Cela faisait bien longtemps que MARCEL ET SON ORCHESTRE ne nous avait pas pondu de nouvel album. Leur dernier réel disque, Dans la joie jusqu’au cou… datant de 2012 (Tous les coups sont permis !, paru la même année, étant une relecture de certains de leurs ancien titres).

MARCEL ET SON ORCHESTRE est un groupe de Punk / Rock / Ska festif qui a enflammé les salles de concert et a rencontré un vif succès dans la première dizaine des années 2000. Proposant une formule qui ressemble à un mélange de l’esprit de SKA P, des BERURIERS NOIR et des FATALS PICARDS le groupe mêle humour et engagement. Et surtout, un énorme sens de la fête, transformant leurs concerts en une sorte de carnaval coloré.

Fort d’un soutien très important, notamment dans le Nord, le groupe nous revient, un peu contre toute attente, avec ce C'est pas à vous qu'ça m'arriverait. Et le moins que l’on puisse dire c’est que nous n’avons pas le sentiment que la pause a été bien longue, MARCEL reprenant les choses là où il les avait laissé en plan. Nous retrouvons ce Rock mâtiné de Ska, porté par des guitares brutes, des cuivres très présents et des vocaux scandés. Le tout généralement asséné avec des tempi soutenus.

Cela démarre très bien avec le tubesque "Stigmatisez-moi !" exécuté pied au plancher. On y retrouve ce Ska-Punk rugueux et enjoué, et ces textes abordant un sujet sociétal (ce qui n’est pas systématique, le groupe donnant parfois dans la franche rigolade : "Etron flotteur"). Avec "Maudit karma", l’ambiance se fait beaucoup plus Ska et on se dit que l’on va prendre plaisir à renouer avec le groupe. D’autant que le texte, pourtant pas toujours aisé à assimiler car noyé dans la musique, est assez savoureux. Mais, dès "Autocentré" on commence à percevoir les limites du genre : il faut se concentrer pour saisir le sens des textes alors que le style de MARCEL est plus axé sur la spontanéité et le plaisir immédiat. A cela s’ajoute un petit sentiment de redondance, le groupe donnant l’impression de tourner en rond et de pas avoir évolué depuis sa séparation.
Et c’est là le plus gros défaut de ce C'est pas à vous qu'ça m'arriverait : les morceaux défilent sans réellement parvenir à accrocher ou à se différencier des autres. Ce n’est pas désagréable, c’est exécuté avec sérieux et savoir-faire, mais cela manque de surprise et de relief.

Il faut attendre "V’la l’dégât" avec son ambiance Disco et son inspiration qui lorgne du côté de DEBUT DE SOIREE ! pour voir le groupe nous surprendre un peu et titiller notre intérêt. Mais la plupart du temps cela ronronne gentiment. Avec des morceaux plus heureux que d’autres, sans jamais nous amener réellement à l’extase. Il en va ainsi de l’énergique "Quand on sait pas dire non" ou du refrain de "Etron flotteur" qui nous replongent dans la douce folie de MARCEL ET SON ORCHESTRE. Mais beaucoup de morceaux se révèlent bien plus dispensables et oubliables. Si bien qu’au final, malgré de nombreuses écoutes, il est bien difficile de faire émerger des morceaux de cet album assez massif.

Et la déception est à la hauteur de l’attente. Non que le disque soit foncièrement mauvais, mais il n’est pas taillé pour une écoute de type "album". Et ce n’est pas le petit clin d’œil sympathique à KISS ou l’utilisation d’un orgue type "Bontempi" sur "Les The Place to Be" qui changeront la donne. Nul doute que sur scènes tous ces titres prendront une autre dimension et que le groupe sera à même de les transcender pour nous embarquer avec lui dans ses délires. Mais là, à moins d’être un inconditionnel nostalgique du groupe, on s’ennuie rapidement.

Nous sommes en droit d'attendre bien plus d'un groupe de la trempe de MARCEL ET SON ORCHESTRE.