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IMPRESSIONNISME HéROïQUE  |  STUDIO

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GLENN GOULD - Plays His Own Transcriptions Of Wagner Orchestral Showpieces (1973)
Par CORNELIUS le 4 Mai 2025          Consultée 120 fois

Voici une chronique quelque peu à part dans le sens où le principal intéressé, Richard WAGNER pour ne pas le nommer, doit être mis exactement en perspective avec son singulier interprète, à savoir Glenn GOULD, qui est, lui aussi, le principal intéressé ici.

Mais remontons tout d’abord aux origines.
Nous sommes le 25 décembre 1870 à Lucerne, dans le ravissant manoir de Tribschen que loue le couple Wagner, là même où Nietzsche dira avoir passé les plus belles, les plus intenses heures de félicité de toute sa vie. Cosima dort encore lorsque les premiers accords du tout frais Siegried-Idyll lui parviennent aux oreilles. Elle se lève alors et découvre, dans son vestibule, un ensemble réuni pour son 33ème anniversaire et à la gloire de Siegfried, son dernier enfant.

On sent souffler sur toute cette œuvre un vent de bonheur qui provient du cœur le plus altier, le plus heureux, peut-être, qui n’ait jamais existé. Il faut s’imaginer l’orgueil – légitime – d’un compositeur de 57 ans qui, après bien de pénibles exils et autres infortunes, s’est imposé non seulement dans sa patrie mais au-delà (et en France tout particulièrement) comme le créateur d’un monde à part, d’un « frisson nouveau » pour reprendre les mots de Victor Hugo au sujet du très wagnérien Baudelaire, il faut s’imaginer dis-je la joie de pareil homme devant la naissance de son premier fils.

Ce Siegfried-Idyll ne s’adresse pas aux hommes, à vrai dire. Ou alors à ce qui en eux se souvient du temps où ils avaient des ailes. Car il n’y a rien de lourd ni de pesant dans ce poème instrumental (ni dans l’œuvre de WAGNER en général, n’en déplaise aux cuistres et aux bien-pensants). Ici, tout n’est que chant d’oiseau subtilement déployé, intelligemment étalé et réparti. Une aquarelle sonore en mouvement perpétuel et soyeux, inventant bien avant l’heure le procédé de fondu enchaîné tant connu des amateurs de cinéma. Une invitation non seulement aux douceurs de la vie mais avant tout à ce que la vie contient de plus doux en son sein protecteur.

Et puis il y a le cas Glenn GOULD.
Il est entré dans l’histoire non seulement pour ses célèbres et très personnelles interprétations de BACH (notamment les sublimes Variations Goldberg) mais aussi de part sa nette propension à la solitude qui le poussa tout naturellement vers les enregistrements studio, délaissant par là les bruyantes salles de concert et leur inévitable cortège de faux-semblants.
C’est au cours de l’année 1973 qu’il s’enferme, si l’on peut dire, en compagnie de WAGNER, pour la retranscription sur piano de deux de ses thèmes majeurs, l’acte 1 du prélude des Meistersinger ainsi que l’héroïque et enjoué "Dawn and Siegfried’s Rhine Journey" du Götterdämmerung, et surtout, la printanière, aérienne version pour piano de Siegfried-Idyll ; c’est la pièce centrale du disque, son cœur palpitant. Et cette version de GOULD est exécutée avec tellement de délicatesse et de naturel, qu’on la croirait écrite pour le piano seul.

Voilà la raison (pour ceux qui se poseraient la question) de la primauté du nom de GOULD sur celui de WAGNER ici même. Tout est dans le titre de l’œuvre d’ailleurs. Le terme « interprétation » prend avec GOULD une signification nouvelle ou ancienne (suivant notre point de vue intérieur). Ce n’est pas exactement une création en soi, mais ce n’est pas non plus une simple transcription. Un célèbre pianiste a dit, confronté aux fameuses Variations Goldberg interprétées par notre ami, qu’il entendait GOULD beaucoup plus que BACH là-dedans. Voilà qui résume plutôt bien mon propos.

Mais laissons le mot de la fin à qui de droit :
« You know, I’ve always sort of sat down at night and played Wagner for myself, because I’m a total Wagnerite – hopelessely addicted to the later things especially – and I thought it would be fun to make my own transcriptions. »

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- Glenn Gould (piano)


1. Die Meistersinger, Prelude, Act I
2. Dawn And Siegfried's Rhine Journey From Götterdämm
3. Siegfried-idyll



             



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