Lizzy MCALPINE n’a jamais joué un rôle, elle partage ses chansons avec sincérité, de quoi devenir petit à petit le miroir de sa génération qui trouve dans sa musique l’écho profond d’une sensibilité à fleur de peau. Discrète, la jeune Américaine de 24 ans se fraie un chemin depuis quelques temps dans le monde de l’indie-folk. Older, publié en 2024, déjà le troisième album de la musicienne, reprend les codes de ses précédents travaux : compositions subtiles sur fond de confessions intimes.

Lizzy nous ouvre la porte de cet album par "The Elevator", courte chanson introductive qu'initient des accords de piano se déployant doucement pour laisser la chanteuse installer une ambiance introspective et maussade, avant de s’amplifier avec la batterie, la basse et la guitare, mais surtout, des harmonies presque célestes que MCALPINE reproduira encore tout au long du projet.

L'atmosphère qui s'en dégage nous invite à entrer dans l’univers musical de Lizzy MCALPINE, fluide sur tous les plans, un peu à la manière d’une Phoebe BRIDGERS. La douceur pop-folk de "Come Down Soon" confère au titre tout ce qu’il faut pour en faire un tube : la jolie guitare acoustique de Lizzy, une petite rythmique très sympa et un texte dans lequel son audience peut se reconnaître (Oh, it’ll come down soon/Nothing this good lasts this long for me) : ça commence bien.

La chanteuse-compositrice joue de l’orgue dans le superbe "Like It Tends To Do", d’une délicatesse folle. Sa voix posée trouve pourtant sa puissance dans une fragilité assumée qui file la chair de poule. Comme elle ne cherche pas à faire du bruit pour rien, Lizzy s’en tient principalement aux ballades, nombreuses et bien construites comme "Better Than This" où l’on retrouve son goût pour les arrangements minimalistes. "Movie Star" est une jolie chanson d’amour dont j’aime tout sauf sa trop courte durée. L'instrumentation de "Staying" est magique, simple et resplendissante, alors qu’elle capture par ses mots des sentiments complexes (How can you look so peaceful when you know I’m gonna leave?).

Le single "Older" est une ballade au piano qui capte l’essence d’une réflexion sur le passage du temps, mais je trouve que, dans le même genre, "Vortex" est bien plus poignant. L’orchestration y est plus dense mais toujours d’une délicatesse rare et la performance vocale de Lizzy est maîtrisée avec une aisance déconcertante. Toujours aussi charmantes, "You Forced Me To" et "Drunk, Running" sont des ballades plus aériennes. Les guitares de la première, plus saturées, et les harmonies parfois chuchotées rendent palpable la souffrance de la jeune chanteuse, alors que la section des cordes et l’orgue de la seconde lui donnent un souffle plus léger.

La combinaison batterie-guitare infuse une rythmique d'influences pop au single "I Guess" tout en conservant la patte un peu folk de Lizzy, sans artifice. L’Américaine continue de surprendre dans "All Falls Down", un titre très fun, fort en instruments à vent, et dont le storytelling pourtant aborde des anxiétés qui résonnent avec son public (Doing fine like I always am/Am I that good of a liar that I believe myself again?). La treizième chanson du disque, "March", dédiée à son père décédé un 13 mars (comme les chansons n°13 de ses autres albums) reprend cette dichotomie, avec un texte doux-amer, qui rappelle la nécessité d’avancer malgré la lourdeur du deuil (Tryna find the lesson in it all but I haven’t learned anything).

J’aime beaucoup le passage du titre "Broken Glass", vaporeux et subtile, fragile, où Lizzy nous transporte dans un registre un peu plus obscur, aussi bien en mettant des mots sur ses maux grâce à un texte qui brille par sa justesse (Drop of blood on the carpet/Didn’t think it would go this far/Don’t know why I held on this long but here we are/I know you’ve been hurt/But you did it first to me) que par l’utilisation du cor d’harmonie et des cordes lors du superbe bridge qu’on veut entendre encore et encore.

La force d’Older, c’est cette unité qui gagne chaque recoin de l’album. De bout en bout, Lizzy MCALPINE nous touche par la sincérité avec laquelle elle partage ses émotions, nous livre des instrumentations feutrées qui ne tombent jamais dans des effets faciles ou un trop-plein au niveau de la production. Bref, ça passe bien, on ne voit pas le temps passer ; la marque d’un projet réussi d’une jeune artiste dont la sensibilité est sans aucun doute une force.