Bon sang ne saurait mentir… Devon est né fils de Gregg au patronyme légendaire, et comme mon regretté confrère Bayou vous l’a expliqué au cours de ses trois premières chroniques de l’artiste, est devenu guitariste chanteur. Etonné par cette photo de couverture qui nous montre un Devon déjà âgé de 52 printemps, dans une pose pour le moins nonchalante et les yeux fermés, ce rose assez soutenu étant un choix rare pour un tel genre de musique. Il s’agit du seulement quatrième album de Devon ALLMAN en solo, ce depuis 12 ans, c’est peu.

On sent toute l’influence de CLAPTON a la fois sur le style et le chant de "White Horse", le titre d’introduction, quelques éléments funky et une vibe pop avec des percussions tribales. Un brin simpliste mais pas désagréable, le refrain se laisse bien écouter. Des saxophones sont a la manœuvre sur "Sahara", a nouveau le travail a la guitare évoque fortement CLAPTON, s’en est étrange même si on sait que Eric a bercé l’enfance de Devon, le titre vaut donc pour son très long solo de gratte et ses diverses digressions. A nouveau beaucoup de percussions, comme si Devon avait soudainement traversé le golfe des caraïbes de Corpus Christi a Cuba… On reste certes médusés mais on se souvient alors de l’éclectisme avec lequel notre homme a été élevé.

On rentre dans une vibe AOR sur "Incredible", des choeurs évident et tout ceci est taillé pour la radio. Ce titre m’évoque plus FLEETWOOD MAC ou même la carrière solo de Stevie NICKS que les ambiances enfiévrées du gang de Jacksonville. Le propos se durcit un peu avec "Climb Aboard", et un refrain qui fait la part belle a une certaine agressivité, j’y entends quelques notes de IRON MAIDEN d’ailleurs… Peu importe le résultat est assez sympa et reste original, d’autant que l’animal balance un jolie solo de gratte juste derrière.

Un orgue terriblement funky déboule sur l’instrumental "Take Time To Taste It", un look qui me rappelle un autre texan : l’albinos Edgar WINTER et ses rythmes tresauttants, alors que le solo convoque les mânes de Stevie Ray VAUGHAN...Oui on reste au Texas ! On intègre un chant encore plus pop sur "You", avec quelques intonations certes funky, mais l’ensemble surprend par son ton très mainstream. On retient essentiellement l’intervention de Devon a la guitare légère et fluide. L’orgue doit autant a Gregg ALLMAN qu’à Stevie WONDER sur "Body Electric", le refrain manque un peu de niaque cela dit et le titre est un poil linéaire.

L’éponyme "Miami Moon" propose une guitare folk de belle allure, avec des inflexions à l’orgue qui portent le sceau de papa Gregg. Le refrain me semble quelque peu "dormant" et l’atmosphère , qui se veut langoureuse est plutôt mollassonne. Et finalement, un peu d’ambiance plus bluesy avec le lent "You Gotta Make It Through The World", on pressent toutes les influences latentes ou réelles sur ce titre de Paul BUTTERFIELD à James BROWN, je sais : on fait un putain de grand écart, mais c’est ainsi que Devon a été élevé.

Il est donc finalement ardue de donner une direction évidente ou même Claire a cet opus, car les influences de Devon parlent tout du long avec beaucoup de force, et elles sont très diversifiées. Cependant le ton général est plutôt cool, nous sommes loin du ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD dans lequel il a acquis ses lettres de noblesse. Je déplore un manque certain de force, mais qui est indéniablement remplacé par un ton laidback bienvenu. Je ne peux rester que sur un trois, la musique est agréable mais pas un seul titre ne dépasse.