Sur le deuxième album du quatuor français BIRDY NAM NAM, le pire était à craindre. On ne s’aventure pas sur les terres de l’électro-house impunément, surtout après un album qui avait tout démontré, sauf un penchant pour les tubes clubesques. Mais il faut croire que quand on est Français et qu’on fait de la musique électronique, on ne résiste pas longtemps à l’envie de distordre ses boucles synthétiques et de trafiquer des samples de voix.

Réussir un album d’électro-house, c’est d’abord éviter le piège de la machine à tubes. La tentation est grande : le genre ne cache pas sa prédilection pour les concerts ou les soirées, alors pourquoi se fatiguer à pondre autre chose qu’une compil’ de titres ultra-efficaces et dansants ? BIRDY NAM NAM parvient au moins à éviter cet obstacle-là : Manual For Successful Rioting contient un cœur de titres à peu près consistants, à savoir : « Love Your Enemy (Kill Your Friend) », « Bonne Nouvelle », « Manual For Succesful Rioting » et « War Paint ». Ce bloc, encadré par les deux singles « Trans Boulogne Express » et « Worried », donne un minimum d’épaisseur à l’album, en proposant quelques structures et sonorités un peu plus fouillées que les grosses basses et les boucles répétitives d’un « Worried ». Pas de quoi se relever la nuit non plus, hein… A la rigueur, dans le genre électro-house, Manual For A Successful Rioting peut-être considéré comme un album pas mal, mais il est très loin d'égaler les pointures du genre.
Mais pour ma part, l’électro-house, j’en ai soupé. Entre le retour de DAFT PUNK avec son Alive 2007 et le premier album de JUSTICE, suivis de leur nuée d’imitateurs, je crois qu’on a épuisé le concept. Que BIRDY NAM NAM chambarde son orientation musicale, pourquoi pas, mais qu’il s’ingénie à produire un album sans âme mille fois entendu, à quoi bon ? Il n’y a pas la moindre petite étincelle d’originalité sur ce deuxième album : on pense à DAFT PUNK, on pense à JUSTICE, on pense même à du TTC sur « Shut Up…! », malgré son sample du célèbre "Jam On It" de NEWCLEUS, mais du BIRDY NAM NAM, ça, niet !

Du coup, on n’a pas envie de pardonner les temps faibles qui émaillent l’album. Deux titres pseudos-rêveurs comme « Space Cadet Apology » et « Homosexuality » cassent la dynamique de l’album, sans offrir de contraste suffisamment saisissant : les mêmes sonorités sont à l’œuvre, après tout. Et puis la voix trafiquée qui couine : «Homooooooooooséxuuueeel » confine au ridicule.
« The Parachute Ending » quant à lui, révèle de manière outrancière les nouvelles (et grosses) ficelles de BIRDY NAM NAM : une intro pas trop rythmée, un peu fouillée, suivie d’un bon gros rythme qui tabasse ; une charge synthétique sans finesse qui s’avère indigeste à haute dose. Et une fois qu'on a compris la combine, on la découvre absolument partout appliquée de manière plus ou moins heureuse et l'album apparaît bien fade.

Quand on a découvert et adoré BIRDY NAM NAM avec son album éponyme et son live de 2006, je vois mal comment on pourrait ne pas être déçu par cette nouvelle offrande qui sent déjà la poussière. Au moins, avec Manual For Successful Rioting, le groupe aura gagné en reconnaissance ce qu’il aura perdu en identité. De là à dire qu’il y gagne au change…