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1971 St Radigunds

SPIROGYRA - St Radigunds (1971)
Par MARCO STIVELL le 5 Janvier 2025          Consultée 177 fois

SPIROGYRA, nom choisi grâce à une algue verte des eaux douces, est un groupe culte affilié au revival folk britannique aussi bien qu'à la scène Canterbury. Il a été fondé par deux lycéens de Manchester, Mark Francis et Martin Cockerham, mais connaît un premier tournant lorsque celui-ci arrête tout pour s'en aller étudier dans le Kent, à Canterbury précisément.

Sans Francis, il reforme son groupe qui, de duo, cette fois, passe à dix membres ! Puis voyant comme ça pèse lourd, il allège le tout à un quatuor et c'est sous cette forme que SPIROGYRA, captant l'attention d'un certain Max Hole, va tenir durant la première moitié de ces années 70 ô combien fastes.

Hole est l'homme qui leur fallait : avec son réseau de managament (où l'on retrouve également MUNGO JERRY, CAMEL et d'autres) et ses connaissances en milieu universitaire, il leur permet de tourner massivement, en première partie de groupes comme TRAFFIC et même outremer, aux Pays-Bas. Le premier album de SPIROGYRA est d'ailleurs marqué par ces allées-venues. Il a failli être signé chez Apple Records (le label des BEATLES) voire Polydor, mais finalement, c'est Brain, basé à Hambourg en Allemagne, qui récupère le bébé.

Un sacré bébé de caractère. Mené par Cockerham, SPIROGYRA est le groupe type folk contestataire qui se donne les moyens de ses ambitions. Avec le violon de Julian Cusack et la basse de Steve Borrill, les chansons anti-système et pleines de noirceur cynique (jusque dans la voix de Martin Cockerham) ne semblent trouver de repos qu'avec la présence du quatrième membre du groupe, la chanteuse Barbara Gaskin, avec qui le leader n'est pas encore en couple.

Le premier album, St. Radigunds, est nommé d'après la rue de Canterbury où le groupe a un appartement et se pose entre deux concerts. Il est produit par Robert Kirby, connu pour son travail avec Nick DRAKE, avec un enregistrement géré par Jerry Boys (ARGENT, Al STEWART, FOTHERINGAY, STEELEYE SPAN, les Néerlandais FOCUS etc). Preuve supplémentaire que Max Hole fait bien les choses et que rien ne semble laissé au hasard.

Même si les ventes ne sont pas au rendez-vous (et à vrai dire, c'est le cas même pour les deux albums suivants), on comprend ce statut culte détenu par le groupe, rien qu'avec un morceau comme "The Future Won't Be Long". Sans atteindre les cinq minutes, on voit qu'une seule chanson peut être prétexte à diverses idées mais toujours sous un même ton, plutôt sombre, tourné au vitriol dans les paroles passant du quotidien à l'usine aux menaces de la guerre avec la voix de Cockerham aigre et cinglante, qui ne rend pas l'écoute aisée par ailleurs.

Le son est bien là, la basse de Borrill occupe le champ sonore aux côtés de la guitare acoustique, le violon passe de réponses mélodiques à de grands accords en vagues, Gaskin au début se contente de planer... Que l'on adhère ou pas au chant, il y a quelque chose d'impressionnant. Chose qui se retrouve sur les morceaux les plus longs, au-delà des six/huit minutes cette fois, tel ce "Magical Mary" entre rythmes blues cavaliers avec phrasés rubato plus 'libres', danse instrumentale folle et partie pop menée par Barbara Gaskin. À noter les interventions de batterie par Dave Mattacks (FAIRPORT CONVENTION, ALBION BAND) sur une partie de l'album.

Sans surprise, c'est lorsque Gaskin mène le jeu que le plaisir se fait plus pur, traditionnellement parlant. Bien que marqué à sa manière, "Love is a Funny Thing", printanier et parcouru de flûtes à bec, ressemble à une oasis. La chanteuse affiche également fort bien son rôle au-delà de simple accompagnatrice sur "Time Will Tell" (où l'on note les variations tziganes, voire boogie au piano) et en intro de "We Were a Happy Crew".

Il y a ce va-et-vient au court de l'album entre elle et Cockerham, parfois conjoints, qui donne une identité certaine et inédite à SPIROGYRA, de même que cette noirceur maladive. Parfois, Cockerham évolue seul comme sur "Captain's Log" ou l'incantatoire "Island", à la fois troubadour et guerrier ; à d'autres, il se pose lui-même en harmonie douce, non sans élégance. "At Home in the World", introduisant le piano et un rien plus formaté à cause des cordes-cuivres ajoutés par Robert Kirby, à tout de l'hymne pop hippie désabusé.

Le quotidien de l'homme gâché par un travail morose, une femme qui le bouffe quand il rentre etc est présenté de façon quasi-théâtrale sur "Cogwheels Crutches and Cyanide", mieux hanté que les autres titres par Cockerham et son talk-over, par le violon dramatique également. Et puis cette marche morbide qui déboule en plein milieu, avec les 'lalala' éperdus de Gaskin !

Le meilleur, y compris dans l'unité collective, apparaît toutefois sur "The Duke of Beaufoot", long de huit minutes, avec ces remarquables parties latines/chaloupées aussi joliment taillées pour Gaskin que ne l'était le titre précédent, et puis cette accalmie finale d'une forte sensibilité. L'esprit du groupe ressemble souvent à du vinaigre en musique, mais c'est pour susciter de l'intérêt d'une part et révéler quelques beautés de l'autre. À défaut de succès, même pas distribué aux Etats-Unis, St. Radigunds est reconnu par pas mal de critiques anglais à l'époque.

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   MARCO STIVELL

 
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- Martin Cockerham (chant, guitare acoustique)
- Barbara Gaskin (chant)
- Steve Borrill (basse)
- Julian Cusack (violon, claviers)
- Dave Mattacks (batterie)
- Tony Cox (synthétiseur vcs3)
- Robert Kirby (arrangements des cordes, cuivres et flûtes)


1. The Future Won't Be Long
2. Island
3. Magical Mary
4. Captain's Log
5. At Home In The World
6. Cogwheels Crutches And Cyanide
7. Time Will Tell
8. We Were A Happy Crew
9. Love Is A Funny Thing
10. The Duke Of Beaufoot



             



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