Le trio Ambarchi (guitare) / Berthling (basse) / Werliin (batterie / percussions) propose un nouvel album de quatre titres pour quarante minutes dans la lignée du précédent (2022). Ghosted II, à l’image de son prédécesseur, est un album de musique qu’on pourrait qualifier de "extra-muros", en dehors des limites de la ville ; il n’a pas de frontières, il semble de tout temps et de tout lieu. Il capte la simplicité de la musique de l’aube de l’humanité et pourtant… cette musique est exigeante, l’esprit du jazz y est bien présent, plus dans son esprit d’ailleurs que dans ses couleurs. Parce que dans le jazz le swing approche la perfection quand le groupe entre en symbiose. Et dans le cas présent on ressent bien cette union étroite et harmonieuse entre les membres du trio qui fait que cette musique se déroulerait selon un plan conçu par une divinité de l’harmonie, comme le dieu Apollon chez les Grecs, ou de l’équilibre cosmique, à l’instar de la déesse Maât chez les Egyptiens antiques.

Les quatre compositions sont proches et pourtant, là aussi, elles sont tellement différentes. La première, "en", fait la part belle aux percussions, une polyrythmie envoûtante survolée par les effets de la guitare qui invitent à la décorporation. Quand les près de dix minutes touchent à leur fin nous sommes gagnés par un vide certain.… La deuxième "två" privilégie le repos, ayant pour ossature une boucle qui doit se prénommer "Zen". On touche là à l’ambient avec des percussions douces et des effets psychédéliques à la guitare discrets. "tre", la troisième, revient à des sonorités de percussions plus dures. Il faut absolument remarquer le superbe travail de Ambarchi qui transforme sa guitare en flûte (shakuhachi ?). Cette composition semble ensuite se parer d’atours toujours plus orientaux avec une guitare qui, cette fois-ci, s’imagine koto... La dernière, "fyra", prolonge ce côté oriental par les sonorités de la guitare, qui s’effaceront à mi-chemin, remplacées par des boucles apaisantes. Il n’est finalement pas très utile d’aller plus loin dans le travail de description parce que cette musique, simple en apparence, s’écoulera toute seule comme l’eau pure d’un ruisseau.