La variété française revient en force depuis quelques années. Le chant en langue française, mis à l’écart au profit de celle venue d’outre Manche depuis la fin du dernier millénaire reprend du poil de la bête. Et la scène française, revigorée, aussi surprenant que cela puisse paraître, par la Star Academy (tapez pas, c’est seulement mon avis :)), est dorénavant apte à concurrencer, tout au moins sur le plan qualitatif, nos voisins anglais. Tété, au même titre que beaucoup d’autres artistes, dont par exemple Damien Saez, Tryo, Goldman ou encore Matmatah, fait parti de cette génération de chanteur à s’être engouffré dans la brèche au bon moment, et à su attirer l’attention d’un public à la recherche de variété française de qualité.

Plus concrètement, Tété joue une musique calme, axé principalement sur des mélodies chantées assez simple, s’accompagnant lui-même à la guitare acoustique. Tantôt rejoint par des instruments aussi divers que la clarinette, le violon, le trombone, la flûte, le saxophone, et même parfois par une trompette, un triangle ou un tambourin, en plus des instruments habituels tels que la basse ou la batterie, la musique de Tété se rapproche d’un pop-rock bluesy acoustique aux influences reggae assez prononcées, pour donner au final un disque d’une homogénéité surprenante, très concis, très compact, mais aussi malheureusement un poil répétitif.

En fait, les morceaux se situant dans la première partie du disque sont bien souvent les meilleurs, ou tout au moins ceux que l’on retient en premier : « Le Meilleur des Mondes », avec son atmosphère assez triste, fataliste, où Tété aborde les conditions de vie extrêmement difficile des clandestins, avec simplicité et émotion ; « Passage Brady », mon préféré de l’album, fait sans cesse référence aux problèmes liés à l’alcool sans jamais tomber dans le cliché ou dans le jugement à l’emporte-pièce ; « Dodeline », qui rompt avec la gravité des morceaux précédents de part son humour simple, presque naïf, mais emmené par des mélodies vraiment bien trouvées.

Puis après quelques écoutes, « Le Bonheur », « Cousin Willy », « L’Air de Rien » ou bien encore « Les Envies » fascinent par leur simplicité et leurs mélodies calmes, reposantes, un peu triste aussi il est vrai. De plus, les textes laissent suffisamment d’interprétation possible pour que chacun puisse s’y retrouver, s’y identifier, et ainsi décupler le plaisir de chaque morceau. Je mettrais toutefois un bémol à ce disque, dans l’ensemble vraiment réussi qui, s’il n’en dure à peine qu’une quarantaine de minutes, traîne parfois en longueur sur des titres biens moins intéressants comme « Me Ressourcer », « Love Love Love », « Honni Soit » ou encore sur la reprise pas réellement réussie des Beatles (mais de toute manière je ne suis pas un grand fan du groupe à John Lennon), « Eleanor Rigby ».

Au final, voici un album intéressant, vraiment facile d’accès, aux influences suffisamment éclectiques pour plaire à un grand nombre de personnes, regorgeant de mélodies très prenantes, d’arpèges de guitares simples et sympathiques ainsi que de textes bien travaillés dans l’ensemble. L’air de rien, ce premier album de Tété marque le renouveau d’une scène française en plein essor. Un disque simple et passionné pour une musique jouée avec le cœur.

PS : Il existe une édition limitée avec une pochette différente et des clips issues du single "Interlude" en bonus.