Recherche avancée       Liste groupes



      
SMOOTH JAZZ  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1997 Flemington
2005 Out Of A Dream
 

- Membre : Bruce Springsteen

Danny FEDERICI - Out Of A Dream (2005)
Par MARCO STIVELL le 3 Septembre 2024          Consultée 372 fois

La discographie solo de Danny FEDERICI est un peu trompeuse. On voit quatre noms d'albums différents et on se réjouit, avant de comprendre que la moitié consiste en des rééditions des deux 'vrais'. Par exemple, Flemington, le tout premier de 1997, est réédité en 2001 sans titre, sous le prénom et le nom du musicien simplement, et avec juste un morceau inédit. Ensuite, en 2004, Sweet paraît sur un plus petit label, mais sans doute pour des problèmes contractuels, il ressort dès l'année suivante, 2005, sous le nom Out of a Dream et se trouve mieux mis en avant ainsi. Autant il aurait été dommage de passer à côté d'une identité si bien affichée pour un album comme Flemington, autant ici, on se contente très bien de Out of a Dream, même si le qualificatif 'sweet' lui convient. Et puis, on s'y attache en se disant que la vie lui a refusé tout suiveur.

Danny le Fantôme/Phantom Dan profite donc ici, tout comme ses amis du E STREET BAND, d'une nouvelle petite pause après la période The Rising (2002-2003) décidée par Bruce SPRINGSTEEN qui s'occupe de son troisième album acoustique (Devils & Dust, où Danny FEDERICI est d'ailleurs seul ancien du groupe crédité, même si pour un morceau unique, "Long Time Comin'", en dehors de dame Patti bien sûr). Cet album enregistré et mixé avec l'appui de la major Universal pour au final être sorti sur un label beaucoup plus discret (Random Notes) ne contient aucune participation du E STREET BAND contrairement à son prédécesseur. Et en plus, il n'est pas si 'solo' que cela : outre deux reprises, une des ROLLING STONES ("Miss You") et une autre de Bob DYLAN ("Knockin' on Heaven's Door"), la plus grande partie de la création comme de la réalisation contient l'empreinte de Michael Cates, saxophoniste (Aretha FRANKLIN etc.) qui joue également beaucoup ici.

Pourtant, c'est avec deux compositions communes mais sans sax que débute l'album. "Light Is Calling" ainsi que "Two Oceans", qui nous font d'ailleurs un peu craindre pour la suite des événements. Deux plages r'n'b au bon parfum 90's tardif mais pour des musiciens d'obédience jazz, FEDERICI lui-même quand il ne joue pas avec SPRINGSTEEN, donc intéressantes, quoique tournant un peu en rond. Les congas se joignent à la batterie pour la saveur latine (Sergio Gonzales à la batterie mais, surtout aux percussions, Daniel de Los Reyes du ZAC BROWN BAND), on note une bonne guitare en glissandos jouée par Jon Johnson, et bien sûr notre principal intéressé, plutôt au piano avec un très bel orgue sous-jacent qui remonte de temps en temps.

Sans folie, il y a quelque chose de doux et agréable. Mais heureusement, "Maya" arrive, avec une intro tellement proche de Bruce HORNSBY (à qui on pensait pour l'album d'avant) que c'en est désarmant. Une superbe déclaration d'amour, et unique composition solo de Phantom Dan ici, à son avenante troisième épouse, Maya Stendhal-Federici, en petit blues chaloupé sur lit de synthés-cordes (apport d'un certain Darwin Martin), contemplation musicale et sensuelle de premier choix. Les saxophones de Cates n'arrivent qu'avec le morceau suivant, la fameuse reprise de "Miss You", tube imparable des ROLLING STONES les plus pop et racoleurs mais que l'on adore. Ici, un groove funky s'ajoute, tout comme la voix plutôt timide de C. C. White, chanteuse souvent apparue alors comme choriste pour Joe COCKER notamment.

Comme souvent avec ces disques de jazz instrumental, le chant n'est pas en avant, clairement : c'est un accompagnement, et seulement pour le refrain, fugacement, un peu comme dans des versions karaoké. En tout cas, il n'y a que là que vous en entendrez, et bien moins que cette basse metallique en slap, par ailleurs pour une reprise fort sympathique. Celle de DYLAN, une chanson folk 'de stade' bien plus souvent rabâchée (impossible de remercier les GUNS'N'ROSES à ce sujet), se laisse également écouter. Les mélodies de saxos avec de bonnes parties d'orgue en contrechant, la batterie électronique couplée au piano digital lui donnent une certaine couleur, pas si malvenue. Il est de toute façon clair que ce jazz smooth élargi ne sera pas du goût de tout le monde, comme l'album !

L'album ne varie pas beaucoup dans sa réalisation, à l'image de "Flesh of the Morning" trop ressemblant aux deux premiers titres. Néanmoins, outre "Maya" et la reprise de "Miss You", les quatre derniers morceaux sont à l'avenant. "Venusis Pearl" offre un nouveau groove soigné dans une soul-pop du plus bel effet. Le solo de guitare y est très fin, et c'est le seul titre, hélas, où Danny ressort son accordéon. On ressent une belle complicité entre instruments, claviers et saxophones en particulier, sur "Out of a Dream" et "Fragments on an Afternoon", titres inspirés.

"Golden Apples", léché et sous forme de ballade plus tendre, avec une batterie savante, une guitare affûtée sur crème d'orgue, offre enfin une progression épique marquante. C'est une dédicace splendide à ses enfants cette fois, Jason, puis les petites Harvey et Madison, par un Danny FEDERICI comblé et visiblement heureux, père de famille aimant ces moments entre proches plus que tous autres, ainsi que de se balader le long du fleuve Delaware, passant pas très loin de Flemington, son chez lui dans le New Jersey ouest-montagnard. Voilà ce qui rend l'album si attachant, alors que, malgré ses qualités, il connaît une légère dispersion dans les influences autant qu'une perte d'entrain qui convenait tant au premier album solo, sans parler de l'accordéon (trop rare) et une si belle main mise que FEDERICI avait comme chef d'orchestre en 97.
Moins personnel, moins jouissif, Out of a Dream n'en est pas moins un disque à découvrir, bien mieux que moyen.

Hélas, encore une fois, c'est le dernier pour ce musicien si précieux qui connaîtra un dernier tour de force avec le E STREET BAND, en studio et un peu en live. L'album Magic paraît fin septembre 2007, une semaine plus tard le groupe part sur les routes pour une tournée colossale encore, mais Danny doit la quitter courant novembre, durablement. Atteint d'un mélanome (cancer de la peau), son combat avec l'appui de la médecine l'éloigne des siens, amis musiciens comme famille pendant des mois. Remplacé par Charlie Giordano (Pat BENATAR etc., déjà présent auprès de SPRINGSTEEN dans le SEEGER SESSIONS BAND) de façon bientôt définitive, Danny revient sur scène en mars 2008 pour quelques dates, avant que cette fichue maladie ne l'emporte le 17 avril. Sans cela, il aurait continué, comme tout le monde au sein du E STREET BAND ; en tout cas, une association luttant contre le mélanome poursuit sa démarche de ce côté pour d'autres victimes et porte son nom. En 2009, sur Working on a Dream, la dernière chanson "The Last Carnival" - merveilleuse - lui est dédiée, avec Jason Federici, le fiston, pour jouer de l'accordéon.
Le Boss a perdu celui qui, malgré une amitié houleuse pendant longtemps, demeure si cher et, à ses yeux, le musicien le plus intuitif qu'il ait côtoyé. Même plus tard, dès 2011 pour la seconde perte inestimable avec la mort du saxophoniste légendaire, Clarence 'Big Man' Clemons, il a pu encore donner une belle 'illusion-crédible' en son comme en présence physique avec Jake, neveu de l'intéressé. Pour Danny FEDERICI, musicien plus effacé, cela semble bizarrement plus dur. Il n'y a qu'à écouter un morceau comme "Two Hearts" en live, avant et après 2008. Et, parmi les nombreux commentaires intelligents que beaucoup de fans laissent sous les vidéos de SPRINGSTEEN, l'un d'entre eux dit tout en quelques mots : "Charlie (Giordano) est super, mais il n'y a qu'un seul Phantom Dan".

Note réelle : 3,5

A lire aussi en JAZZ par MARCO STIVELL :


Danny FEDERICI
Flemington (1997)
Le taciturne parle beaucoup mais bravement




Bruce HORNSBY
Harbor Lights (1993)
Pat Metheny, Branford Marsalis, Phil Collins...


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Danny Federici (piano, orgue hammond b3, accordéon)
- Michael Cates (saxophones, guitare)
- Darwin Martin (claviers, cordes-synthé)
- Juan Van Dunk (basse)
- Sergio Gonzales, Brian Patridge (batterie)
- Daniel De Los Reyes (percussions)
- Todd Parsnow (guitare)
- Jon Johnson, John Hauser (guitares)
- Cc White (chant)


1. Light Is Calling
2. Two Oceans
3. Maya
4. Miss You
5. Fragments Of An Afternoon
6. Venusis Pearl
7. Golden Apples
8. Out Of A Dream
9. Flesh Of The Morning
10. Knockin' On Heaven's Door



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod