Au bout de dix ans et une discographie pour l'heure peu fournie, après une reprise plaisante l'an dernier de Taylor SWIFT et son "Shake It Off" version swing, Deborah SILVER offre un premier pas dans l'aventure de Noël, même s'il s'agit d'un single de trois titres seulement. Et ce n'est pas une parenthèse mince pour la voix de velours dynamique car elle s'adjoint ici les services du légendaire COUNT BASIE ORCHESTRA ! Très prolifique jusqu'à la mort de son leader en 1984, le (big) band a continué avec d'autres directeurs (dont le trompettiste Scotty Barnhart, depuis 2013), pour ceux qui l'ignoraient, de façon régulière et tout en continuant de produire des albums. Son dernier effort de Noël remonte à 2015.

Autant commencer par un tube-des-tubes, à savoir "Jingle Bell Rock", pour bien nous mettre à fond dans l'ambiance ! Et la chanson, plutôt ballade cool d'esprit jazz avec un bon shuffle de base, est ici revitaminé à la sauce swing, sans que l'on puisse parler d'originalité bien sûr tant cela a dû être tenté auparavant. Tout de même, une voix comme celle de SILVER est parfaite pour ce style, chaleureux, espiègle et sensuel à la fois, débordant de musicalité à travers l'énergie du band. Mention spéciale à la batterie, avec également un très bon walk de contrebasse. La chanteuse s'autorise quelques jolies variations mélodiques dès le départ, et les trompettes n'évoquent le vrai thème instrumental qu'à la toute fin, plus calme d'ailleurs et de façon royale.

Tout aussi sympathique, "Blue Christmas", petit clin d'oeil à Elvis PRESLEY, favorise le seul moment ballade du disque court, avec toujours ce swing irrésistible par un savoir-faire qui s'est bien transmis depuis bientôt cent ans. Outre une envolée orchestrale fière, la chanson garde son esprit sensuel, envoûtant, et Deborah SILVER mériterait bien la reconnaissance du King, jusqu'à cette petite élévation de la voix très bien menée lors du dernier couplet. Enfin, "(I'm Spending) Hanukkah in Santa Monica", la moins connue de l'ensemble, est une création de Thomas LEHRER, principalement connu pour le ton satirique de ses chansons durant les années 50 et toujours en vie à cette heure, au bout de 96 printemps.

Un bon prétexte pour l'orchestre de remonter le tempo, tandis que Déborah SILVER enchaîne les noms de fêtes juives en les faisant rimer avec des noms des Etats-Unis, dont son cher Mississippi natal. Quelle voix douce et enjôleuse sans besoin d'en faire trop ! Et le solo de saxophone ténor reste le petit chocolat sur le gâteau, la preuve que cet instrument est le meilleur pour répondre aux chanteuses de ce calibre, en jazz comme en rock. SILVER, dignement accompagnée, se concentre donc sur un caractère swing et rétro dans le choix des chansons. Il aurait été amusant d'entendre des chansons plus modernes également, par celle qui sait les transformer, mais peut-être une prochaine fois, qui sait ?