J’étais impatient de découvrir ce Made In China qui avait été précédé par deux singles très convaincants : les humoristiques et irrésistibles "Qui complote" et "La course aux armements". Deux morceaux, très différents l’un de l’autre, mais tous les deux dotés d’une ritournelle assez simple et efficace. Et surtout des textes très bien ciselés, aussi musicaux qu’intéressants. C’est dire si mon niveau d’attente envers ce qui est leur troisième album était fort.

Et je dois avouer que j’ai été déçu par l’album, un terme qui ne correspond d’ailleurs pas très bien à ce recueil de titres très disparates et différents les uns des autres.
En effet, pour ce qui est de la variété, le compte y est. A l’image du titre "Woke Wog", Made In China est un grand melting-pot pas toujours facile à digérer et a appréhender.
A chaque nouveau morceau ce sont des influences différentes qui viennent envahir notre esprit. Certaines sont évidentes, d’autres plus ardues à reconnaitre. Et à chaque fois il n’est pas facile de déterminer si nous sommes dans le pastiche, dans l’hommage, dans la coïncidence ou le clin d’œil.
Difficile, en effet, de ne pas voir dans "Du coup", l’inspiration provenant du "Bonjour" de VLAD. Cela est tellement évident. De même, le parallèle entre "Made In China" et le WU-TANG CLAN ne peut être manqué tant le duo utilise le même style saccadé et très rythmé du WU-TANG, qui est d’ailleurs cité dans le morceau.
Et ce sentiment de trouver derrière chaque morceau le style d’un artiste se reproduit tout au long de l’album, sans que l’on sache si cela est volontaire ou fortuit.

Difficile de ne pas associer "La face" au style d’ASSASSIN. Dans "Same Same" c’est le chant qui évoque parfois le chant masculin de SHAKA PONK. "Tattoo" ressemble à un mix entre KAMINI et STROMAE avec des références ouvertes à Richard GOTAINER. Certaines parties de "Woke Wok" possède des accents de ZEBDA…
Et ainsi de suite. Ce qui fait qu’à chaque morceau on perd ses appuis et on doit se réadapter à de nouvelles ambiances, de nouveaux univers musicaux. Quel lien, en effet entre le Rap "Ping Pong", les ambiances indiennes de "Woke wok", et la structure chanson française à la ARTHUR H de "La course aux armements"  ?
Vraiment aucun. Et c’est très déconcertant.

Pourtant, on peut trouver de nombreuse belles choses dans ce disque. A commencer par les deux titres mentionnés en introduction : "Qui complote", avec sa petite ritournelle et son chant légèrement enfantin est efficace et agréable. Alors que "La course aux armements", bien plus emphatique et mélodieux se montre tout aussi charmeur. Ces deux morceaux sont au surplus dotés de textes intéressants et bien troussés. On trouve là, un des autres atouts de cet album : la qualité de certains des textes. Que ce soit "Du coup", qui brocarde les tics de langage à la mode, ou bien "Face" qui traite de l’industrie musicale.
Mais au final, et s’il possède de nombreux atouts, ce Made In China est bien trop décousu et déconcertant pour parvenir à me charmer sur la longueur.