Si vous aimez les textures hyperpop de Caroline POLACHEK, la douceur envoûtante de Lana DEL REY et les productions avant-gardistes à la CHARLI XCX, alors FKA TWIGS risque de bien vous plaire. Comme ses consoeurs, l’anglaise incarne depuis le début de sa carrière une vision singulière de la musique pop contemporaine. À chaque sortie, celle qui a débuté dans l’industrie en tant que danseuse se réinvente à travers son art comme c’est le cas en ce début d’année avec son troisième album Eusexua.

Le single éponyme "Eusexua" est une petite mise en bouche nous annonçant sans perdre une seconde que FKA TWIGS nous offre un album aussi électronique qu’expérimental. Les boucles de synthés se prêtent parfaitement à la voix aérienne qui se livre sans filtre sur un beat techno-pop plutôt soft. Plus électro-pop, le morceau "Girl Feels Good" est un des nombreux moments forts du disque où TWIGS chante l’empowerment féminin (When a girl feels good and the world goes round/Turn your love up loud to keep the devil down) en rappelant vivement le travail de MADONNA à la fin des 90’s.

Il y a dans chaque chanson un aspect expérimental qui place la chanteuse dans la catégorie des filles ambitieuses qui n’ont pas peur de suivre leur instinct. FKA TWIGS joue sur l’alliance de beats syncopés et d’harmonies oniriques comme dans le single "Perfect Stranger", un titre où elle parvient une fois de plus à engendrer une forme de physicalité troublante. Sur "Room Of Fools", la chanteuse de 37 ans fait dans la trance soft et joue avec sa voix de manière ultra-expressive, c’est intéressant même si c’est peut-être la chanson qui m’inspire le moins dans ce projet.

A contrario, "Drums Of Death" fonctionne du tonnerre avec son ton expérimental à la production bien ficelée, TWIGS pose des vocalises à la fois éthérées et déstructurées, confirmant que son univers musical est en constante mutation. Plus lumineux, "Sticky" s’étire grâce à la douceur vulnérable de TWIGS avant de se terminer dans un final électronique assez intense, mais le titre me reste moins en tête que d’autres, tout comme "Keep It, Hold It" bien que j’en apprécie les claviers clairs et la voix de la chanteuse.

Probablement le morceau le plus accessible de l’album, "Childlike Things" évoque avec brio un univers enfantin et pour ça, FKA TWIGS nous sert de jolies sonorités pop japonisantes et s’allie à North WEST (fille de Kim et Kanye) pour un résultat fun et réussi, qui me fait penser à la période L.A.M.B. de Gwen STEFANI, bref j’en redemande. Sur "Striptease", TWIGS présente un des titres les plus sensuels du disque avec ces violons aussi ensorcelants que ses harmonies vocales et nous prouve avec ces quelques chansons que son projet a été pensé dans sa globalité.

D’une ambiance à l’autre, elle nous tient jusqu’au bout de l’album. Il y a la ballade électronique "24hr Dog" où le son est épuré, à la croisée de l’expérimental et de la pop futuriste, pour mettre en valeur la voix de TWIGS, sublime et transcendante. Avec le titre final "Wanderlust", la chanteuse pose ses couplets en nous présentant une fois de plus sa voix sous un jour différent, aussi jolie que lorsqu’elle part dans des envolées aériennes qui font frissonner. La guitare acoustique est simple mais ajoute un côté nuancé à la chanson, l’idéal pour terminer en beauté dans une vibe rêveuse et une instrumentation qui résume bien la direction de l’album.

De ses débuts sur Bandcamp à Eusexua, FKA TWIGS s’est établie petit à petit comme une icône visionnaire inclassable au goût prononcé pour l’expérimentation pop. On ne s’ennuie pas un seul instant en écoutant cet album qui apparaît à la fois libre et fort. La chanteuse joue avec les contrastes et même si certaines ambiances sont parfois claustrophobes, elle maîtrise la densité de ses instrus, faisant de chaque note un tableau vivant dont elle continue d’explorer les confins.