Parfois, je peux être un peu têtue, par exemple les BEATLES à première vue pour moi c’est ennuyeux (mais ça, c’était avant George HARRISON), pourtant il y a des groupes d’une autre époque qui me font du pied : The ANIMALS, The WHO ou encore The SPENCER DAVIS GROUP. À la même époque que les BEATLES, quatre autres garçons font flotter leurs mélodies au gré du vent. Eux, ce sont Spencer DAVIS, les frères WINWOOD (Steve et Muff) et Pete YORK, formant en 1963 un groupe qui connaît rapidement le succès dans le milieu du rhythm and blues et du rock.

Cette année-là, Steve n’a que 14 ans mais il joue déjà de l’orgue et chante d’une voix soulful qui se marie peut-être aussi bien à la voix puissante de DAVIS que l’union musicale de McCARTNEY et LENNON (le fan club des Fab Four, je vous vois !). En 65, le groupe sort son premier album, tout simplement intitulé Their First LP, qui se compose de reprises de standards du blues comme cela se faisait communément à l’époque.

Les quatre jeunes musiciens se font connaître avec leur ré-interprétation du titre de l’américain John LEE HOOKER "Dimples" qui reste plutôt fidèle au bluesman. Spencer lui ajoute cependant une jolie touche d’harmonica ainsi qu'une guitare au rythme soutenu qui parvient à donner un nouveau souffle à ce classique. Quant à Steve, au chant, il n’a rien d’un ado et livre une performance vocale des plus maîtrisées qui capte immédiatement l’attention des fans de rhythm and blues. Du même acabit, "My Babe" propose un petit groove vibrant et ensoleillé alors que la reprise "Searchin’" du groupe The COASTERS reste plus passe-partout.

Le single "Every Little Bit Hurts" reprend le Motown de leur contemporaine Brenda HOLLOWAY tout en lui donnant une touche particulièrement intense grâce à l’orgue. Les quatre amis reprennent aussi The SOUL SISTERS dans le single "I Can’t Stand It" en lui ajoutant un peu de mordant rock’n’roll. On poursuit avec d’autres classiques comme le frénétique "Jump Back" pioché dans le répertoire de l’américain Rufus THOMAS ou "I’m Blue (Gong Gong Song)". Initialement chanté par le trio The IKETTES, le SDG s’accompagne de la jamaïcaine Millie SMALL pour imaginer une version où la lenteur originelle de la chanson s’efface totalement au profit d’un son et d’un groove bien plus 60’s. La guitare est jouée avec une touche bluesy qui contraste bien avec le timbre haut perché de Millie, un des grands moments du disque.

Peu de compositions originales mais parmi elles, il y en a pour tous les goûts : "It Hurts Me So", composée par WINWOOD penche plutôt vers la soul-R&B avec ses claviers vibrants ou encore pour les amateurs de blues, deux titres ultra bien fichus ; "Here Right Now" montre le talent de Steve et le single "Sittin’ And Thinkin’" porté par l’ensemble du groupe semble tout bonnement implacable ici, que ce soit Spencer avec son harmonica génial ou encore Pete qui insuffle une fièvre certaine par son jeu serré.

Dans "Midnight Train", Spencer continue de manier l’harmonica et la guitare en plaquant des accords avec poigne et le groupe nous propose une reprise de Ike & Tina TURNER avec le single "It’s Gonna Work Out Fine", certainement mon passage préféré puisque le SDG joue à plein tube de son petit effet psychédélique, amorçant des élément du rock british à venir. La combinaison des divers talents du groupe est évidente mais malgré cela, c’est Steve qui paraît apporter cette dimension unique avec son charisme vocal soul et sa technique.

Their First LP semble capturer et porter joliment l’essence du British Boom qui a agité la jeunesse britannique en pleine appropriation du blues américain. On sent que The SPENCER DAVIS GROUP a de quoi jouer un rôle essentiel dans la formation de la scène rock et que ce premier album laisse présager des succès ultérieurs, c’est 60’s mais ça sonne aussi moderne, une très belle entrée en matière. Le son du S.D.G m’a séduite, on ne s’ennuie pas, ils revisitent le blues avec fougues et la dynamique est belle et on se frotte ici, plus souvent que prévu, à une atmosphère électrisante qui donne tout simplement envie de poursuivre l’aventure avec le groupe.