Sa majesté sérénissime le Prince Albert de Monaco est un mélomane, qui l’eût cru ? Toujours est-il qu’en 1996 le bonhomme crée, en compagnie de HERMAN RAREBELL, batteur fraîchement démissionnaire du groupe SCORPIONS, la maison de disques Monaco Records, au but avoué de promouvoir les artistes du rocher. Intention louable, si HERMAN RAREBELL n’avait pas profité de l’occasion pour signer sur ce nouveau label tous ses potes musiciens au chômage.

THOMAS PERRY fait partie de ces amis dans le besoin. Auteur/compositeur allemand ayant réalisé deux albums pop/rock dans les années 80 avec le groupe SURPRISES, le bonhomme attend alors un coup de pouce (la grâce de monseigneur ?) pour remettre le pied à l’étrier et se lancer dans une carrière solo qu’il espérait, sans doute, brillante et couronnée de succès. The Ballad Album, paru en 1998, fait suite à un premier EP publié au début de la même année.

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Voilà, les mises en gardes sont faites, car cet album est dangereux. The Ballad Album n’est pas, comme son nom pourrait l’indiquer, une compilation de ballades enregistrées depuis le début de sa carrière par THOMAS PERRY. Non, il s’agit bien d’un premier album studio, composé de onze titres (dont une reprise) co-écrits par le binome PERRY/RAREBELL. Onze ballades donc, qui pourraient être considérées comme parodiques tant tous les poncifs du style sont ici magnifiés, sublimés, transcendés. Toutes basées sur une racine pop/rock, ces ballades sont tout simplement imbitables tant elles sont noyées sous des arrangements mielleux (cuivres, synthétiseurs, orchestrations) et des tonnes de bons sentiments qui paraissent tout sauf naturels. Certes, la voix medium et chaude de PERRY se prête plutôt bien à cet exercice mais tout est ici trop forcé, calculé. Nul n’a encore réussi à provoquer des sentiments sur commande… Marqués par la rythmique très basique d’HERMAN RAREBELL (qui n’a jamais été réputé pour être un virtuose de la batterie), les morceaux qui composent ce Ballad Album sont tous basés sur l’alternance traditionnelle couplet/refrain, dont la monotonie et le manque de variations provoquent l’ennui dès le deuxième morceau. Plus que THOMAS PERRY c’est finalement QUEEN qui s’en tire avec les honneurs puisque la reprise de Love of my life présente en fin d’album surpasse très largement toutes les compositions originales proposées par PERRY. Seule Moon s’en tire avec les honneurs (modérés). Subside des sessions d’écriture pour l’album Face the Heat de SCORPIONS ce titre parvient, grâce à une ambiance originale, des lignes vocales inédites et un solo inspiré à la guitare acoustique à maintenir pendant quelques instants l’attention de l’auditeur.

Mélomane, le Prince Albert décidera quelques années plus tard (et pour le bien de tous) de mettre fin à l’aventure Monaco Records, et signa ainsi la fin de la carrière solo heureusement éphémère de THOMAS PERRY qui deviendra par la suite co-compositeur sur les albums solo d’HERMAN RAREBELL. Un one-shot encore malheureusement trop facilement trouvable aujourd’hui.