Si on m’avait dit que les BAD RELIGION débouleraient sur Forces Parallèles via un E.P de Noël, jamais je ne l’aurais cru ! (Il aurait déjà fallu pour cela que je sache qu’ils en aient fait un)

Vétérans de la scène punk – ils se sont formés au début des années 80 ! –, les Californiens ont su s’imposer comme un des groupes les plus malins du hardcore dit mélodique, via le contenu toujours intelligent et réaliste concernant les sujets de société asséné de la voix si emblématique de sa plume Greg Graffin appuyée par des chœurs omniprésents et un son de qualité plutôt accessible. C’est également l’avis du public, fidèle à travers les différentes décennies, achetant sans ciller leurs disques qui sortaient régulièrement sur leur propre structure Epitaph, créée par le guitariste Brett Gurewitz et devenue une référence dans son domaine, signant notamment The OFFSPRING, RANCID ou NOFX.

Courant 2013, BAD RELIGION était alors structuré en quintet : Gurewitz avait fait son retour depuis plus de dix ans après quelques bisbilles entre lui et Graffin à propos de la consommation de stupéfiants du guitariste ainsi que la décision jugée vénale de quitter Epitaph, cependant sans que Brian Baker, son remplaçant naturel aperçu chez DAG NASTY ou MINOR THREAT ne soit poussé vers la sortie. Toutefois, le batteur Brooks Wackerman vivait ses dernières heures au sein du collectif, ne tardant pas à bientôt privilégier d’autres projets.

La formation californienne avait auparavant interprété plus d’une fois des chansons de Noël mais jamais envisagé sérieusement jusque là d’en réaliser un enregistrement complet. Jusqu’à 2013 où ils franchirent le pas, produisant l’E.P Christmas Songs sur la jaquette duquel figure un jeune orphelin recevant de nouvelles chaussures de la part de la Croix Rouge Américaine, cliché pris par Gerald Waller en Autriche courant 1946 et intitulé New Shoes.

"God Rest Ye Merry Gentlemen", "What Child Is This ?" ou encore l’unique composition originale "American Jesus" conviant deux anciens membres du gang, constituent un trio d’étoiles polaires parmi les neuf chansons saisonnières présentées ici, dont un certain nombre de traditionnels. Certaines comprennent des éléments du folklore punk inattendus tels le rythme de "I Wanna Be Sedated" des RAMONES structurant "White Christmas" ou le "California Uber Alles" des DEAD KENNEDYS forniquant soudain avec "Little Drummer Boy". Quoi qu’il en soit, ces vingt minutes capturent excellemment l’esprit de Noël tout en conservant l’identité propre de BAD RELIGION.

20 % des ventes de Christmas Songs iront à une association caritative s’occupant de survivants ayant été abusés par des prêtres, comme l'ultime preuve d’une humanité et d'une intégrité à toute épreuve irradiant d'un E.P mineur qui trône dans l’immense discographie de BAD RELIGION. Des valeurs cardinales, revêtant une saveur encore plus particulière à cette époque de l’année.