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Franz LISZT - Rhapsodies Hongroises No.7 à 12 S.244 (1846)
Par EMMA le 30 Juin 2025          Consultée 414 fois

Après la déferlante des six premières Rhapsodies Hongroises – théâtrales, contrastées, à l’énergie brute ou à la douleur noble – les pièces suivantes s’inscrivent dans une continuité. Si les thèmes folkloriques persistent, une voix plus intérieure se glisse ici, parfois plus abstraite, souvent plus expérimentale. La virtuosité reste, mais elle s’affine ainsi le piano devient moins orateur flamboyant et loin de la démonstration, il entre dans une rêverie plus intime.

La septième Rhapsodie s’ouvre dans l’ombre, sur un thème déployé en accords suspendus, comme un appel à quelque chose de lointain, ancestral. Le rythme s’installe lentement, avec une retenue grave, entre marche et procession. Lorsque le rythme est trouvé, la lumière s’installe, joueuse, joyeuse et lyrique et toute faite d’accords piqués. Ici, la forme semble moins tranchée que dans les premières Rhapsodies. Le discours se développe comme une parole improvisée, où le piano cherche, interroge, répond. La virtuosité se glisse dans les détails. On y entend par moment la danse, par moment la plainte. Dans son écriture, LISZT s’éloigne des éclats du ‘friska’ pour entrer dans une matière plus narrative. Peu spectaculaire, mais profondément expressive, cette septième Rhapsodie est une confidence entre tension et lyrisme.

La huitième Rhapsodie, en Fa Dièse Mineur et sûrement la plus fascinante par sa complexité rythmique où les accents abrupts, les changements soudains d’atmosphère installent un instabilité permanente. Elle est profondément lyrique bien que le discours soit angulant, haché par moments, presque halluciné. L’écriture est riche en chromatismes, en modulations audacieuse, et use d’arpèges. Les graves tonnent et l’instant d’après les aigus se jouent de nous, tout en arpèges, en sautillements, dans un chant lumineux. Cette rhapsodie, infiniment expressive, ne danse pas, elle tourbillonne et se clôt dans une coda virtuose et fulgurante.

La suivante est surnommée "Carnaval De Pest". Une introduction lente qui se transforme en pièce éclatante aux milles reflets, tout y est effervescente, motifs étourdissants. S’y joue l’illusion d’un carnaval, convoquant tambours, fanfares, cordes sous les doigts du pianiste. Elle embrasse la lumière, le tumulte dans des accords et des doubles octaves puissantes, des arpèges, son esprit populaire bien qu’elle n’utilise pas la gamme tzigane. C’est une œuvre à épisodes qui enchaînent les danses, les détours burlesques, les moments suspendus et les reprises frénétiques. Exigeante, brillante, pleine d’esprit, cette neuvième Rhapsodie est un feu d’artifice.

La dixième arrive, sûre d’elle, avant de trouver un peu de douceur dans des notes suspendues. Un motif plus hésitant s’élève doucement, plus lyrique aussi. Elle prend son temps, étire le souffle dans une atmosphère presque impressionniste. Sa beauté réside dans ce balancement perpétuel entre la grâce et la fulgurance, entre les cascades de doubles croches et l’élégance mélodique. Elle évolue en vagues et se plaît à brouiller les repères. Techniquement, elle exige une agilité et un ajustement constant du poids et du toucher. Le Mi Majeur, lumineux, semble baigner toute la Rhapsodie dans une clarté espiègle.

L’on poursuit en tonalité La Mineur, avec la onzième Rhapsodie qui s’impose comme l’une des plus raffinées du cycle, à la fois sombre et élégante, animée d’un lyrisme. Elle débute par une introduction méditative, au caractère improvisé, où les lignes sinueuses de la main droite semblent chercher leur voie aussi d’une basse instable. Elle évoque davantage la solitude que le tumulte. Peu de fulgurances ici, mais une tension dramatique continue, portée par des chromatismes serrés, des arpèges et des harmonies troubles. Le ‘lassan’ y est long, et le ‘friska’ ne surgit que par moment, notamment vers la fin, comme une échappée. Si elle s’élance, les élans techniques une certaine retenue, seule la coda laisse le souffle pour éclater véritablement.

Avec la douzième Rhapsodie, LISZT renoue avec le souffle dramatique et l’architecture des grandes pièces de bravoures. Le ton est de suite grave, théâtral : accords martelées, octaves puissantes, tensions harmoniques qui s’accumulent avec lenteur. Le ‘lassan’ y est d’une densité rare, habité par une mélancolie fière, une sorte de noblesse sombre. Le ‘friska’, lui, arrive comme une déflagration. Tout est contraste : envolées brillantes, décalages rythmiques, sauts périlleux, trilles endiablés, traits vertigineux à la main droite, tout en maintenant une cohérence dramatique. La forme est large et s’enchaîne comme mille scènes différentes, presque symphonique. Le piano devient un duel entre élégance et brutalité, un drame romantique habité par le feu et la brise légère.

Ainsi, LISZT poursuit son voyage à travers des échos folkloriques tant rêvés que réinventés, qui deviennent davantage langage intime. La virtuosité ne brille pas seulement, elle révèle. On y perçoit un LISZT plus secret, plus audacieux, plus architecte de nouvelles formes. Ce second cycle offre moins de clameur, mais plus de profondeur, moins de danse mais plus de chant. Il élargit le champ expressif des rhapsodies et affirme leur puissance poétique. Elle se traversent et s’habitent, et dans leur éclat trouble, dans leur beauté imprévisible, elles touchent à l’essence même du romantisme entre l’élan et la perte. Elles sont sublimes.

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1. Rhapsodie Hongroise No.7 En Ré Mineur
2. Rhapsodie Hongroise No.8 En Fa Dièse Mineur
3. Rhapsodie Hongroise No.9 En En Mi Bémol Majeur
4. Rhapsodie Hongroise N.10 En Mi Majeur
5. Rhapsodie Hongroise N.11 En La Mineur
6. Rhapsodie Hongroise N.12 En Do Dièse Mineur



             



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