Recherche avancée       Liste groupes



      
MINIMAL JAZZ/AMBIENT  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


FLOATING POINTS - Promises (feat. P. Sanders Et London Symphony Orchestra) (2021)
Par K-ZEN le 12 Août 2024          Consultée 206 fois

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. (Cette phrase, dont on pourrait croire qu’elle est due aux Inconnus serait en fait à créditer à un homme politique, Charles Pasqua en l’occurrence).

Celle promesse-ci, qui vous fera relativiser concernant vos névroses, prend sa source dans une étonnante rencontre impliquant deux hommes dont la différence d’âge s’avère canonique (plus de quarante ans !).

Pharoah SANDERS est surtout connu pour avoir joué avec John COLTRANE au moment où ce dernier entrait dans sa phase free précédant sa mort prématurée en 1967. Une rencontre décisive pour SANDERS, qui livra ensuite une œuvre à la fois cosmique et spirituelle, Karma et Jewels of Thought en constituant les deux principaux joyaux. En 2015, alors âgé de soixante-quinze ans, la carrière du saxophoniste américain semble derrière lui, son dernier album studio datant de 2003. Il demeure néanmoins un fin observateur de la musique, ayant remarqué l’inaugural disque d’un jeune artiste britannique se nommant Sam SHEPHERD et se camouflant derrière le pseudonyme FLOATING POINTS. C'est le début d’une amitié inattendue qui mènera à une collaboration.

Certains albums n’ont pas besoin d’analyse poussée ou de notes manuscrites à outrance. Ils ont ce supplément d’âme, cette forte personnalité se manifestant via une pochette, un personnel, un format particulier et/ou une ambiance globale qui enveloppent complètement l’auditeur. Promises, longue suite de quarante-sept minutes subdivisée en plusieurs mouvements – 9 pour la version CD, est incontestablement un disque de cette trempe, superbement illustrée via la peinture de Julie Mehretu intitulée Congress, où chaque planisphère coloré pourrait représenter un pan du trio artistique.

Entièrement écrite par Sam SHEPHERD, y compris les arrangements orchestraux que le LONDON SYMPHONY ORCHESTRA matérialisera ensuite, Promises bâtit une immense plénitude au goût d’éternité se troublant quelquefois. Bien entendu, cette solennité à fleur de peau qui se déploie a une saveur particulière a posteriori, l’enregistrement renfermant à jamais les ultimes notes sur bande que joua SANDERS, interventions décisives qu’elles soient au saxophone (sublime mouvement 5) ou vocales (mouvement 4) et ajoutant une touche spirituelle non négligeable.

Atmosphérique, presque d’un abstrait psychédélique selon le mot de leurs deux contributeurs principaux, la pièce, conversation confidentielle initiale entre SHEPHERD et SANDERS, se construit petit à petit autour d’un thème principal joué par le jeune Anglais qui sera le fil rouge du voyage, un motif décliné sous diverses formes, jusqu’à atteindre un climax cancérigène au sixième mouvement, les cordes créant un instant de gravité sans nom. La redescente s’amorce alors, l’attente se muant en une torpeur anesthésiante croissante tissée via orgues diablement floydiens sur un huitième mouvement poisseux s’arrêtant brutalement. Mais ce sommeil n’était que léger, les deux dernières minutes avec l’orchestre sonnent comme un réveil en sursaut. Le final se crispe dans une ultime crise d’apoplexie ou plutôt un retour à la réalité après un hiatus d’une durée indéterminée.

Promises est une œuvre riche malgré son épurement apparent qui rencontra un succès critique surprise cependant totalement mérité. Instrumentale, silence et imagination y jouent un rôle prépondérant, à l’instar des influences dont elle paye le tribut : la musique répétitive de Terry RILEY entrant en collision avec le jazz improvisé des NECKS, le post-rock du TALK TALK final voire les œuvres classiques minimalistes composées par Arvo PÄRT ou Philip GLASS.

À l’épicentre de cet orage qui faisait rage, il n’était plus possible d’entendre les ultimes notes animant le dernier mouvement. Tiraillé entre d’inexplicables images d’un Jean-Paul Belmondo gravissant les collines sablonneuses de Zuydcoote et les éclairs aveuglants, un temps était nécessaire pour cette constatation implacable. La fenêtre avait été ouverte, le vent violent étant sans doute à incriminer.

Le professeur SANDERS n’était pas mort. Il était seulement plongé dans un profond coma.

A lire aussi en NEW-AGE/AMBIENT par K-ZEN :


Terry RILEY
A Rainbow In Curved Air (1969)
Cathédrales sonores




Bertrand CANTAT
Nous N'avons Fait Que Fuir (2004)
Trouble au monastère


Marquez et partagez





 
   K-ZEN

 
  N/A



- Pharoah Sanders (saxophone ténor, voix)
- Sam 'floating Points' Shepherd (piano, orgue, claviers, synthés)
- London Symphony Orchestra (cordes)


1. Movement 1
2. Movement 2
3. Movement 3
4. Movement 4
5. Movement 5
6. Movement 6
7. Movement 7
8. Movement 8
9. Movement 9



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod