prairie et le désert. À la fois parcourue de rimes intelligentes et avec une certaine délicatesse, cette bluette folk n'a pas sa pareille en termes d'efficacité ni de 'coolitude', sur la scène française. On aurait toutefois tort d'écarter le reste de la BO.

Si les Dalton ont leur ballade, Lucky Luke a tout de même son thème, "Lonesome Cowboy", autre thème country mentionné çà et là durant quelques variations instrumentales, qui sera le générique final des séries animées TV futures, entonné par une chorale. Dommage en revanche de ne pas entendre davantage son si joli thème de chevauchée sur Jolly Jumper, avec la descente de cordes gracieuse lorsqu'il quitte le saloon au début. C'est peut-être d'ailleurs le seul reproche à cette BO, certaines mélodies trop courtes et entendues une seule fois, avec une baisse de régime durant les dernières séquences, pour Mathias Bones le croque-mort et le juge Groovy/rodéo.

Sinon, BOLLING signe une partition formidable et riche, qui lui permet même de retrouver parfois ses aspirations jazz 'above all'. En premier lieu, le thème de Rantanplan, irrésistible et tout à l'image du chien le plus bête de l'Ouest, avec son rythme de batterie jouée au balais, ses cors/clarinettes auxquels répondent le sax soprano tout aussi folâtre. Assez éloigné, il y a la séquence du rêve hallucinogène des Dalton, la seule complétée après la mort de Goscinny, dont on devine bien qu'elle est là pour allonger la durée et donner au moins un temps de comédie musicale. Dans une ambiance très swing, c'est un hommage bariolé néanmoins sympathique à Broadway, Gene Kelly ("Singin' in the Rain"), Frank Sinatra... Avec la participation de Nicole CROISILLE, pour les chants féminins anglais !

Surtout, par petites pointes, la BO de ce film semble moulée dans l'americana la plus diversifiée, avec de l'exotisme et tous les clichés possibles mais sans lourdeur, que ce soit pour Ming-li-Foo, le blanchisseur, ou bien le restaurant mexicain. Bien qu'entrecoupée, l'improvisation de flûte sur tambours pour le chef indien est une réussite, de même que les trompettes lentes et planantes sur rythme de pulsation pendant la nuit d'évasion des Dalton, et qui ne sont pas sans rappeler un certain Ennio MORRICONE. Le tuba solennel et sombre sur fond de cordes réverbérées quand le directeur rend hommage à Rantanplan 'disparu' est éloquent, tout comme le piano grave et fantomatique de la prison abandonnée du deuxième juré.

Le banjo sonne plus bluegrass pour les interventions du marchand infortuné, l'harmonium et les choeurs féminins du pasteur-joueur invétéré Sam Game vous resteront bien en tête de même que la comptine des orphelines (louange à Henry Dalton) à la fin, la cavalcade effrénée guitare-basse-batterie-cordes du train qui déraille est rigolote... Sans oublier les citations de traditionnels bien connus : "Oh My Darling" (l'ivrogne docteur Smith), "Camptown Races" (le saloon des joueurs)... C'est là le palmarès d'une BO réussie, à l'image de son film, d'autant plus qu'on y retrouve les mêmes doubleurs que pour Astérix et d'autres grands ou des surprises : Goscinny lui-même pour Jolly Jumper, Daniel Ceccaldi pour Lucky Luke, Pierre Trabaud pour Joe Dalton, Pierre Tornade pour Averell Dalton, Jacques Deschamps, Roger Carel, Gérard Hernandez, Jean-Marc Thibault, Michel Elias, Henri Virlogeux...

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   MARCO STIVELL

 
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- Claude Bolling (compositions, orchestrations)
- Matheus Grand (arrangements)
- Eric Kristy (chant)
- Henri Gruel, Lawrence Riesner (paroles)
- Nicole Croisille (paroles et chant anglais)


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