Pour son troisième album, Didier BOCQUET se fait publier pour la première fois par le label indépendant britannique Pulse, lequel a entre autres édité le Re-Entry (1980) de WHITE NOISE et réédité trois des albums solo de Richard PINHAS. L’électronique digitale est en marche mais il faut que transition se fasse. Si Klaus SCHULZE ou David VORHAUS ont déjà adopté les synthétiseurs numériques, Didier BOCQUET perfectionne sa pratique de la musique électronique analogique avec Sequences et l’album suivant Pictures Of Life.

Le titre est ici à prendre au sens large. Il y a non seulement les séquences de 'riffs' produites par le séquenceur, mais aussi les effets sonores, les incises mélodiques répétées et les schémas harmoniques, auxquels participent l’ensemble de l’instrumentation, des nappes aux leads, jusqu’au piano de "Through The Past". Ill faut dire que le sujet est maîtrisé, cet album est de toute beauté : l’introductif et mélancolique "Through The Past", l’émouvant "Without Apparent Limits" (en premier lieu la sublime partie 1), le sinistre "Garden Of Shadows" qui est une réminiscence de la suite "Iceland" (1979) de Richard PINHAS, le grandiloquent "Like Magic", les contemplatifs et grandioses "Himalayas" et "Nostalgia". Le son d’ensemble, feutré et profond, très plein, se distingue de celui limpide de Voyage Cérébral (1979) et fait le charme de ces Sequences.

Des variations peuvent intervenir dans lesdites séquences : ramassement de la nomenclature à la fin de "Without Apparent Limits (part 1)", décalage accidentel au cours de "Through The Past", apparition du séquenceur au milieu de "Nostalgia". Le vocoder fait sa première apparition, en superposition sur "Short Winding", en fonte dans la trame rythmique de "Nostalgia" ou en narration introductive à "Without Apparent Limits (part 1)". "Short Winding" saisit et surprend par son séquençage très net, complexe et rapide, en total contrepied du reste, une voie qui malheureusement ne sera pas poursuivie plus avant. Malgré l’écrasante domination du mode mineur, cet album ne souffre pas de longueurs, grâce à une étonnante variété d’ambiances et à la musicalité de Didier BOCQUET.

Sequences n’est pas le genre d’albums à accrocher immédiatement et irrésistiblement l’oreille comme le feraient Erebus (1982) de ZADRI & MO ou encore Back To Earth (1987) de Patrick MIMRAN par exemple. Il s’agit pourtant d’un album de qualité, recommandable à tout amateur de musique électronique.