BLANCMANGE a réussi son pari en perçant avec succès le plafond de la reconnaissance nationale. La Synth pop pratiquée par le groupe est assez classique, froide et axée sur des synthétiseurs souvent puissants mais simplistes, un peu à la manière d’OMD, mais la voix de Neil Arthur est une bonne raison de croire en leur capacité. On constate que la pochette laisse à nouveau la place aux idées enfantines, une idée qui semble être importante pour le duo. Il s’agit donc du deuxième album du groupe de Harrow et pour l’instant tout va bien, direction le sommet des charts !

"Blind Vision" est le premier single tiré de cet opus. La vidéo comme le titre sonnent aujourd’hui très datés, mais la mélodie entêtante se greffe bien dans le cortex, le titre atteint la 10eme place des charts grands bretons. Pas mal pour une suite de carrière qui s’annonce sous les meilleurs auspices. Nous rentrons de plein pied dans la new wave débonnaire des années 80 avec "Don’t Tell Me", on oscille entre DEPECHE MODE et les envolées lyriques de YAZOO pour le style, mais la voix de Neil Arthur reste originale et porte en elle une forte identité. Les percussions et les divers effets très datées eighties sont là pour meubler le titre et en faire un porte-étendard de la musique de cette époque, ce qu’il est devenu en atteignant le 8eme rang des charts à Londres.

Les sequencers drivent "That’s Love, That It Is" avec pas mal de force, ça devient tellurique et Neil donne de la voix avec aisance. Il y a pour moi ici une réminiscence de Donna SUMMER "Love To Love", le titre se contente d’une 35eme place malgré un aspect assez novateur. On peine à reconnaître l’hommage à ABBA sur "The Day Before You Came", les claviers statiques et Neil qui remplacent à grand peine les voix de Frida et Agnetha, il fallait s’y attendre. Ces deux singles provoquent une soudaine baisse pour le groupe qui apparaissait alors comme un futur cador du genre. "Game Above My Head" se veut un titre attentiste et propose une instrumentation assez basique heureusement soutenue par le chant toujours expressif de Neil, mais cela reste très moyen.

"Time Became The Tide" est un slow accompagné d’un grand piano et d’instruments classiques à cordes. L’ambiance est presque baroque et Neil parvient à créer une atmosphère fantomatique sur ce titre. Je suis moins sensible au côté frénétique de "Murder", plus taillé pour les dance floors et qui oublie quelque peu la mélodie. Nous avons droit à une curiosité avec le titre A capella qu’est "See The Train", la performance est agréable mais ne transcendera pas nos esgourdes. L’aspect répétitif du thème de "All Things Are Nice" pouvait avoir un look étonnant dans les eighties mais aujourd’hui cela sonne juste kitsch. Enfin, quelques influences soul sortent de "My Baby", mais le titre manque quelque peu de fond à mon sens malgré des sons assez criards.

Ce deuxième opus, bien qu’il surfe sur le succès du précédent ne me semble pas émuler les titres assez originaux du premier album. La synth pop pratiquée par le groupe est simple et basique, mais il manque une capacité aux arrangements tels que Alan Wilder chez DEPECHE MODE ou Vince Clarke chez YAZOO pouvaient apporter. La production ne lui donne donc pas le lustre mérité même si la voix de Neil Arthur reste très intéressante. Il n’en demeure pas moins que les singles restent des instantanés essentiels de la première moitié des eighties, je reste donc sur un trois mais moyen.