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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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1985 Certitude

Sophie MARCEAU - Certitude (1985)
Par MARCO STIVELL le 3 Juillet 2025          Consultée 427 fois

Dès l'instant où l'on sut que Sophie MARCEAU s'apprêtait, en 1985, à sortir un disque (malgré déjà un tube en compagnie de François VALÉRY "Dream in Blue", 1981), l'ombre de Serge GAINSBOURG écrivant pour Isabelle ADJANI plana irrémédiablement. Mais la comparaison s'arrête là et au fait que les deux actrices, brunes aux beaux yeux s'essayant à autre chose, manquent d'une technique qu'elles doivent compenser à leur manière.

La renommée de Sophie MARCEAU a beau lui avoir ouvert de nouvelles relations de travail avec de grands réalisateurs comme Zulawski, Lautner ou Pialat, pour le public elle est encore surtout la révélation qui porte et accompagne le succès phénoménal de La Boum (1980), suivi de La Boum 2 (1982, et encore meilleur). Aussi, en cette année chargée qu'est 1985, il est à la fois normal et incompréhensible que son album unique Certitude, malgré une distribution Pathé-Marconi et une promotion télé massive, n'ait pas réitéré l'exploit ADJANI un an plus tôt.

Il faut dire que MARCEAU, âgée alors de dix-neuf ans seulement, n'a pas rendu les choses faciles et qu'elle n'a pas ici son GAINSBOURG en termes artistiques solides, identitaires. Elle en a d'autres en revanche : Etienne Roda-Gil pour les paroles et Franck Langolff pour la musique, aidé niveau production par le percussionniste Marc Chantereau et le batteur Pierre-Alain Dahan. Ceux-ci jouant naturellement sur les titres de l'album, avec tous les copains, excusez du peu : Kamil Rustam, Patrice Tison, Bernard Paganotti, Guy Delacroix, Patrick Bourgoin et Roland Romanelli. Accompagnement de qualité 24 carats en or, pour ce qui s'apparente presque à un gâchis.

Le problème vient d'abord de Sophie MARCEAU elle-même. Que depuis "Dream in Blue", duo mignon-rigolo avec François VALÉRY pour un slow ambiance La Boum et en quatre ans donc, elle n'ait pas progressé techniquement, passe encore, et puis elle était en plein dans l'adolescence. Mais pourquoi miser autant sur cet aspect Parisienne froide-intello-tête à claques ? Il y a le 'fire and ice', comme disent les Anglais, le choc des contraires qui a quelque chose de communément sensuel comme chez pas mal de femmes rousses, et puis il y a le 'ice and fire' façon album de Sophie MARCEAU. Parce que les musiques et mélodies, elles, sont top et bien exécutées, chaleureuses malgré l'époque et sa prod' suiveuse, à l'honneur des exécutants et notamment de Langolff.

En revanche, pour ce qui est des mots de Roda-Gil, comme toujours, c'est quitte ou double, des dimensions abstraites, du limpide mais aussi du dérangeant. Avec en plus Sophie qui veut mettre du caractère, on a le meilleur comme le pire et il y a un monde entre la première chanson et la dernière, entre 'j'ai les yeux fendus, des poissons-chats, ceux qui vivent dans la Bérézina, la rivière des combats/Bérézina, nougat, nougat et chocolat, j'ai le coeur en verglas', enfance qui persiste et rébellion, et 'ooooh, looove me tender, j'ai le sang qui dort comme un rat mort/ooooh, elle est duuure elle est mooolle, la vie c'est un chou farci d'cailloux'... Purée, ce 'elle est dure elle est molle' chanté comme après trop de vin rouge ou un lendemain de soirée cuitée, ce n'était ni fait, ni à faire !

Pour "Formose Tripper", en rapport avec l'île de Taïwan sous son ancien nom, MARCEAU parle d'envies de samouraï, donc plutôt lié à la culture japonaise (toute proche certes, par Okinawa et les îles Ryukyu), et se décrit par opposition comme ayant 'les joues roses entre Lille et Montélimar'. Roda-Gil ne manque pas d'inventivité, mais ce ton froid et boudeur de l'actrice-chanteuse tempère vraiment la réussite musicale, faite de grands claviers, de guitares avenantes, de saxophone soprano rageur (c'est pourtant le ténor qui est très en vogue), bref de bon esprit soft-rock et pop joliment soupesé, avec quelques touches de Synclavier par-ci par-là sans sentir trop fort.

La mélodie de "L'hirondelle Dans le Sel" est plaisante, mais la chanson paraît vite interrompue ou bâclée sur sa fin. Les escapades hispano sont vraiment bancales en termes de chant et de texte : ce "Vive la Mariée Senior" en trois temps rythmique boiteux et cuivres mariachi, ou plus encore, "Barcelona". Il s'agit de la face B de "Bérézina" en single (qui n'aura pas davantage de succès que l'album) et heureusement parce que le refrain, 'fuck you Barcelona, il faut que j'travaille, j'suis au bout du rail !', toujours en plus dans l'esprit jeune peste ou rombière avant l'heure, est assez 'what the...?', inqualifiable, justement.

Si les escapades musicales reggae ou latines sont fort agréables, si l'on essaie de comprendre la démarche de mettre en avant une Sophie MARCEAU encore moins fifille à ses parents (souvenir non effaçable de Claude Brasseur et Brigitte Fossey !), force est de constater que c'est quand elle en fait le moins qu'elle s'en sort le mieux. Le pop-rock de "Ton Corps" avec sax de Patrick Bourgoin en fait partie, mais là ce sont les choeurs qui en font trop. Restent le slow de "Petite Certitude", où le thème d'amour, tout comme sur "Bérézina", aide à mieux apprécier l'étourdissement vocal et littéraire. MARCEAU n'est alors pas pressentie pour jouer Anna Karénine, mais c'est tout comme !

D'ailleurs, "Sibérie Fait Froid" garde ce côté globalement attachant sur une musique à mille lieues de l'endroit évoqué, malgré un intrigant 'ton grand soleil rouge aime les noirs' à plus forte raison sur les choeurs antillais, percussions adaptées et basse slapée de Bernard Paganotti. À écouter si l'on veut connaître Sophie MARCEAU chanteuse et tentant le tout pour le tout, quitte à paraître faussement sauvageonne sur la pochette, mais à retenir davantage, outre une poignée de chansons, grâce au travail des musiciens.

Cela restera donc son seul album, sans succès ; avec le recul, on peut déplorer que même l'excellentissime rôle de James Bond (bad) girl en 1999 n'ait pas donné lieu à une autre opportunité. Et puis il faut savoir que l'enregistrement de Certitude a permis une autre lancée de carrière, puisque pendant celui-ci, dans un coin des studios Artistic Palace de Boulogne-Billancourt se tient, observatrice, une fillette plus jeune, amenée par sa mère et son oncle producteur, Didier Pain. C'est en effet là que Vanessa PARADIS, douze-treize ans et qui vient juste de débuter le temps d'un single avec l'aide des FORBANS, rencontre messieurs Langolff et Roda-Gil !

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   MARCO STIVELL

 
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- Sophie Marceau (chant)
- Franck Langolff (guitares)
- Patrice Tison, Kamil Rustam (guitares)
- Guy Delacroix, Bernard Paganotti (basse)
- Pierre-alain Dahan (batterie)
- Roland Romanelli (claviers)
- Marc Chantereau (percussions, claviers)
- Patrick Bourgoin (saxophone soprano)


1. Berezina
2. Formose Tripper
3. Vive La Mariée Senior
4. L'hirondelle Dans Le Sel
5. Barcelona
6. Petite Certitude
7. Ton Corps
8. Sibérie Fait Froid
9. Elle Est Dure



             



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