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- Style : Fotheringay
- Membre : Fairport Convention

Sandy DENNY - The North Star Grassman And The Ravens (1971)
Par MARCO STIVELL le 27 Janvier 2025          Consultée 351 fois

En moins de deux ans, il peut s'en passer des choses. Sandy DENNY le sait bien, elle qui quittait, en décembre 1969, un FAIRPORT CONVENTION au plus haut de son art et de sa popularité. 1970 fut l'année-éclair en existence du groupe FOTHERINGAY, avec un seul vrai album et un autre (pour l'heure) inachevé. Une expérience qui laisse au moins quelques traces sur le plan personnel, notamment dans la relation 'amourultueuse' entre la chanteuse et Trevor Lucas, qui deviendra aussi son producteur. En 1971, toutefois, elle ne s'en remet pas encore totalement à lui. C'est l'année d'ailleurs de sa célèbre apparition sur "The Battle of Evermore" de LED ZEPPELIN, album IV, en tant que seule présence vocale autre que Robert Plant durant l'histoire du groupe !

Voulant s'épanouir davantage avec son propre songwriting, DENNY commence à publier des albums qu'elle signe de son nom. Le premier, The North Star Grassman and the Ravens, est publié par Island et, Lucas n'y apparaissant que pour un brin de guitare, constitue un rapprochement inédit, après FAIRPORT, aussi marqué entre Sandy DENNY et son vieux collègue Richard Thompson. En plus de jouer la guitare principale, il produit l'album en grande partie, aux côtés de l'ami fidèle John Wood. Pendant quarante minutes, la chanteuse qui n'a alors rien à prouver tant sa voix a conquis un large public et semble être devenu l'emblème du folklore anglais, cherche à donner une autre image d'elle.

Ce qui frappe, à l'écoute de ce disque, c'est son minimalisme dans le ton, peaufiné et donnant une sensation d'homogénéité tout en évitant les sensations d'ennui. Comme sur la pochette au décor de vieille échoppe d'apothicaire, DENNY instille dans chaque titre une belle forme de concentration, d'application, autour desquelles son univers se développe naturellement. Seuls au milieu de chaque face, deux titres s'avèrent être des reprises, donnant l'impression de vouloir 'secouer' un peu la beauté sombre et la douceur d'ensemble.

Au contraire de "Let's Jump the Broomstick", traditionnel interprété déjà par Brenda LEE, blues-rock séduisant et qui convient fort bien à DENNY, on peut mentionner "Down in the Flood", chanson de Bob DYLAN & The BAND, comme le titre le moins attrayant de l'ensemble. Comme un écho par rapport à FAIRPORT où la trop grande admiration pour le cowboy Zim, sur l'album Unhalfbricking (1969) apportait un décalage net et pas franchement indispensable. Il y a bien le côté duo avec Richard Thompson sympathique, mais un peu pâlot bizarrement sur cette couleur blues-rock.

Quitte à faire mention du milieu de l'année 69, un morceau d'envergure appelé "Late November" et placé en introduction, réveille les fantômes. L'accident de la route terrible qu'a subi FAIRPORT à ce moment-là (en mai, peu avant Unhalfbricking), et la mort du batteur Martin Lamble hantent toujours les rêves de DENNY, ainsi qu'elle le raconte. On relève que les guitares, pour la seule fois du disque, sont tenues par Thompson aussi bien que son remplaçant dans FAIRPORT, Jerry Donahue, moins discret d'ailleurs avec ses slides d'Américain qu'il est. À côté de cela, Pat Donaldson à la basse et Gerry Conway à la batterie, ex-FOTHERINGAY comme Donahue, offrent une belle rythmique laid-back dans une production feutrée.

Ce sont des qualités constantes de l'album qui contient d'ailleurs, outre "Late November", un deuxième morceau de base dédié à l'album inachevé de FOTHERINGAY, à savoir "John the Gun". Tout le lyrisme noir de DENNY se libère sur ce genre de titre, avec une touche un peu plus 'western' de la part de Thompson (qui semble vraiment se chercher entre FAIRPORT et sa future carrière solo), un piano très prononcé du musicien Ian Whiteman et un solo de violon par Barry DRANSFIELD dont le Rout of the Blues (1971 aussi) vient d'être sacré 'album de l'année' par le Melody Maker.

Les arrangements très fins, dans cet album que l'on écoute pour planer même sans besoin de drogue, sont augmentés par les cordes symphoniques de Harry Robinson, rencontré grâce à John Wood. Aucun excès, juste de la beauté s'accordant avec la voix de DENNY, pour "Next Time Around" et "Wretched Wilbur", avec toujours la basse et la batterie indéboulonnables, pour pimenter un peu. De même, on apprécie "Crazy Lady Blues" pour son dédoublement de chanteuse, son long solo de guitare pépère pour une fin plus claire.

Les highlights ici sont au nombre de trois, avec d'abord "The Sea Captain" limpide, où la prestation de DENNY en voix-guitare est remarquable, avec une réverbération de grand large. "Blackwaterside", un traditionnel nord-irlandais que LED ZEPPELIN, puisqu'on en parlait, avait adapté dès son premier album ("Black Mountain Side", avec un Jimmy Page plus qu'influencé par Bert JANSCH mais sans le dire), offre un grand moment solaire et incantatoire. Richard Thompson use de la cabine Leslie comme rarement sur sa guitare, et nous gratifie d'un bel accordéon trop rare ici.

Il en va de même de l'orgue portatif qui densifie le merveilleux morceau-titre, où l'on revient au thème marin avec des bruits de vagues, puisque DENNY rend hommage à un autre ami disparu, Paul 'Tigger' Bamber, qui travaillait pour la marine marchande. Splendide ambiance et d'une force incomparable, sans parler de la mélodie. Ailleurs sur son album et hors des reprises, la chanteuse a montré son potentiel d'écriture, jouant avec les harmonies et créant de belles mais discrètes surprises.

"The North Star Grassman and the Ravens", c'est à la fois l'évidence-même et la plus belle de toutes. Un chef-d'oeuvre noir, déchirant, céleste pourtant, et aux arrangements allant crescendo. Avec cette position d'avant-dernier titre, parfois symbolique sur des albums divers, comme pour apporter un climax qui ne nécessite point d'être la toute fin. L'album éponyme est lui-même une curiosité qu'il est bon de ressortir régulièrement, pour se laisser porter avec force, se délecter d'une réalisation plus fine que celles des trois suivants et pourquoi pas se recueillir. Surtout qu'il est encore dans les belles années de la chanteuse avant sa fin de vie difficile, sa mort prématurée.

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Lucile MARCHAL
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   MARCO STIVELL

 
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- Sandy Denny (chant, guitare acoustique, piano)
- Richard Thompson (guitares, basse, accordéon, chant)
- Pat Donaldson, Tony Reeves (basse)
- Gerry Conway, Roger Powell (batterie)
- Ian Whiteman (piano, orgue-flûte)
- Trevor Lucas (guitare acoustique)
- Jerry Donahue (guitare électrique)
- Barry Dransfield (violon)
- Buddy Emmons (pedal-steel guitare)
- Harry Robinson (arrangements des cordes)
- Royston Wood, Robin Dransfield (choeurs)


1. Late November
2. Blackwaterside
3. The Sea Captain
4. Down In The Flood
5. John The Gun
6. Next Time Around
7. The Optimist
8. Let's Jump The Broomstick
9. Wretched Wilbur
10. The North Star Grassman And The Ravens
11. Crazy Lady Blues



             



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