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LITTLE FEAT - Little Feat (1971)
Par TOMTOM le 12 Mars 2025          Consultée 213 fois

Où en êtes-vous exactement de vos connaissances sur LITTLE FEAT ? Je vous pose la question parce que, mine de rien, 50 ans et des brouettes plus tard, ce disque semble toujours bloqué dans la catégorie des albums qu’on oublie, comme s’il valait mieux se concentrer sur le reste de la discographie du groupe, plus abordable et, surtout, plus ‘bankable'. J’en veux pour preuve la Warner/Rhino, qui a réédité récemment quatre albums en format deluxe machin-chouette, mais pas celui-là. Alors que c’est le premier ! Comme si on voulait nous cacher quelque chose. Donc, pour en revenir à vous, quatre possibilités : 1) Vous n’avez jamais entendu parler de ce groupe, ou vaguement, et vous allez découvrir l’histoire sauvage de quatre freaks virant country music. 2) Vous avez déjà entendu "Willin’" massacrée par une sombre chanteuse en santiags et bingo, vous allez enfin savoir qui est ce gars qui écrit que les routiers circulent sous l’emprise de substances illicites. 3) Vous avez écouté Dixie Chicken et le live de 78 et vous allez devoir admettre que LITTLE FEAT n’est pas un groupe de la Nouvelle Orléans. 4) Vous avez déjà écouté ce disque et vous trouvez cette introduction complètement con.

LITTLE FEAT est un groupe formé par Lowell ‘Thomas’ GEORGE à la toute fin des années 60 à Los Angeles et la grosse affaire, à l’époque, c’est le CV des musiciens : ce sont tous plus ou moins des anciens de chez Frank ZAPPA. Le plus évident, c’est Roy ESTRADA, Mothers de la première heure, viré avec les autres quand Frank découvre qu’il a plus de potentiel commercial en solo (Hot Rats). Lowell GEORGE lui aussi a joué avec les MOTHERS OF INVENTION, mais en pointillé, après avoir eu son propre groupe de garage psyché (THE FACTORY) et rejoint un temps les STANDELLS, autres gloires locales de LA. Sur disque, on l’entend chanter sur "WPLJ" (album Burnt Weeny Sandwich) et "Didja Get Any Onya?" (Weasels Ripped My Flesh, le monologue en Allemand, c’est lui). Derrière les fûts, c’est un fameux batteur que nous avons : Richie HAYWARD, un ancien de THE FACTORY et de FRATERNITY OF MAN, groupe d’Elliot INGBER, guitariste sur Freak Out!, le premier ZAPPA. Et puis il y a Bill PAYNE, formidable lui aussi, qui a postulé pour rejoindre les Mothers et sera repêché par Lowell GEORGE pour compléter le line-up de son nouveau groupe.

Sur son premier album, le LITTLE FEAT ‘Mark I’ n’a pas encore de conga ni de second guitariste soliste, mais il a déjà ces chansons totalement barrées qui mélangent blues, country, soul et rock n’ roll. "Snake On Everything", "Strawberry Flats", "Hamburger Midnight", "Crack In My Door", etc. On pourrait emballer tout ça sous l’étiquette ‘southern rock’, mais ce serait passer à côté de l’essentiel de ce qu’on nous sert ici : une musique qui est à la fois rustre ET moderne, blues ET garage. La rythmique elle-même est à la fois mathématique et mouvante (les breaks de Richie HAYWARD !), le groove est nerveux et les furieux assauts de slide confirment une approche minutieusement hargneuse de la musique. Même Bill PAYNE s’y met, avec son piano qui double tout, aussi bien la mélodie que la rythmique. Ce que j’essaye de dire est résumé sur la double reprise "Fourty Four Blues / How Many More years", sur laquelle le groupe se mesure à HOWLIN’ WOLF, mais imite en fait CAPTAIN BEEFHEART. Vous voyez le genre ?

Les ballades de l’album subissent à peu près le même traitement. Si vous êtes motivés, vous pouvez, à ce sujet, écouter les versions de "Truck Stop Girl" et "Willin’" enregistrées par les BYRDS à la même époque (Lowell GEORGE leur avait fait passer une cassette de démos avant même la sortie du disque ici présent) : vous constaterez qu’il y a un groupe qui fait ‘dans le beau’ et un autre qui fait le truc à sa sauce, avec les mêmes mélodies irréelles (cf. la très belle "I’ve Been The One") mais de manière beaucoup plus noire. Car il y a toujours une forme de tension et de spontanéité dans la musique de LITTLE FEAT. À un moment, ils font ou disent un truc auquel vous ne vous attendez pas et qui fait toute l’originalité de leur son. C’est à 50% dû au groupe et à sa manière de jouer, mais l’autre moitié, c’est Lowell GEORGE, la manière souvent inattendue qu’il a de chanter, mais aussi les textes qu’il amène en tant que leader et principal compositeur (avec PAYNE) de la formation.

AVERTISSEMENT : le prochain paragraphe va parler DE DROGUE - Éloignez les enfants du smartphone.

Avec son cocktail 'weed, whites and wine' archi-connu, "Willin’" nous apprend donc que des routiers roulent totalement défoncés sur les routes de la Grande Amérique. Il y a un truc comique là-dedans, renforcé par le fait que Lowell GEORGE cite dans la chanson des villes à la con comme Tucumcari (Nouveau-Mexique), Tehachapi (Californie) ou Tonapah (Nevada). Mais les années hippies sont terminées et on sait depuis Easy Rider que rouler défoncé, c’est pas si drôle. Et de fait, chez LITTLE FEAT, la drogue n’est plus ni récréative, ni romantique, ni quoi que ce soit : c’est la drogue utilitaire qui permet de tenir le coup ("Willin’"), la drogue qui vous file un gros flip sur les coups de minuit et vous pousse à aller piquer dans la réserve des parents ("Hamburger Midnight"), la drogue qui vous attire des emmerdes avec tout le monde ("Crack In My Door") et vous fait voir des serpents partout. Et il arrive quoi au routier au bout du rouleau ? Au choix : il se plante avec son camion après une énième désillusion sur ce que ses semblables peuvent lui apporter ("Truck Stop Girl") ou il envoie tout le monde à la flotte parce qu’un mauvais génie lui en a soufflé l’idée ("Crazy Captain Gunboat Willie").

Sur "Strawberry Flats", il y a une phrase qui résume, au-delà de ces histoires de drogue, tout ce que ce disque charrie de paranoïa, d’ennui et d’humour : They’re stopping every one who looks too weird. Comme sur "Willin’", il n’y a aucun jugement de valeur là-dedans, juste quelques visions et une poignée de flashs - parfois surréalistes - sur la vie aux USA au sortir des années 60, dans un sud totalement grillé par le soleil et la route.

Produit par un Russ TITELMAN alors au tout début de sa carrière derrière les consoles, le premier album de LITTLE FEAT a été enregistré avec la proverbiale participation amicale de ‘Sneaky’ Pete KLEINOW (membre à l’époque des FLYING BURRITO BROTHERS) et de Ry COODER, appelé en renfort sur "Willin’" pour remplacer la slide de Lowell GEORGE qui s’était niqué la main ce jour-là en déconnant avec une maquette d’avion. Musicalement, nous sommes au carrefour de plein de choses, mais avec une manière de faire qui reste principalement ancrée dans le blues et dans l’underground californien de la fin des années 60. Pour prendre des références que tout le monde a, on a parfois l’impression d’entendre Exile On Main Street des ROLLING STONES enregistré à l’époque de Beggars Banquet. La comparaison s’arrête là : la légende raconte que quand cet album est sorti, ils en ont vendu 11 000 exemplaires.

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   TOMTOM

 
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- Lowell George (guitare, chant, harmonica)
- Bill Payne (claviers, piano, chant)
- Roy Estrada (basse, choeurs)
- Richard Hayward (batterie, chant)
- Russ Titelman (percussions, piano)
- Ry Cooder (guitare slide)
- Sneaky Pete Kleinow (pedal steel guitar)


1. Snakes On Everything
2. Strawberry Flats
3. Truck Stop Girl
4. Brides Of Jesus
5. Willin'
6. Hamburger Midnight
7. Forty-four Blues / How Many More Years
8. Crack In Your Door
9. I've Been The One
10. Takin' My Time
11. Crazy Captain Gunboat Willie



             



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