Devon ALLMAN s’est donc (re)mis à son compte, après avoir quitté ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD en 2014, et immédiatement enchaîné les tournées aux USA et en Europe avec son groupe composé de Bobby Schneck Jr aux guitares, Steve Duerts à la basse, et Anthony Nanney à la batterie. Toutefois aucun de ses « musiciens de scène » ne jouent sur le nouvel album Ride or Die, tradition assez courante d’ailleurs chez beaucoup d’artistes qui préfèrent enregistrer avec des musiciens plus habitués au travail de studio qu’avec leur groupe de scène.

L’album a été enregistré en mai 2016, à Nashville (Tennessee) avec Tyler Stokes (Delta Sol Revival) à la guitare, Steve Duerst à la basse, Ron Holloway le saxo bien connu des amateurs de Gov’t Mule, Bobby Yang au violon qui jouait déjà sur l’album Space Age Blues, et Kevin McKendree aux claviers qui a joué avec Brian SETZER et George THOROGOOD. Tom Hambridge est, comme sur l’album précédent, à la batterie et il coproduit avec Devon tout en participant également aux compositions. Le premier titre "Say Your Prayers", comme son nom l’indique déboule avec un riff de guitare bien lourd, spécialité de la maison Devon, on y retrouve l’énergie et la générosité déployées en live. On s’aperçoit d’ailleurs que Devon a trouvé un son personnel qui couplé à son timbre de voix en font sa marque de fabrique, avec des morceaux estampillés tels "Pleasure & Pain". Cet aspect-là qui était déjà présent dans ses compositions au sein de ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD, pousse le groupe vers un blues-rock costaud et revendiqué, au détriment de son héritage filial lié au southern-rock. C’est efficace, puissant et bien représentatif de l’énergie déployée en live.

Pourtant, Devon propose aussi d’autres aspects de sa musique avec "Lost", un morceau acoustique souligné par la wah-wah, particulièrement réussi, ainsi que "Watch What You Say" dans lequel le saxophone de Ron Holloway impègne une couleur différente à la musique (inspiré de Jimmy Carpenter l’excellent sax de son ex compère de RSB Mike Zito ?). Superbe morceau aussi ce "Live From The Heart" basé encore sur une trame acoustique. "Butterfly Girl" est encore plus étonnant avec le violon de Bobby Yang qui se pose délicatement sur la guitare acoustique avant une accélération du tempo et un final plus musclé. L’album souffre, peut-être, du manque de temps pour le peaufiner, coincé entre deux tournées et enregistré en une semaine. "A Night Like This" et "Vancouver" ressemblent plus à une belle jam qu’à des pièces abouties, comme s’il fallait "rentabiliser" la présence de Ron Holloway qui souffle sur les deux titres.

On peut aussi regretter que cet album ne soit pas (encore ?) interprété en live mis à part "Say Your Prayers" comme si Devon ne souhaitait pas jouer des morceaux plus calme. En effet il ne joue jamais de guitare acoustique (alors que sur l’album elle est très présente sur plusieurs morceaux) préférant un répertoire basé sur des morceaux plus rocks et des cover comme "No Woman, No Cry" ou "One Way Out". Ce choix, que l’on peut à la limite admettre chez des vieux de la vieille comme ZZ Top ou Clapton s’explique difficilement pour un musicien qui sort un nouvel album tous les ans et qui tourne aussi beaucoup. Peut-être faut-il couper le cycle infernal des tournées, prendre le temps de renouveler et de répéter un nouveau répertoire… En attendant il reste l’album à écouter….