Mais quelle mouche a piqué Elsa ? Est-ce le fait d'être passée en une poignée d'années du statut de jeune fille à celui de jeune femme ? Est-ce cette volonté d'émancipation qui l'éloigne de plus en plus de son père sur le plan musical (ce disque est leur dernière collaboration) et qui l'a poussée à se couper les cheveux, quitte à repousser les plus fervents défenseurs de la chevelure longue dans mon genre ?... Plein de questions de ce genre, que le public préfèrera contourner, tournant le dos à l'artiste plutôt que de chercher à la comprendre, ce qui aura bien sûr des conséquences sur les ventes du présent disque.

Bon, il faut quand même dire que chanter un titre comme "Bouscule-Moi" sur lequel la jeune femme se fait quelque peu sulfureuse, fallait le faire... Mais elle l'a fait. Même si on n'adhère pas forcément, il faut au moins le reconnaître. Dire quand même que c'est cette chanson dont le seul titre rompt avec celui de l'album, qui en a constitué le premier... C'est un peu comme si le reste avait été éclipsé, mais de toute manière on est dorénavant habitué depuis le précédent album : ces chansons restent (je préfère à "resteront") méconnues du grand public, l'époque de "Jour de Neige" et "T'en Va Pas" est bien loin. C'est vraiment plus que dommage car à part peut-être une ou deux chansons moins accrocheuses (je pense à "Amoureuse, Moi ?" et ses percussions latinos, sans parler du saxo qui n'a pas été crédité), on a encore un album d'un très bon niveau pour la variété française "de luxe" de l'époque. Prenez le dernier single (bien évidemment nettement moins connu que "Bouscule-Moi" et différent de ce dernier sur toute la ligne) "Tout l'Temps, Tout l'Temps", une petite pièce douce avec pour principal accompagnement le piano de Gérard BIKIALO (MAGMA, Francis CABREL...), vous obtenez l'une des plus belles chansons d'amour (j'hésite à ajouter "françaises") jamais écrites.

Bien sûr ce n'est pas tout. On remarquera tout d'abord que Douce Violence marque un léger retour en arrière pour ce qui est de la production, celle-ci sonnant comme pour une nostalgique des eighties, avec une certaine froideur mais cependant plus mesurée que pour le premier album. Par moments, le son des guitares n'est pas sans évoquer le dernier bébé de Laurent VOULZY, Caché Derrière (sorti la même année) et dont le lien n'est pas seulement la présence d'Elsa (pour un titre), mais aussi l'emploi de Michel-Yves KOCHMANN (guitariste d'Alain SOUCHON présent sur le Voulzy Tour 93). J'espère que mes oreilles ne me font pas défaut quand me vient l'envie de citer à ce propos "Être Ensemble", mais aussi "C'est Bien, C'est Mal" qui reste la chanson que j'apprécie le plus de cet album avec "Parfums d'Amour". Elles sonnent très "libératrices" par rapport à d'autres que je trouve plus "tendues" musicalement. Le reste est constitué de très bonnes chansons aussi, s'écoute agréablement, mais ce n'est quand même pas l'album de miss LUNGHINI que je retiens le plus. Celui de la maturité est à venir, moins vite qu'il ne faudrait, mais sûrement.