L’EP Rock Hard possède un statut particulier dans la discographie des BEASTIE BOYS. D’abord parce que c’est la première sorties des trois rappeurs New-Yorkais sur le label Def Jam. Mais aussi parce que plus tard dans la carrière de groupe, en 1999 précisément, à l’occasion de la réalisation de la compilation Sounds Of Science, une célèbre controverse impliquera les B-Boys et AC/DC, samplés sur « Rock Hard ». Ces derniers refuseront aux BEASTIE BOYS le droit d’utiliser « Rock Hard » pour leur compilation, arguant du fait que le sampling n’est pas un véritable travail de composition. L’EP est pourtant réédité en vinyle par Def Jam en 2007, sans aucune mention particulière aux droits d’AC/DC sur la pochette, signe peut-être qu’en l’espace de seulement dix ans, l’attitude des artistes face au sample a bien changé.

Avant d’être l’objet d’une controverse juridique, « Rock Hard » est sans doute le titre qui fonde le style des BEASTIE BOYS jusqu’à la fin des années 80, entre simplicité des arrangements et thèmes loufoques. On y retrouve une boîte à rythme old school, avec ce son qui « claque », un flow outrancier où les rappeurs hurlent et roulent les « r » et le sample hard-rock tiré de « Back in Black ». Les paroles, prétentieuses jusqu’au grotesque, singent l’attitude « Sex, Drugs et Rock n’Roll » des rockeurs, jusqu’à reprendre le cliché éculé du groupe incorruptible qui fait trembler les murs et grincer des dents. Au jeu des paroles comparées, on pourrait évoquer « Hit the Lights » de METALLICA, à peu près contemporaine de « Rock Hard », qui reprend les mêmes thèmes, avec la même gouaille outrancière.
Second titre de la face A, « Party’s Getting Rough » est dans la même veine que Rock Hard, tant au niveau des paroles qu’au niveau de l’inspiration hard-rock. Cependant, « Party’s Getting Rough » est bien plus riche en sample que « Rock Hard » ; il préfigure un peu le travail de déconstruction/reconstruction auquel les BEASTIE BOYS se livreront sur leur deuxième album Paul’s Boutique. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’avant leur premier opus « Licensed To Ill », plutôt sommaire mais délirant, les trois rappeurs de Brooklyn se tournaient déjà vers un sampling plus complexe et bénéficiant d’une place aussi importante que les rimes dans l’élaboration des morceaux.

La Face B quant à elle est entièrement consacrée aux deux versions de « Beastie Groove », dont l’une est instrumentale. Le fait essentiel de ce morceau est l’utilisation old school de la boîte rythme, qui constitue pratiquement le seul accompagnement au jeu de question/réponses des trois rappeurs. Ce titre a le mérite de faire communier deux chapelles, puisque les amateurs de Rap y trouveront un panel assez large de techniques de « chant » : variation de vitesse, ping-pong, break vocal ; tandis que les amateurs de Rock apprécieront le sample de LED ZEPPELIN qui intervient à la fin du morceau. Maigre consolation certes, surtout pour ceux qui ont le sampling de leurs idoles en horreur.

Rock Hard est certes un bon EP, mais un EP peu varié, ce que d'aucuns considèrent parfois au contraire comme un gage de qualité sur un format court. Le principal intérêt de la chose reste son aspect à la fois inédit et fondateur, puisque que ce second EP rap du trio New-Yorkais n’a été repris sur aucune compilation.