Jelly ROLL, un drôle de nom qui fait plutôt penser à un bonbon qu’à un chanteur, et pourtant derrière ce pseudonyme se cache bien le countryman Jason DeFord. On entend de plus en plus parler de lui depuis ces dernières années, après le succès de titres comme "Son Of A Sinner" et "Need A Favor". Pris dans les affres de la drogue et de l’incarcération depuis ses plus jeunes années, le chanteur sort cet automne son dixième album, Beautifully Broken, un titre qui laisse présager une forme de quête de rédemption.

À l’image de son pote Post MALONE, le son de Jelly ROLL navigue entre country, hip-hop et rock du sud. Les deux artistes ont pas mal de points communs, non seulement dans les genres qu’ils privilégient, mais aussi en termes de sujets qu’ils abordent : beaucoup d’amour, parfois déchu ; mais surtout le thème de l’addiction. La chanson d’ouverture, "Winning Streak", est une petite ballade aux chœurs soul où Jelly ROLL revient sur ses expériences passées (I haven’t touched a drop in seven hours, three minutes/Hardly sobered up, already wanna quit quitting).

Une petite cargaison de chialantes plus tard ("Unpretty", "Grace", "My Cross", "Little Light", "Time Of Day", "Guilty", "Hey Mama") dont on ne garde pas grand chose à l’exception peut-être des jolies mélodies présentes sur "Everyone Bleeds", du côté plus atmosphérique de "When The Drugs Don’t Work", de l’instrumentation davantage soft rock du duo avec le rappeur Wiz KHALIFA "Higher Than Heaven" ou l’ambiance bluesy plus sensuelle de "Woman".

Les capacités vocales du chanteur de 39 ans ne sont pas remises en question mais sincèrement, c’est un peu toujours la même chose musicalement. Par contre, ce qui saute aux oreilles, c’est le parcours atypique de Jelly qu’il retranscrit sans filtre mais avec une poigne et une honnêteté sincères. Il nous dévoile ses douleurs et ses failles, comme sur le single "I Am Not Okay", encore une énième ballade sur laquelle il retrouve l’espoir face à la dépression.

Il y a un sens du songwriting certain dans le travail de cet artiste qui a grandit à Nashville, et une énergie plutôt sympa dans ce style hybride qui le caractérise. On retrouve une dynamique plus country sur des morceaux comme le frénétique "Get By", "Heart Of Stone" ou sur le single "Liar". Country-pop, "Burning" est une très jolie chanson où Jelly ROLL démontre que malgré les stigmates de son passé, la foi est toujours là, au centre sa guérison (Angels only meet you where you are/And I’m in the dark/At least for now, Lord, I ain’t losing hope).

Les sonorités pop sont à l’ordre du jour sur une grande partie de ce long projet, par exemple avec "What It Takes", "Hear Me Out" et "Smile So Much", que des chansons qui sont d’un intérêt assez moyen. Je retiens en particulier le tempo hip-hop de "Born Again" et l’interprétation à la cool du chanteur, ça change un peu ! "What’s Wrong With Me" sort un peu plus du lot grâce à ses refrains à l’esprit soul et une écriture à travers laquelle on découvre une fois de plus que Jelly ROLL est un colosse au cœur tendre (Covered my arms up with cursive/To cover the thoughts I was cursed with).

Beaucoup de guitares acoustiques et de violons pour des instrumentations assez classiques, une voix et une présence qui portent, sans parler d’une sensibilité authentique ; des éléments qui séduisent un public de plus en plus large, ok, mais soyons francs, Jelly ROLL fait de la belle musique et passe certainement très bien à la radio… mais encore ? Beautifully Broken tire beaucoup trop en longueur pour moi et ne sort pas suffisamment des sentiers battus mais je monte la note de 2,5 au dessus, pour le message de résilience véhiculé par cet album prolixe mais ultra accessible qui nous rappelle qu’il existe toujours une seconde chance.