En 2023, Scott AMPLEFORD, synthésiste et compositeur britannique, coréalise le moyen-métrage Spiral To The Center (2023) avec Alisa Stern. C’est l’histoire d’un chroniqueur et créateur de podcasts musicaux qui découvre par inadvertance l’histoire d’un label oublié des années 1970. Scott AMPLEFORD joue le rôle principal, compose la bande originale du film et en tire un album éponyme (2023), la trente-et-unième de ses publications depuis 2014.

Scott AMPLEFORD a donc composé l’album suivant, Vortex, comme s’il s’agissait de l’un des albums électroniques du label perdu qui est le sujet du film — les quatre premières minutes de Vortex sont présentes dans la BO de Spiral To The Center, et l’album entier fait manifestement partie des nombreuses pistes composées pour les besoins du projet avant la sélection finale pour la tracklist, le reste de la bande originale étant nettement plus électrique et variée. Pour ce faire, il utilise des instruments d’époque (le Mellotron), des émulateurs de synthétiseurs vintage (comme le Behringer 2500 qui est une 're-issue' du semi-modulaire ARP 2500, ou le Waldorf Streichfett qui émule les cordes de type Solina), des claviers plus ou moins récents (Roland Juno 6, Arturia MiniBrute), ou encore des modules informatiques (de la gamme synthesizers.com). Force est de reconnaître que malgré (ou grâce à) la grande propreté de la production et l’utilisation en grande partie de matériel moderne, c’est très crédible. Tout est fait pour coller à l’esprit de la musique électronique des années 1970, jusque dans la pochette (à la SCHULZE) et la structure en huit parties sans titre (à la JARRE).

Le problème est que cette démarche pâtit d’un certain excès de zèle. Cet album donne trop souvent l’impression d’un travail 'à la manière de'. Pas de soucis en ce qui concerne la séquence et la très lente mélodie schulziennes de la partie VI. Passent encore les citations de TANGERINE DREAM: l’intro de la partie I rappelle l’ouverture à la basse de Ricochet (1975), le début romantique de la partie VII renvoie à la toute fin de Cyclone (1978). En revanche, plusieurs passages sont des quasi-plagiats de Jean-Michel JARRE: la partie II est un douteux mélange d’Oxygène II et IV, les chœurs d’Oxygène II s’échouent sur la partie VII, la partie V juxtapose abruptement une séquence décalquée sur celle d’Équinoxe VII, et à divers endroits des références bien épaisses à Oxygène I (son de basse et montées harmoniques inclus). Certaines transitions, comme les nappes de bruit blanc entre les parties VII et VIII, sont également très connotées.

Vortex pèche donc par manque d’originalité. Les influences se télescopent sans vraiment s’accorder, et on reste sur sa faim. C’est dommage parce qu’il y a un réel effort de reconstitution sonore, et que par moments Scott AMPLEFORD n’hésite pas à vraiment sortir des sentiers battus, comme sur la première moitié du mouvement VII, partiellement acoustique. Il s’agit d’un album intéressant en soi, mais frustrant quand on le replace dans le contexte de l’âge d’or de la musique électronique.