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1997 Flemington
 

- Membre : Bruce Springsteen

Danny FEDERICI - Flemington (1997)
Par MARCO STIVELL le 6 Mai 2024          Consultée 211 fois

Danny Federici est l'un des éternels beaux gosses du E STREET BAND qui n'en manquait pas, avec leur leader Bruce SPRINGSTEEN en tête, au même titre que de musiciens doués. Le Boss et son 'orgaccordéonniste' fétiche (du moins, jusqu'à sa mort trop prématurée d'un mélanome en 2008) ont d'ailleurs très vite fait leurs armes ensemble, plus qu'aucun autre membre durable du groupe, à l'exception de Steve Van Zandt/LITTLE STEVEN, et dès la fin des années 60. Bruce présente souvent Danny Federici comme natif qu'il est de la petite ville de Flemington, New Jersey, pour bien montrer qu'il est du même état mais pas du même bord : l'un est plutôt du littoral océanique, l'autre des montagnes, sur les contreforts des Appalaches où il y a peu de concentration humaine alors que, sur une carte, New York et le reste ne semblent pas si loin. Est-ce ce dernier détail qui fait de lui l'un des taciturnes du groupe ? En tout cas, Flemington a marqué les esprits pour le jugement du meurtrier du fils de l'aviateur Charles Lindbergh, mais aussi plus tard sur une scène rock, parce que Danny Federici y est né. Lui-même a aussi eu quelques démêlés avec l'ordre établi, dans sa jeunesse mais de façon beaucoup plus légère. Un soir, lors d'un concert de Bruce avec le E STREET BAND, la police venait juste d'arriver pour chopper d'autres concernés que lui s'était déjà éclipsé on ne sait comment ni où. D'où son surnom très officiel : Phantom Dan.

C'est l'un de ceux avec lequel Bruce a eu le plus de difficultés, sur le plan relationnel, malgré leur forte amitié, notamment à cause d'entêtements désinvoltes sur le plan musical que le Patron, sûr de lui, supportait mal. Néanmoins, Danny a toujours gardé son fauteuil et de main de maître, en haut à gauche sur scène, séparé du pianiste Roy Bittan par la batterie de Max Weinberg. Son orgue Hammond toujours bien placé casse tout autant la baraque que le sax de Clarence 'Big Man' Clemons ou la guitare de Nils Lofgren, sauf que les soli sont rares. Il suffit d'écouter le background de dingue, bien plus qu'un simple accompagnement de chanteur-guitariste icône. Pour certains (inutile de dire qui), le meilleur après le Boss, c'est lui. Et puis il y a le glockenspiel, ce petit son clair restitué par Danny, qui offre la brillance supplémentaire au rock, sans parler de l'accordéon, plus rare mais indispensable sur "4th of July, Asbury Park (Sandy)", ballade mythique des débuts, comme sur tant d'autres moments acoustiques ultérieurs. D'ailleurs, dans le livret de son premier disque solo en 1997, Danny le taiseux en paroles se fait aussi bavard en écriture qu'en notes, remerciant particulièrement sa mère Jean de lui avoir payé, enfant, des cours d'accordéon, à travers une existence très vite marquée par l'absence de père, à l'inverse des problèmes d'argent.

L'album s'appelle Flemington, de façon très identitaire pour Federici. On connaît son rôle au sein d'une bande de musiciens-stars, mais celle-ci s'est disloquée en 89. Lorsque Bruce engage Danny pour quelques nouvelles expériences durant les années 90, c'est pour les très belles nappes synthétiques, majoritairement, de l'album acoustique The Ghost of Tom Joad (1995), la B.O du film Dead Man Walking/La Dernière Marche l'année suivante. Mais ces idées sont simplistes, discrètes et le bonhomme a besoin d'autre chose. En 1997, il montre donc enfin son nom sur un disque et son amour pour le jazz. Il s'agit d'une musique totalement instrumentale où les goûts et le phrasé de Phantom Dan peuvent s'exprimer librement, avec l'appui de musiciens amis comprenant les bien connus Garry Tallent et Nils Lofgren du E STREET BAND, qui 'tournent', afin de ne pas donner l'illusion d'un groupe à part entière sans doute. Le seul autre permanent est le batteur Tony Braunagel (Eric BURDON, avec l'ex-FREE Paul Kossoff dans BACK STREET CRAWLER puis au sein du PHANTOM - tiens ! - BLUES BAND pour TAJ MAHAL puis Rickie Lee JONES etc.).

Il s'agit d'un disque de musicien qui se fait plaisir et dirige une bonne gross jam avec ses copains, mais tout attiré par le jazz qu'il est, Federici fait surtout le sien. La durée de Flemington atteint une petite cinquantaine de minutes que l'on ne voit guère passer, même pour un non fan de cette musique, voire quelqu'un qui la fuit. Certes, c'est de la récréation musicale mais jamais excessive ni ennuyeuse, pas 'free' pour un sou et au contraire mélodique à souhait, virtuosement cadré, se donnant l'espace qu'il faut, y compris au moment des solos. Les morceaux peuvent se terminer brusquement ou par des fade-out/volumes baissants, ils ne laissent jamais une sentiment de frustration ni de trop plein. C'est un des disques à recommander pour cela, pour initier un néophyte à une musique riche au travers des mots accessible, plaisant et consistant.

La basse scolaire de Jim Hanson (qui est aussi sur un titre du Ghost of Tom Joad) sur "Flemington", le morceau-titre, se fond dans les descentes de piano fournies - modèle acoustique mais il y a aussi du digital encore d'époque manifestement -, et avec un brin de glockenspiel, seule fois pour cet album. Un joli titre, tout comme le final "Pennsylvania Minutes", slow mené par l'orgue Hammond et un son synthétique de hautbois, avec une batterie en mode caisse claire militaire à l'avant et renforçant la sensation d'hymne. Les guitares sont partagées entre la nervosité contenue et lyrique de Nils Lofgren pour deux titres, trois pour le tout aussi excellent John DeFaria (MIAMI SOUND MACHINE, George DUKE, David FOSTER etc), plutôt adepte de roulements en finesse comme sur "Egg Beater", superbe avec l'accordéon. Outre le piano digital, le saxo de Joe Sublett (ami du batteur au sein du PHANTOM BLUES BAND) sur deux titres ainsi que la basse fretless et slapée de Shen Schroek (plus tard avec Kenny LOGGINS, TOTO) sur plusieurs ne sont pas du goût de tout le monde, mais difficile d'en faire le reproche.

Et ça, c'est sans doute grâce au principal intéressé. Phantom Dan prouve diverses facettes de son talent, que ce soit entre les notes longues ou le piano qu'il égrène parfois avec le même panache que son collègue du E STREET, Roy Bittan. Avec pareille brillance et cette envie d'y mêler de belles nappes rêveuses (l'intro de "Sea Bright", parmi les titres les plus réussis), on pense forcément à Bruce HORNSBY mais avec moins de liberté revendiquée, au contraire davantage accordéon folk des plus élégants, et puis il y a l'orgue Hammond (ou rarement Farfisa). Le brumeux et urbain "A Doorman's Life" en est imprégné avec justesse, tout comme des guitares de Lofgren. Les ambiances latinos sont franchement sympathiques, de "My Little Cow" jusqu'à "In the Next Five Minutes" avec un saxo tirant vers le Big Man Clemons, et la basse de Garry Tallent. Ce dernier joue aussi sur la superbe "Round and Round", ballade nostalgique et sucrée qui peut rappeler certains efforts de SPRINGSTEEN en la matière, comme "Point Blank". Bref, sans rock, oui mais à ne pas manquer.

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   MARCO STIVELL

 
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- Danny Federici (pianos, claviers, accordéon, synthétiseurs)
- Tony Braunagel (batterie, percussions)
- John Defaria, Nils Lofgren (guitares)
- Shem Schroeck, Jim Hanson (basse)
- Garry Tallent, Alfredo Fettucini (basse)
- Charles Slone (percussions)
- Joe Sublett (saxophone)


1. Flemington
2. Mingle-mangle
3. My Little Cow
4. Mr. Continental
5. Carousel Breeze
6. Egg Beater
7. A Doorman's Life
8. Sea Bright
9. Round & Round
10. In The Next Five Minutes
11. Pennsylvania Minutes



             



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