HALSEY n’était pas vraiment prédestinée à devenir l’une des chanteuses les plus influentes de sa génération. Née dans le New Jersey, Ashley Nicolette Frangipane grandit dans une famille aux ressources financières modestes mais apprend tôt les instruments à cordes comme la guitare, le violon et le violoncelle. La fin de son adolescence prend une tournure plus sombre : harcèlement scolaire, tentative de suicide et hospitalisation, elle sera diagnostiquée bipolaire dans la foulée. Dotée d’une imagination débordante, elle s’inspire d’une station de métro à Brooklyn pour son nom de scène et trouve un refuge dans la drogue, mais surtout dans la musique qu’elle commence à poster sur internet.

Sa chanson intitulée "Ghost" devient virale et HALSEY obtient un contrat dans une maison de disque. Son premier album Badlands sorti en 2015 définit bien la fusion de pop alternative de l’époque façon Lana DEL REY ou IMAGINE DRAGONS dont elle fera la première partie. HALSEY conçoit l’album comme une métaphore de son état mental : celui d’une âme dépressive et désabusée trop tôt dans un monde en perdition.

La chanteuse de 21 ans retravaille "Ghost" qui deviendra le premier single de Badlands : synth-pop évocatrice dont les synthés vibrants côtoient des percussions presque tribales… sur le papier ça pourrait me plaire mais le résultat n’est pas réellement à mon goût même si ça fait le taff.

Dans le même style, on retrouve d’autres morceaux plutôt répétitifs aux mélodies synthétiques : "Roman Holiday" où les synthés pulsent, le single "Colors" sur lequel HALSEY utilise des métaphores liées aux couleurs pour analyser la dynamique d’une relation toxique ou "New Americana" et son beat électropop sur lequel une chorale de jeunes voix vient s’ajouter à la voix d’HALSEY sur les refrains, lui donnant un air d’hymne qui n’est malheureusement pas suffisamment original pour sortir du lot.

Malgré ça, il y a tout de même pas mal de titres à l’ambiance plus contemplative qui passent crème : le beat lent et éthéré de "Coming Down", "Young God" avec son ambiance hypnotisante. "Control" est plus intéressant que "Haunting" mais les sonorités sombres de l’orchestration synthétiques de ces deux chansons en renforcent le côté obsédant.

Les synthés viennent presque d’une autre planète sur "Drive", un titre cinématique à la fois doux et grandement écrasant, construit autour de refrains où la voix d’HALSEY est réverbérée pour un effet des plus dramatiques. La chanteuse nous livre une pop alternative brutale et finalement assez poignante dans "Hold Me Down". La basse est lourde mais ce sont les paroles d’HALSEY qui ressortent pour dénoncer les hommes qui ont voulu prendre le pouvoir sur elle.

Le single "Castle" fait penser à ce ton grandiose qu’on entend chez Lana, fait d’instrumentations majestueuses et d’une vision singulière de la musique, contrastant de manière parfois saisissante. On assiste aussi à des nappes de vocalises, un côté trip-hop qui penche de temps à autre vers l’industriel.

On ne peut pas dire que la musique d’HALSEY manque de texture même si tous les titres de Badlands[if] ne se valent pas. Toutefois, pour un premier album, l’univers est cohérent et HALSEY ne chante pas, elle proclame alors il y a de quoi se laisser tenter par cet album qui a débuté à la deuxième place du Billboard 200. Une chose est certaine, HALSEY est une artiste dont les expériences personnelles transparaissent de manière limpide à travers une plume aussi tourmentée que touchante.