Toutes les légendes et autres mythiques idées que nous nous faisons sur le southern rock finissent bien par trouver leur raison d’être lorsqu’après une bien longue carrière, les deux frangins VAN ZANT se retrouvent pour leur 7ème contribution fraternelle après les arrêts de 38 SPECIAL et de LYNYRD SKYNYRD : oui ça fait peur … non ce n’est pas contagieux ! Et si vous vous demandez si finalement l’attrait pour la bouteille de Gary ROSSINGTON nous a sauvé d’un tribute band à Jesus Christ, et bien il semblerait que la réponse soit oui ! Voyez donc cette pochette. Que s’est-il passé dans la tête de Donnie et de Johnny alors qu’ils sont tous les deux plus que sexagénaires ? L’approche de leur fin de vie respective ? Une illumination subite ? Le southern rock est connu pour prêcher la dualité Gods and Guns comme le disait l’un des derniers LYNYRD, mais là nous sommes tombés dans le grand délire lithurgique.

Ce qui ne signifie pas que la musique sera de mauvaise qualité, nous sommes en droit d’attendre de jolies pièces de la part des deux blondins. Je vous préviens cependant : n’essayez pas de vous pencher sur les paroles sous peine de vous transformer en grenouille de bénitier dans l’heure. Johnny décrit la foi qui lui tombe sur le rable sur "Awesome God". C’est très américain, le monde est blanc ou noir. On attend le retour de Jesus – Heu... de chicago ? – c’est hyper important pour Johnny. "There You Are" évolue dans une veine simili pop qui rappelle à bien des égards les groupes chrétiens. C’est gentil gentil mais les harmonies se tiennent, alors que Mark Matejka fait le job à la gratte comme on s’y attendait.

L’ambiance de "It’s Up To You" est propice au recueillement lithurgique, c’est la chute de Satan à l’envers, comme une ascension magique vers le paradis, si l’on en croit nos frangins. Un drame. Johnny continue son prêche sur "Speak His Name" dont le propos reste délirant. Mais cette fois, la musique ne se signale pas par son originalité. On atteint parfois les tréfonds de la grotesquitude, comme les accents larmoyants de "Leaning On The Cross". Je sais pas quoi dire, faire du prosélytisme à ce point ! Les petits frères de Ronnie VAN ZANT se déclarent de petits garçons à nouveau sur la trépidante "Stand Up", pas désagréable ! "Warrior" serait sympa si on n'entendait pas toutes les trois secondes le nom de notre sauveur.

Alors a la question existentielle de "que faisons nous donc tous ici", notre fratrie Floridienne a décidé d’apporter une réponse toute de bondieuserie vêtue sur "Why God Brought Me Here" avec un piano dégoulinant et des grattes qui se veulent crépusculaires. Et si la fusion des deux voix sonnent bien en revanche, le ton est résolument pop, dans une veine AOR assez désuète pour notre époque. Le hard rock a déjà évoqué les prières on se souvient de METALLICA jouant au prêcheur d’opérette sur "Enter Sandman", mais avec ce "Praying" nous touchons a un tout autre domaine…

Une ode au sauveur "Jesus Christ" orne gracieusement cet opus.. Je me prend a regretter les images de SLAYER concernant ce brave révolutionnaire du temps de Ponce Pilate dont Flavius Josephe nous a gratifié de quelques lignes. Notre Johnny l’annonce : il était prévu qu’il devienne Pasteur… ça fout les jetons non ? Cette capacité d’inclure alcool, Jesus et les armes a feu au même endroit ne lasse de m’étonner. Cela nous donne "In Love With My Jesus", et à cet instant on se prend a regretter que Jesus si bien parti de Chicago pour arriver a la Nouvelle Orleans dixit les saintes écritures du révérend Willie G GIBBONS, ait jugé bon de tourner vers l’est avant d’arriver a la cité francophone de Louisiane ! Ca craint !

Je pensais pouvoir faire abstraction de la bondieuserie affichée sur ce disque, mais non en répétant 30 fois par titre le nom du fils de notre seigneur pour les croyants, ou du crucifié sous Tibère pour les non croyants, l’album se perd dans les abysses du radicalisme religieux le plus éhonté. Toute capacité a entendre de la bonne musique étant désormais impossible me voila obligé de mettre le 1 de circonstance pour cet opus des frangins VAN ZANT. Il n’y a pas de mal a avoir la foi qu’elle que puisse être sa foi… Profiter du statut des supers groupes du southern rock pour l’afficher à un tel point me semble une démarche très hasardeuse.