Je sais bien, j’ai zappé la discographie de Daniel ASH… sortez les orties fraîches je mérite mon châtiment ! Les gothiques ne me le pardonneront pas ! Toujours est-il qu’après avoir sabordé l’iconique BAUHAUS, Peter MURPHY s’en est allé vers une carrière solo alors que les autres ont tenté une première aventure avec l’excellent Pop de TONES ON TAIL. Mais comme souvent dans les eighties tout ceci tourne court, les trois membres restants de BAUHAUS regroupent alors leurs forces et crééent dans la foulée le groupe LOVE AND ROCKETS dont voici le premier opus, et dont on sait déjà que Daniel et le bassiste David J se partagent le boulot du chant.

A la mi 85, nous avons le bonheur d’entendre le nouveau single du retour de Daniel ASH avec son nouveau groupe, une reprise des TEMPTATIONS avec "Ball Of Confusion", l’attitude punk du guitariste chanteur transforme le titre et le rend méconnaissable, un hommage sympa. Mais pas de surprise, les premières notes du single suivant nous confirment que le projet se situe dans un cadre bien plus pop que précédemment ! C’est "If There’s A Heaven Above"... bien sur il s’agit d’une pop qui a fortement le goût de post punk avec sa gratte grésillante, on y entend comme un solo de gratte de Daniel... je rêve ?

La douceur qui émane de "A Private Future" nous plonge dans des influences BEATLESienne de première bourre avec une guitare qui éclabousse tout de sa classe. On plonge dans un refrain qui doit tout au VELVET UNDERGROUND et à David BOWIE… La logique de nos musiciens n’appartient qu’à eux ! Ajoutez a cela une coda psychédélique et vous admettrez qu’on pourrait être totalement perdu ? Et bien non ! "The Game" nous ressort un peu de magie sombre avec cette ligne de gratte lugubre et le chant noirâtre de Daniel, la gratte dissone sur le bridge et l’ambiance est à se damner malgré l’année jeunette, un titre a beaucoup réécouter pour apprivoiser a fond, le titre de l’album pour moi. Les expérimentations reprennent avec "Inside The Outside" et sa gratte Ebow sorti en droite ligne de "She’s In Parties", ASH est connu pour ses rythmique punk et la maîtrise sonique adjacente.

David au micro nous balance "The Dog-End Of A Day Gone By" sur des percussions énormes de Kevin Haskins, l’ambiance rappelle l’icône du gothique, mais le titre s’étire un peu en longueur pour votre serviteur. L’éponyme "Seventh Dream Of Teenage Heaven" va faire sourire les détracteurs des eighties tant le son de la batterie et des synthés est kitsch ! Mais la gratte de ASH reste en place, maîtresse du son, un brin simpliste tout de même, mais on sent une tentation techno sur le bridge eh oui ! Les 8 minutes de "Haunted When The Minutes drag" annoncent le morceau de bravoure de l’opus. David y pose sa voix traînarde avec son habituelle maestria alors que sa basse pose une base évidente pour les circonvolutions de Daniel, et au final c’est Steve qui matraque sur ce titre bien allumé.

Nous avons deux instrumentaux : la belle guitare cristalline de "Saudade" flotte telle une nébuleuse astrale autour de nos esprits. On aime quand Daniel la joue charmeur, c’est un fait… Ne vous attendez pas a une avalanche de notes et contentez vous d’admirer la limpidité du jeu, c’est presque transcendant, voila une petite merveille mélodique ! "God And Mr Smith" est moins mémorable et se borne a aligner les poncifs des eighties avec des trademarks peu osés : synthés bontempi et bruitages divers.

Certes la tentation pop est là, mais les icones du gothic rock ont bien du mal à laisser de coté leur identité punk pour faire de la guimauve ! Le post punk y règne en maître au final car les structures créées et le chant restent rebelles et profondément subversifs. J’avoue ma préférence pour les titres composés par Daniel ASH et ce même si je trouve le jeu de basse de David J profondément attachant. Je suis sur un trois et demi mais il manque d’un titre supplémentaire fort pour atteindre le quatre.