Sur notre bon site, on essaie d'être le plus possiblement larges, complétistes, exhaustifs.
Et puis il y a des fois où on est sacrément fainéants.

Le syndrome de Peter Pan l'a touchée plus que tout autre artiste et ne l'en a aidée que mieux à perdurer : cette chère Chantal De Guerre dite GOYA, qui n'a pas sorti tant de disques finalement, mais dont la carrière est loin de se résumer à une compilation. Un format suffisant pour l'aborder un peu, surtout si l'on n'est pas vraiment fan de l'interprète du fameux "Lapin" qui a tué un chasseur (notez qu'une réécriture actuelle donnerait forcément raison à l'animal, sans nulle compassion pour le défunt ni sa famille).

"Le Lapin", justement, ne figure point céans (ni "Pandi Panda", ni "Voulez-Vous Danser Grand-Mère ?"). Cette compil-cassette étrangement peu référencée, sort chez APD (?) durant la première moitié des années 90, au moment où miss GOYA, madame Jean-Jacques DEBOUT à la ville, retrouve son succès après une période difficile de cinq ans et grâce au soutien d'une certaine DOROTHÉE. L'objet est bien nommé : 10 Grands Succès, pas tous donc, cependant avec des titres qu'on connaît moins bien. Peut-être est-ce là sa force, un moyen de découvrir la chanteuse.

C'est aussi, du coup, son point faible, car elle mise beaucoup sur les "Babar", "Bécassine", "Snoopy", "C'est Guignol", "Allons Danser Avec Mickey", tous écrits par Jean-Jacques DEBOUT (la première avec Laurent De Brunhoff, fils du créateur de l'éléphant-roi), similaires dans leur tonalité pop sautillante et légère, leurs refrains entêtants, nettement trop même ! Mais ces titres ont clairement tous marqué la chanson pour enfants de la décennie 1975-1985, fait les derniers grands jours des émissions variété régulières de Maritie et Gilbert Carpentier (on avait même pu voir, pour Guignol, Serge LAMA endosser le costume-marionnette avec débauche de flegme !).

Au moins, il y a une certaine homogénéité entre ces titres, pour leur orchestration pop guitare-basse-batterie (boîte à rythmes Linn ajoutée pour un "Snoopy" plus tardif en 84, sans oublier les 'ouaf-ouaf' type synthétiseur vintage), leurs cordes et cuivres... et, pour certains leurs énumérations de personnages (les Peanuts donc Snoopy, Charlie Brown, Lucy etc ; les Disney, donc Mickey, Goofy/Dingo, Donald etc). De quoi permettre aux bambins d'avoir toutes les images en tête à l'écoute de leur idole. Leur idole, la chanteuse dont ils ont bien sûr tous le portrait dans leur chambre, comme la fillette de la pochette. Celle-ci pouvant correspondre à toute (grande) soeur, à l'époque !

"Bécassine" joue en 1979 la carte des souvenirs/amitiés d'enfance, mais heureusement qu'Alan STIVELL est arrivé quelques années avant pour permettre (euphémisme) d'aider la Bretagne à ce que l'on s'en souvienne pour autre chose, culturellement parlant, sinon à ce stade, ce serait devenu difficile ! Passant du coq à l'âne, la compil balaye d'un album-spectacle à l'autre, notamment celui de "La Planète Merveilleuse" (1981) avec sa berceuse étoilée, son monologue très bonne fée émerveillée, en conclusion. Allez, on peut bien avouer la larmichette sur cette joue d'adulte plus si naïf, au moment du dernier refrain plein d'espoir pour l'humanité.

Chanteuse limitée, n'ayant pas la voix la plus désagréable mais qu'on rattache définitivement à ce type de chanson (moins marquée par la cigarette que son éminente collègue DOROTHÉE qui lui fait de l'ombre), GOYA se voit confrontée à un "Monsieur le Chat Botté" (1982) très éloquent dans son allure méphistophélique. Et cette petite guitare électrique miaulante, ces synthés lead, miam ! Tout cela, le temps d'une chanson déjà un peu différente des autres. Et en réalité, c'est bien là une meilleure force pour cette petite sélection, avec d'autres titres qui font concurrence aux tubes et demeurent un principal attrait pour des non-fans de la veille.

Pour commencer, "L'Alphabet en Chanson", dite "A, B, C, D", qui a dû aider plus d'un apprentissage en la matière. Si on entend des choeurs d'enfants sur à peu près tous les autres titres, ici il y a le plaisir d'une musique calypso (marimba et timbales comprises) des plus sympathiques. Le mot 'entêtant' n'est pas toujours synonyme de fatigant, y compris chez Chantal GOYA !

Une réussite, tout comme la ballade "L'Oiseau Bleu" nimbée de synthétiseurs planants et de bonheur onirique, et bien sûr ce toujours si charmant "Bouba", musique du dessin animé consacré au petit ourson, légère aussi mais mieux faite que pas mal de tubes, tout comme son refrain en douceur (quand la chanteuse se met le mieux au diapason avec les enfants), sa clarinette belle et roulante. De quoi réveiller quelques bons souvenirs, de près ou de loin !