C’est une représentation du féminin sacré que Kali UCHIS semble vouloir représenter avec son troisième album studio, Red Moon In Venus, sorti au printemps 2023 ; l’expression d’une lune brûlante d’intensité et de désir, en quête d’affection. C’est les papillons au ventre et dans la tête, comme le montre sa pochette, que Kali aborde les thèmes de la jalousie ou du lâcher-prise au sein d'un projet où elle reste au contact de ses émotions. Le r'n'b latino jazzy de la chanteuse de 29 ans - qui sonne un peu comme une SADE 2.0 - reste consistant tout au long des quinze titres de cette odyssée sensuelle.

Devinez un peu de quoi Kali va parler, éclairée par la lune et inspirée de Venus ? Je vous le donne dans le mille : d’amour bien sûr. L’intro du disque "In My Garden" nous projette directement dans le jardin de la chanteuse, posée dans l’herbe, entourée de nature, avant de poursuivre avec le single "I Wish You Roses" et ses oiseaux qui font cui-cui pour dire un dernier au-revoir sur une douce batterie et un beat tranquille. Ici, tout est chill, des guitares aux vocalises sexy de la chanteuse (My petals are soft and silky as my sheets/So do not be afraid to get pricked by the thorn/While I’m here, I’m someone to honor/ When I’m gone, I’m someone to mourn). Pas de repos pour notre déesse au désir insatiable puisque le duo avec le chanteur américain Omar Apollo "Worth The Wait" nous emmène dans un rêve voluptueux.

Kali pose ensuite son timbre soul sur la chanson "Love Between…" dans laquelle elle reprend les paroles du groupe 70's The TEMPREES en les modifiant de Love between a boy and girl à Love between two human beings, représentant ainsi fièrement sa sexualité et en créant un hymne pour tous les amoureux en recherche de symbiose. Sur les batteries piquantes de "All Mine", les vocalises sont puissantes et douces comme de la soie, tout simplement d’un autre monde. La belle rappelle les règles (Babe, if you don’t worship me, it just don’t work for me/Love all on me, everyone needs love/Forget all the foolery, stay on me like jewelry) sur "Fantasy" en featuring avec son mec, le rappeur Don TOLIVER. Et comme pour la plupart des relations, tout n’est pas rose mais la chanteuse ne perd pas le nord (‘Cause we got issues, everyone does/Si no hay drama, no hay amor/But lately, I just wanna make love dans "Como Te Quiero Yo", suivi du mélodieux "Hasta Cuando"). On le sent, un départ a été pris du reggaeton des derniers albums pour s’orienter et se poser sur une r'n'b soul, parfois aux sonorités disco comme sur "Endlessly" et ses guitares au rythme funk.

"Moral Conscience" semble donner à Kali l’occasion de revêtir sa cape de sorcière, aussi symbolique du féminin sacré, comme pour jeter un mauvais sort sur un beat relâché aux influences hip-hop et où la chanteuse va dans les aigus d’une manière insensée, presque possédée. "Not Too Late (Interlude)", longue que d’autres chansons, fait dans le revirement de situation avec Kali désespérée d’être aimée sur une production vaporeuse. Même si le saxophone et le timbre de la chanteuse font rêver sur "Blue", l’ensemble reste tout de même un peu trop mou (d’autres diront casse-bonbon). Le duo harmonieux avec la chanteuse Summer WALKER sur "Deserve Me" agit bien par sa pop-r'n'b pleine de reverb', mais la pépite de l’album est évidemment "Moonlight", léger et intense à la fois avec sa basse écrasante et les vocalises chaudes et funky de Kali (I just wanna get high with my lover/Veo una muñeca cuando miro en el espejo/Kiss, kiss, looking dolly, I think I may go out tonight/I just wanna ride, get high in the moonlight). L’album se termine par le titre au tempo pétillant "Happy Now" presque un peu hors-sujet mais qui clôt le projet sur une note joyeuse.

S’il doit ressortir quelque chose de cet album qui mérite la note réelle de 4,5, c’est que la féminité divine peut se parer d’un sex appeal à la fois puissant et tout en douceur, à l’image de Kali et de ses chansons, "Moonlight" ou "I Wish You Roses" pour n’en citer que deux qui reflètent à la perfection la vibe de ce projet.