Quelque part en Australie, à Sydney pour être plus précis, 2 hommes décidés à faire quelque chose de leur vie se sont regroupés en 1978 sous la bannière de SPK. Un certain Graeme Revell fait la connaissance d’un autre certain Neil Hill, tous deux infirmiers dans le même hôpital psychiatrique, et surtout animés d’un enthousiasme commun pour l’expérimental en tout genre ainsi que pour un manifeste marxiste/radical du nom de Sozialistiches Patientenkollektiv, dont ils tireront, paraît-il*, leurs initiales. Nous sommes alors en pleine accélération de l’onde de choc engendrée quasi simultanément par SUICIDE, les SEX PISTOLS et THROBBING GRISTLE. Il s’agit, souvent mais pas seulement, d’en faire toujours plus ; plus choquant, plus violent, plus rapide et imprévisible encore. SPK incarne totalement cet état d’esprit et plutôt pour le meilleur que pour le pire.

Arrangé par Brian LUSTMORD Williams (qui a également fait partie du groupe dans les années 80), Auto Da Fé est composé de titres inédits répartis en deux parties bien distinctes. La première partie contient tout ce qui ravira les fanatiques de pur indus et qui a dû, en son temps, enthousiasmer bon nombre de punks déjà lassés par la monotonie d’un style mort-né. Avec "Contact" ou encore la très offensive "Germanik", nous sommes dans les prémices des WHITEHOUSE et SUTCLIFFE JUGEND à venir. Mais c’est surtout "Slogun", avec son rythme en forme de machine de guerre, les terribles vocaux appelants au soulèvement et ses assauts de fréquences vomitives qui remporte la palme du titre le plus violent de cette réjouissance compilation. « Rejoignons notre poste de combat contre le capital / L’usine occupée ! / Organisons l’autodéfense ! / Nous vaincrons ! / WE WILL WIN ! »

La deuxième partie, légèrement en-dessous, couvre les années 81 à 82, soit une période plus dansante mais aux thématiques toujours extrêmes. La très efficace et presque sensuelle (en comparaison de ce qui précède) "Metal Field" ouvre le bal de cette période electro, tandis que "Walkin On Dead Steps" nous emmène dans des contrées quasi techno-pop, avec une verve bien totalitaire et des samples plus qu’évocateurs. On redescend quelque peu en intensité mais on s’installe plus durablement dans la perversité avec "A Heart That Breaks (With No Time Or Place)" et ses suites qui marquent l’arrivée de Sinan Lehon au chant. Nous sommes encore loin de la période Machine Age Voodoo et des envies de gloire.

Aujourd’hui que le collectif a splitté depuis bientôt 40 ans, qu’en reste-t-il ? Graeme Revell, las des expérimentations extrêmes ou trop abstraites (et peut-être aussi d’un succès commercial relativement limité) s’est tourné vers la composition de musique de film, notamment les excellents Came Blanc, Strange Days, Sin City ainsi que des productions comme Freddy Contre Jason.
Neil Hill, avec son suicide en février 1984, semble avoir scellé le sort de cet étonnant et éphémère projet.
Il nous faut donc nous concentrer comme il se doit sur l’essentiel, à commencer par cet exemplaire Auto Da Fé, qui résume quasi tout de SPK.

*SPK peut vouloir dire aussi Surgery Penis Klinik, Selective Pornography Kontrol ou encore, comme ici, SePuKu.